Tuesday, September 3, 2013
TOGO::Interview exclusive du Leader de l’UFC à Paris Gilchrist OLYMPIO : « L’UFC entend peser sur l’évolution des réformes institutionnelles et constitutionnelles et continuer à travailler à l’émergence d’un nouveau Togo, au sein du nouveau Gouvernement, dans les administrations locales…»
« L’UFC, même dans le contexte de la nouvelle donne électorale, entend donc continuer à faire valoir son point de vue et ses opinions, à faire avancer les chantiers démarrés dans les trois dernières années, et à peser sur l’évolution des réformes institutionnelles et constitutionnelles au Togo, dans le cadre du paysage politique tel qu’il se présente. Vous savez, l’UFC est un parti démocratique, et un parti d’action. Les cadres de cette formation politique entendent continuer à travailler à l’émergence d’un nouveau Togo, au sein du nouveau Gouvernement, dans les sociétés d’état, et dans les administrations locales ou ils ont étendu leur action… » tel est un extrait de l’interview exclusive que le Président national de l’Union des Forces de Changement :UFC Gichrist Sylvanus OLYMPIO a accordé à un Correspondant de notre Rédaction à Paris , en France le 31 août 2013.
Dans cet entretien Gilchrist Sylvanus OLYMPIO rompt le silence constaté depuis les élections législatives du 25 juillet 2013 et répond à diverses questions sur l’actualité politique. Gilchrist Olympio nous livre sans retenue son analyse et celle de son parti sur l’échiquier politique post-électorale, et sur l’action qu’il entend mener dans les années à venir. Il partage ses réflexions sur le nouveau paysage politique togolais au sortir des législatives du 25 Juillet 2013.
Lors de notre entretien, l’homme s’est montré candide et ouvert, évitant bien sûr de rentrer dans le détail de certains sujets sensibles ou d’alimenter quelques polémiques que ce soit. Mais si le leader historique est un lion vieillissant, qui vit depuis une vingtaine d’année avec les séquelles de l’attentat de Soudou ou il faillit perdre la vie, son esprit reste vif et aiguisé, sa mémoire infaillible, et son analyse de la situation claire et limpide. On peut même dire qu’il reste un homme hors pair dont l’expérience et les relations sont un atout considérable pour l’UFC qui, selon lui, devra se reconstruire et se réinventer dans l’action gouvernementale.
Pour nous, l’image et la réalité économique du Togo est aujourd’hui la préoccupation principale. La prééminence, peut être effritée, du parti sur l’échiquier national actuel n’est qu’une préoccupation secondaire.
Et à propos des repercussions des résultats des législatives de juillet 2013 et de ‘’ la carapace électorale de son leader historique ‘’M. OLYMPIO répond après un rire :… « Oh ! La popularité ou l’éligibilité de Mr. Gilchrist Olympio, n’est pas une préoccupation pour ceux qui me connaissent bien. J’ai affronté des difficultés bien plus inquiétantes qu’une blessure électorale dans ma vie. (Rires)… Même si je me sens un peu comme un père vieillissant de ce mouvement, je souhaite de tout mon cœur voir émerger au sein du parti, des énergies et des idées nouvelles, à même de fédérer sa base historique et de reconstruire son organisation de terrain. » « J’aurai 80 ans dans quatre ans » nous rappelle Mr. Olympio en souriant. Mon corps n’est plus la monture de jadis et il reviendra à une nouvelle génération d’inventer le futur du parti, rappelle t-il .
Nous vous proposons donc de lire l’intégralité de cet entretien qui fait l’analyse d’un paysage politique remodelé.
Exclusiviteinfo : Commençons par le début. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur le Pari de l’accord UFC-RPT de Mai 2010.
M. OLYMPIO : L’accord de gouvernement et de cohabitation signé au sortir des dernières présidentielles entre nos deux partis, dans le but de décrisper la situation socio-politique dans laquelle se trouvait le Togo et en vue de relancer l’économie moribonde du pays, a été à l’époque un choix difficile pour l’UFC. En faisant le pas historique de rentrer dans l’action gouvernementale au côté de la majorité Présidentielle sans les garanties d’un cadre exécutif modifié, l’UFC a choisi à l’époque d’ignorer la logique électorale à court terme au profit de redonner au Togo une logique de progrès et de croissance. Ce choix portait en lui beaucoup de risques, pour l’UFC en tant qu’organisation politique, et nous avons assumé ces risques.
Exclusiviteinfo : Risques aussi pour vous-même, en tant que figure historique de l’opposition Togolaise ?
M. OLYMPIO : Oui bien sûr, nous en étions conscients, mais ce n’était pas le premier de nos soucis. Nous avions, et nous avons toujours, la conviction que cet accord pourrait changer le Togo. La cote de popularité de Mr. Gilchrist Olympio n’a pas fait l’objet de grandes discussions. (Sourire)…
Exclusiviteinfo : Comment analyser vous les résultats de cet accord ? Etes-vous globalement satisfait de l’évolution des trois dernières années ?
