Tuesday, September 24, 2013

TOGO::Kofi Yamgnane : « Les législatives ont permis de trouver celui qu’on appelle le responsable de l’opposition, qui est Jean Pierre FABRE. Le leader, on peut le trouver en dehors de Jean Pierre Fabre »

Créer un mouvement unitaire pour l’opposition, c’est la conviction de Kofi Yamgnane après les résultats des élections législatives. Des suites des débats fâcheux sur la question du leadership de l’opposition, il annonce son retour pour aider l’opposition à entendre raison et à rentrer dans cette dynamique de fusion des énergies en vue des présidentielles de 2015.
Depuis la publication des résultats par la cour constitutionnelle togolaise, c’est pour la première fois que M. Yamgnane revient sur les législatives avec nous.
Pour lui, « Jean Pierre Fabre est le responsable de l’opposition. Et le leader, l’opposition peut le trouver en dehors de M. Fabre. » a-t-il déclaré dans cet entretien exclusif.

pa-lunion.com : Kofi Yamgnane, bonjour !

Kofi Yamgnane : Bonjour !

pa-lunion.com : Avant les élections législatives, vous aviez déclaré que, ensemble avec l’opposition, vous n’étiez pas dans la dynamique d’aller à ces élections, mais les autres y sont allés. vous avez écouté ce que sont les résultats. Dites-nous, quelles sont vos analyses à la suite de ces élections ?

Kofi Yamgnane : Écoutez ! Il était effectivement entendu qu’il fallait lever un certain nombre d’hypothèques avant de se présenter à ces élections. Moi, j’étais sur ces pré-conditions, trois jours exactement avant que l’opposition accepte d’aller aux élections, j’ai eu Jean Pierre FABRE au téléphone. Il m’a d’ailleurs chargé de passer un message à Eva Jolie, ce que j’ai fait. Et donc, je sais que c’était comme ça. Les jeunes de Bassar et de Dankpen m’ont appelé en me disant, non, non, non, président, ils nous ont raconté des histoires, puisqu’ils prenaient des candidats ici. Nous, on les connait. Donc nous, on a envie d’y aller. Je savais qu’en y allant, ils vont se faire plumer. Mais je ne pouvais pas non plus les empêcher d’aller exprimer leur ras-le-bol de ce pouvoir.

pa-lunion.com : Donc, vous pensez qu’ils se sont faits plumés ?

Kofi Yamgnane : Mais évidement qu’ils se sont fait plumés. Dans un pays comme le Togo, que ce pouvoir qui a massacré des gens, il n’y a pas si longtemps, deux élèves à Dapaong ont été tués comme des lapins. Les responsables politiques ont été jetés en prison. Il y en a un même qui est mort. Les marchés ont été brûlés, les marchandes sont ruinées, et vous allez me dire que ce peuple là a donné soixante deux députés au pouvoir qui les massacre sur quatre vingt onze ? Vous pouvez croire ça un seul instant ?

pa-lunion.com : Mais Kofi Yamgane, il s’est révélé que c’est typiquement un problème de découpage électoral. Ça n’a rien à voir avec le nombre de Togolais qui ont porté leur suffrage, si non l’opposition aurait gagné !

Kofi Yamgnane : Non, mais, c’est précisément un des problèmes qu’il fallait qu’on résolve avant. J’allais dire, le problème de liberté, la question du découpage électoral, la question de la loi électorale elle-même. C’est-à-dire un scrutin à deux tours. Tout ça est plein dans le panier. On devait discuter de ça ! Ils ont pensé qu’ils pouvaient quand même gagner. Ils sont allés, ils se sont faits plumés. Voilà !


pa-lunion.com : Que faire aujourd’hui ?

Kofi Yamgnane : Voila ! Que faire aujourd’hui ? Je ne veux pas vous livrer exactement ce que je compte faire. Ca fait parti de notre stratégie. On n’a pas de solution que de créer, un mouvement unitaire pour l’opposition. Ce dont il faut, convaincre les leaders de l’opposition. C’est que, à un moment, ils doivent mette leurs égaux dans leurs poches, qu’on se réunisse, qu’on travaille, on va bien trouver un porte-parole, on va trouver quelqu’un pour porter la parole de l’opposition. Les égaux de ceux qui se disent leaders politiques sont tellement immenses. Je vous demande, est-ce que vous pouvez m’expliquer, lorsque le CST s’est crée, pourquoi est-ce qu’il y avait besoin de créer encore une autre structure qui s’appelle Arc-En-Ciel, qui utilise les mêmes méthodes, qui a le même objectif. Est-ce que vous pouvez me dire pourquoi il fallait deux collectifs ? Si non, pour des histoires d’égaux. J’ai vraiment l’impression aujourd’hui que ces gens là, en tout cas, l’opposition traditionnelle, ne voit plus très bien où elle veut aller. Elle a besoin de s’assoir et de se ressaisir. Ce n’est pas possible de continuer comme ça. Parce que si on continue comme ça, Faure Gnassingbé est au pouvoir dans quarante ans. Et après lui, ce sera son fils. Est-ce que c’est ça l’avenir du Togo ?

pa-lunion.com : Vous avez dit qu’il faut un mouvement unitaire de l’opposition aujourd’hui. Mais un mouvement unitaire avec vous qui êtes à l’extérieur ou vous regagner Lomé pour conduire ou mettre un accent sur ce mouvement ?

