Douane togolaise
Les « aides-douaniers » ou « aviseurs » n’existent que dans l’informel, et pour cause ; aucune règlementation juridique ne statue sur leur profession. Ils végètent ainsi dans une précarité absolue. Pourtant, ces aviseurs constituent la cheville ouvrière de l’administration douanière. Sans salaire ni couverture officielle, ils sont sortis ces derniers jours pour se faire entendre et obtenir la reconnaissance officielle de leur profession.
Le corps des « aides-douaniers » ou « aviseurs » dont l’apparition a suivi l’élargissement du réseau de contrôle douanier et la naissanceb des parcs et Magasins et Aires de Dédouanement (Mad) est aujourd’hui la machine à tout faire de la douane. Depuis l’enregistrement des conteneurs jusqu’à l’escorte et le chargement des camions, en passant par l’entreposage des véhicules et le remplissage des bons de sortie sous le contrôle d’un agent de la douane qui appose sa signature, l’apurement du sommier (registre), le suivi, tout passe par eux. Même le recouvrement de certaines taxes douanières est de leur ressort. Ils sont aussi sollicités la nuit et jouent un grand rôle dans le démantèlement des réseaux de fraudeurs au cours des transactions douanières et dans la lutte contre la délinquance et la criminalité sous toutes leurs formes. Mais le hic, ils travaillent dans l’informel et ne bénéficient d’aucune protection nonobstant l’immensité des tâches accomplies et les risques encourus.
Outre le travail au noir, ces aviseurs ne bénéficient d’aucune rémunération autre que des gains journaliers – généreusement offerts par les agents de douanes sous l’ordre desquels ils travaillent – qui ne suffissent, affirment-ils, qu’à assurer le transport.
Le 24 septembre 2013, le Directeur général des Douanes, Kodjo Adedje a, de son côté, publié une note de service où il constatait une « immixtion de plus en plus croissante des manœuvres dans l’exécution des tâches exclusivement dévolues aux agents des douanes telles que la perception de certains droits et taxes, l’établissement et la délivrance de certaines quittances ainsi que l’escorte des marchandises ». Il souligne, entre autres, que ces aviseurs sont exposés à des risques mais ne sont pas reconnus par l’Etat. Mais les inspecteurs des douanes ont du mal à se séparer d’une main d’œuvre aussi précieuse qu’indispensable. La preuve, le calendrier de déploiement pour la période du 1er janvier au 28 février 2014, portant signature de l’inspecteur des douanes, Kozolan Kossi, est officialisé et les aviseurs répartis dans la trentaine de parcs et Mad.
Point n’est besoin d’être un génie pour apprécier la place incontournable qu’occupent ces « laissés-pour-compte » aux côtés des douaniers. Les écarter ferait inéluctablement tâche d’huile sur les opérations douanières déjà mal appréciées par les usagers. Raison pour laquelle, malgré leurs conditions plus que précaires, ils sont toujours sollicités.
Actuellement, ils envisagent d’entreprendre des démarches au niveau du Premier ministère et de l’Assemblée nationale pour la reconnaissance officielle de leur profession. Il urge que le gouvernement et l’administration douanière, en l’occurrence l’Office Togolais des Recettes (Otr) se penchent sur le sort des 247 aviseurs recensés, pour qu’ils sortent de la précarité et jouissent des fruits de leur labeur.
Géraud Afangnowou
liberte hebdo
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