M. OLYMPIO : Dans l’ensemble les résultats ont été bons. Même si plusieurs grands chantiers de l’accord initial restent aujourd’hui inachevés, et même si nos espoirs collectifs n’ont pas tous été atteints dans les trois dernières années, force est de constater que plusieurs grandes avancées ont été rendues possibles à la suite de cet Accord Global Politique entre l’UFC et l’ex RPT. Ces avancées ont été notoires sur le plan économique et budgétaire comme l’ont noté les Togolais et les observateurs extérieurs de la situation socio-économique au Togo. Certains progrès ont aussi été enregistrés dans le dialogue sur les réformes constitutionnelles, mais celles-ci restent plus lentes à accoucher. Cela était prévisible, car le cadre constitutionnel qui va niveler le terrain de la compétition démocratique pour le pouvoir politique au Togo dans les décennies à venir est une négociation sensible pour la classe politique togolaise et pour les partis impliqués.
« Mais un regard global objectif ne peut que constater que le Togo est un pays changé, pour le mieux, depuis la signature de l’accord UFC-RPT.
M. OLYMPIO : L’économie de notre petit pays redémarre de façon nette et visible. Le climat politique a été drainé de la peur et de la violence qui avaient entaché les deux dernières décennies togolaises. Ce sont les fondations du redémarrage qui sont posées.
Exclusiviteinfo : Venons-en aux dernières élections législatives. L’UFC perd la majorité des sièges qu’elle occupait à l’Assemblée, avec une avancée des autres blocs de l’opposition et une forte montée du parti présidentiel. Quel regard portez-vous sur ces résultats ?
M. OLYMPIO : La période initiale de normalisation politique et de relance économique dont nous venons de parler a abouti, comme vous le dites, il y a quelques semaines, à la conclusion d’un scrutin électoral pour la formation d’une nouvelle Assemblée. Ces élections se sont déroulées dans la paix et sans violences, confirmant les acquis sécuritaires des élections présidentielles de 2010. C’est le premier point.
Les résultats annoncés au sortir du scrutin, et entérinés au début du mois d’Aout par la cour constitutionnelle, donne l’UFC en recul considérable sur l’ensemble du territoire et le parti Présidentiel en grand progrès sur la répartition des sièges à l’Assemblée, désormais fermement contrôlée par la majorité UNIR. Il y a sans doute plusieurs explications possibles à ses résultats. Certaines sont d’ordre interne au fonctionnement et à la communication du parti avec sa base, et l’UFC tient à en tirer les leçons. D’autres sont de nature externes à l’UFC et font partie du contexte électoral dans lequel opèrent les partis d’opposition.
Exclusiviteinfo : Pouvez-vous élaborer ?
M. OLYMPIO : Oh… vous savez, il n’y a nul doute que l’UFC dans son ensemble et son équipe dirigeante ont été surpris par l’échelle de ce réajustement du paysage électoral. Mais il n’est plus besoin de s’étendre sur les raisons de ces résultats. Nous avons déjà fait plusieurs déclarations publiques et avons accepté les résultats annoncés. Nous sommes concentrés sur la période post-électorale, sur le travail qui attend la nouvelle assemblée, le nouveau gouvernement, et l’UFC.
Exclusiviteinfo : Alors quelle sera la ligne directive de l’UFC dans ce nouveau contexte ? Vous êtes resté muet jusqu’ici, et beaucoup attendent de vous entendre directement…
M. OLYMPIO : Je ne dirai pas muet. Vous savez les grandes déclarations et les discours ont leurs limites. Nous avons eu beaucoup de travail et de consultations à faire récemment. Nous avons eu plusieurs discussions avec les cadres qui siègent sur le Conseil Stratégique du parti depuis les élections. Et nous avons choisi de rester consistent avec la ligne de travail à long terme que l’UFC s’est fixée au sortir de la présidentielle de 2010. Le pari de la cohabitation est celui du progrès économique, fondation nécessaire à donner un sens quelconque à tout contexte politique avenir. Ce pari était et reste ancré dans la conviction que, si la classe politique d’aujourd’hui faillit à créer de l’emploi à grande échelle et à faire sortir les Togolais de la précarité économique, ses ambitions politiques sont vidées de leurs sens primaire, qui est celui de vouloir servir les citoyens d’une nation dans leur quête de progrès.
