- La coordinatrice retraitée touche 1.200.000 FCFA brut contre 3.500 FCFA mensuel de repas servi à un enfant éligible
Dans quelques jours, le Projet de
Développement Communautaire (PDC) rendra un rapport qui sanctionnera
cinq années d’activités. Un rapport qui s’efforcera de peindre en rose
le bilan d’un PDC dont la coordinatrice nationale du secrétariat
technique touche mensuellement plus du million par mois alors que le
repas mensuel d’un enfant éligible atteint à peine 3.500 FCFA. Pendant
que le temps de l’assistanat semble révolu dans beaucoup de projets
d’ONG installées sur le territoire national, on continue au PDC de
maintenir les populations loin de la démarche participative qui semble
donner des résultats probants ailleurs.
Ce ne sont pas toutes les initiatives émanant de la Banque Mondiale qui sont porteuses. Il suffit de jeter un regard sur les « ajustements structurels »
lancés tambour battant il y a des années, mais qui, aujourd’hui, ne
sont plus d’actualité. Parce qu’obsolètes et démodés. Selon un document
du PDC, « le Projet de Développement Communautaire (PDC) financé par
la Banque Mondiale au Togo développe une approche de protection sociale à
travers deux mécanismes de Filet Social de Sécurité (FSS) que sont :
les repas scolaires au profit d’environ 38.000 enfants dans les écoles
primaires des zones les plus vulnérables du pays et des travaux publics à
haute intensité de main d’œuvre créant de l’emploi pour 25.000 jeunes
en milieu rural ». Voilà les deux raisons fondamentales pour
lesquelles la Banque Mondiale a décaissé 32,9 millions de dollars, soit
14.805.000.000 FCFA pour une période de cinq ans. Mais la structure de
la finance mondiale a-t-elle pris des dispositions indispensables pour
assurer un suivi rigoureux de ses dons afin de mesurer, mieux, de
quantifier en termes de résultats les avancées réalisées ?
Il serait difficile de répondre à cette
interrogation par l’affirmative lorsqu’on apprend que, sans avoir encore
produit de rapport qui serait d’abord analysé avant toute décision, la
Banque Mondiale et le Gouvernement du Togo auraient décidé de renouveler
le financement du PDC en y ajoutant une composante dédiée à un projet
pilote de transferts monétaires conditionnels.
Les fouines effectuées dans
l’environnement immédiat du ministère du Développement à la Base (encore
ce ministère) nous avaient déjà permis de déceler que c’est à une
société de recrutement (Synergie) dont le directeur général serait le
directeur de campagne de la ministre Victoire Sidémého Marie-Noëlle
Djidudu Tomégah-Dogbé lors des élections législativesque cette dernière
confie les procédures de recrutement dans la multitude de projets
qu’elle ne cesse d’« initier ». Au sein du PDC, il serait
institué par la coordinatrice nationale une évaluation saisonnière pour
jauger le niveau des employés. Soit. Mais sur quels critères
d’évaluation la coordinatrice nationale, Yawavi Bouty Abalo épse Agboka,
Ingénieure à la retraite, recrutée depuis…2006, est-elle maintenue
depuis ce temps sans délogement ? On sait par exemple qu’avant le PDC,
elle chapeautait le Programme d’Urgence pour la Réduction de la Pauvreté
(PURP). A-t-elle été évaluée lorsqu’on sait que les évaluations sont de
règle dans les projets qu’elle cordonne ? Le PDC sera enterré le 30
janvier prochain sans qu’elle ne soit évaluée et la Banque Mondiale, « très satisfaite de la coordinatrice nationale », reconduit le PDC sous forme de PDCPlus y ajoutant une composante dédiée à un projet pilote de « transferts monétaires conditionnels ». Avec toujours et toujours à la tête du futur nouveau PDCPlus dame Yawavi Bouty ABALO épse AGBOKA.
Nos sources révèlent que les Agences
d’Appui aux Initiatives de Base (AGAIB), qui sont les démembrements du
PDC, avec à leur tête des coordinateurs régionaux, ne sont pas les mieux
lotis en termes de rigueur dans la gestion. C’est ainsi par exemple
qu’une ferme à Adétikopé appartenant à un responsable régional accueille
des défilés de jeunes filles convoyées avec le véhicule du projet. Il
se pose aussi un problème de confiance à l’endroit de la jeunesse
togolaise. A Kara et dans les Savanes, les coordinateurs régionaux sont
aussi des retraités comme la coordinatrice générale. C’est à croire que
le pays ne regorge pas de potentialités capables d’assumer de hautes
fonctions à part les retraités.
Avant que le ministère du Développement à
la Base ne se lance telle une avalanche dans la course au développement
communautaire, des organisations non gouvernementales ont pris les
devants et ont testé plusieurs approches. Les cantines scolaires datent
de 1999, de même que les activités génératrices de revenus (AGR).
Aujourd’hui, le PDCPlus parle de « transferts monétaires ».
Lorsqu’on compare les émoluments accordés à l’administration des projets
à ce qui revient annuellement à chaque bénéficiaire final dans les
hameaux les plus reculés, on est en droit de se demander les critères de
réussite qui confortent l’institution mondiale à soutenir ces projets
sans exigence de réédition de comptes. Une situation qui fait dire que
ce n’est pas demain le bout du tunnel.
Abbé Faria LIBERTE HEBDO TOGO
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