Kofi Yamgnane : Evidement, il est structuré d’abord à Lomé. ce mouvement ne peut pas vivre s’il ne s’appui pas sur la diaspora togolaise. Je vous rappelle que c’est la région la plus importante du Togo, du point de vu de la population. Il y a deux millions sept cent cinquante mille togolais qui sont à l’extérieur. Des gens formés, des techniciens, des avocats, des médecins, des ingénieurs et qui gagnent bien leurs vies, et qui ne pensent qu’à une chose, c’est que notre pays soit libéré. Si on ne s’appui pas sur eux, ça ne peut pas fonctionner ! Donc, Monsieur, moi je vais rentrer pour essayer à nouveau de raisonner nos leaders politiques, leur montré qu’il y a un mur devant eux. Ecoutez ou je ne serai pas écouté, il faudrait que je tente.

pa-lunion.com : Vous avez dit aussi tout à l’heure qu’il faut trouver quelqu’un qui porte le message de l’opposition. Est-ce que les législatives n’ont pas permis de définir déjà cette personne ?

Kofi Yamgnane : Ecoutez, les législatives ont permis de trouver celui qu’on appelle, le responsable de l’opposition, qui est Jean Pierre FABRE. Parce que c’est l’ANC, après être présenté sous la bannière du CST, qui est devenu, le parti le plus fort dans l’enceinte de l’assemblée nationale. Tout d’abord, j’observe que son leadership est contesté par les autres. J’observe, je lis, j’écoute. Deuxièmement, il y a un million deux mille bulletins nuls au Togo. Et il y a autant d’abstentions. Ca veut dire que la marge de manœuvre qui reste à faire, permet absolument de dire que le leader de l’opposition, qu’il soit par ailleurs crédible, qu’il soit consensuel, on peut le trouver en dehors de Jean Pierre Fabre. C’est mon analyse.

pa-lunion.com : Il peut être du Nord comme du Sud ?

Kofi Yamgnane : Il peut être du Nord comme du Sud. Ca n’a aucune importance.

Mais aujourd’hui, est-ce que vous n’avez pas peur qu’à l’occasion, on ait des difficultés à choisir un candidat, surtout avec le clivage Nord-Sud ?

C’est pour ça que j’aurais voulu que l’on en discute peut être un an avant. Un an et huit mois avant. On peut trouver. Il faut qu’on trouve un porte-parole de l’opposition à qui on va poser un certain nombre de conditions, et on va tracer la route pour qu’il se mette dedans. Et qu’il porte la parole de toute la souffrance de tout un peuple. Parce que si on ne le fait pas, évidement, 2015 ça va être comme 2010. Il va y avoir, un, le choix du candidat, entre ceux qui sont réellement candidats et ceux que le RPT ou UNIR va soudoyer pour se présenter pour légitimer ses fraudes et on va aller à l’échec à nouveau.


pa-lunion.com : Autrement dit, Kofi Yamgnane rentre bientôt pour insuffler cette dynamique d’une peur au ventre de l’opposition ?

Kofi Yamgnane : Absolument. Absolument. Figurez-vous que j’ai fait un projet de lettre à l’opposition qui date de 2011. Je l’ai relu l’autre jour. Elle n’a pas pris une seul ride. Pas une seule ride. Je regrette d’avoir eu raison, j’aurais tant préféré avoir tord.



pa-lunion.com : Que dit la lettre ?

Kofi Yamgnane : La lettre dit ça. Il faut qu’on se retrouve. en même temps dire qu’on peut élire un député dans le Nord du Togo avec neuf mille, dix mille voix, et que dans le Sud, il y a pour cent mille. On ne peut pas accepter qu’avec une différence de moins de dix mille voix entre les voix de l’opposition et les voix de la majorité, on passe de un à trois fois de député. Vous voyez bien qu’il y a bien quelque chose qui ne va pas. Et tout ça se discute. Autant qu’on attend au dernier moment pour crier, juste avant les élections, mais on ne sera jamais crédible. Ce sont des actes qu’on négocie avant. Et c’est pour ça que, dans ma déclaration de septembre 2011, quand j’ai dit, on discute ces choses là à l’assemblée et que ça constitue un tôlé général, parce que tout le monde pensait que je méprisais la rue, que je disais aux gens qu’ils ne savent pas faire cela. Il y arrive un moment où il faut s’arrêter et réfléchir. Que l’opposition propose des propositions de loi et que ces propositions de loi soient rejetées à l’assemblée nationale. Là on verra. Ce n’est pas en allant défiler tous les samedis. c’est très bien. Mais, vous voyez que ça fait deux ans que ça dure, voir trois ans. Je pourrai dire 23 ans.



pa-lunion.com : Monsieur Kofi Yamgnane, merci et à vous retrouver à Lomé.

Kofi Yamgnane : A bientôt !
PA-LUNION

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