L’UFC, même dans le contexte de la nouvelle donne électorale, entend donc continuer à faire valoir son point de vue et ses opinions, à faire avancer les chantiers démarrés dans les trois dernières années, et à peser sur l’évolution des réformes institutionnelles et constitutionnelles au Togo, dans le cadre du paysage politique tel qu’il se présente. Vous savez, l’UFC est un parti démocratique, et un parti d’action. Les cadres de cette formation politique entendent continuer à travailler à l’émergence d’un nouveau Togo, au sein du nouveau Gouvernement, dans les sociétés d’état, et dans les administrations locales ou ils ont étendu leur action.
Exclusiviteinfo : Le mot d’ordre est donc « continuité dans l’action gouvernementale » ?
M. OLYMPIO : Pour nous, l’image et la réalité économique du Togo est aujourd’hui la préoccupation principale. La prééminence, peut être effritée, du parti sur l’échiquier national actuel n’est qu’une préoccupation secondaire.
Exclusiviteinfo : Et la carapace électorale de son leader historique ?
M. OLYMPIO : (Rires)… « Oh ! La popularité ou l’éligibilité de Mr. Gilchrist Olympio, n’est pas une préoccupation pour ceux qui me connaissent bien. J’ai affronté des difficultés bien plus inquiétantes qu’une blessure électorale dans ma vie. (Rires)… Même si je me sens un peu comme un père vieillissant de ce mouvement, je souhaite de tout mon cœur voir émerger au sein du parti, des énergies et des idées nouvelles, à même de fédérer sa base historique et de reconstruire son organisation de terrain. » « J’aurai 80 ans dans quatre ans » . Mon corps n’est plus la monture de jadis et il reviendra à une nouvelle génération d’inventer le futur du parti …
Exclusiviteinfo : A qui pensez-vous spécifiquement ?
M. OLYMPIO : Je ne peux pas définir seul comment le parti sera gérer à l’avenir. C’est aux fédérations de l’UFC et à sa base que ses décisions reviendront. Nous serons là pour accompagner les jeunes partisans et les jeunes leaders émergeants aussi longtemps que mon corps suivra. ( rires)…
Exclusiviteinfo : Au-delà de l’UFC, pouvez-vous pour finir nous donner votre pronostic sur l’évolution politique à moyen terme au Togo ?
M. OLYMPIO : Notre analyse de l’évolution à moyen terme suggère que nous rentrons dans une période apaisée sur le plan politique. Celle-ci verra la consolidation de plusieurs petits partis en pôles d’action viables, l’émergence d’une opposition plus pratique et plus active, et un équilibre électoral plus propice au dialogue et à la négociation raisonnées des différents programmes de société des uns et des autres dans l’intérêt du peuple.
La majorité UNIR, maintenant si visiblement renforcée dans sa légitimité électorale, devra se montrer à la hauteur de l’opportunité qui se présente aujourd’hui à elle… Celle de transformer réellement l’ancien parti-régime en une organisation politique démocratique, progressive et renouvelée autour d’une coalition de gouvernement.
Quand a l’UFC, nous continuerons à travailler pour une « alternance pacifique » au Togo. Nous espérons que l’UFC de demain incarnera ce changement et cette alternative comme elle l’a fait hier. C’est bien sur mon souhait le plus cher du à la place historique que ce mouvement a eu dans la lutte pour la démocratie dans les 40 dernières années, et tenant compte de ce qu’il a donné pour l’émergence d’un dialogue démocratique et progressiste au Togo. Mais peut être que d’autres formations politiques restées aujourd’hui dans la contestation populiste, évolueront et se montreront plus dynamiques. Il est donc possible qu’un autre parti d’opposition émerge pour incarner cette alternance et recueille la confiance du peuple demain.
Quelle que soit l’évolution a moyen et long terme du paysage politique, nous soutiendrons toujours les démocrates de tous bords mus d’un souci de progrès, qu’ils aient grandit dans le giron du RPT ou à l’ombre du palmier de l’UFC. Nous sommes d’abord et avant tout soucieux de promouvoir une nouvelle culture politique, basée sur l’action pacifique, citoyenne, et constructive.
Les élections ont donné à UNIR un avantage arithmétique évident, mais temporaire. Pour les observateurs avertis, l’image de fond du paysage électoral à long terme n’est pas aussi claire qu’elle ne peut apparaître à première vue. Notre paysage politique, comme notre nation, est en mouvement et en construction. Mais il se cherche encore, et plusieurs pages seront à écrire par les partis historiques et par les nouveaux partis s’ils trouvent leur voix.
Aujourd’hui, il n’y a plus un bloc d’opposition radicale majoritaire, mais une pluralité en reconstruction autour d’approche différentes. Ceci est peut-être le prix que nous avons payé temporairement pour obtenir un processus politique apaisé et plus constructif. Nous acceptons ce prix sans aucun regret car nous avons connu l’alternative et souhaitons un futur différent pour nos enfants.
Propos recueillis et transcrits à Paris par Exclusiviteinfo
Pour Forum de la Semaine, Plume Libre et les autres presses du Togo et d’ailleurs
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