Saturday, January 25, 2014

TOGO::De la pertinence des financements de la Banque Mondiale : Le Projet de Développement Communautaire : un cas typique de gestion approximative

  • La coordinatrice retraitée touche 1.200.000 FCFA brut contre 3.500 FCFA mensuel de repas servi à un enfant éligible
Coordinatrice PDC-Yawavi Bouty ABALO épse Agboka
Coordinatrice PDC-Yawavi Bouty ABALO épse Agboka
Dans quelques jours, le Projet de Développement Communautaire (PDC) rendra un rapport qui sanctionnera cinq années d’activités. Un rapport qui s’efforcera de peindre en rose le bilan d’un PDC dont la coordinatrice nationale du secrétariat technique touche mensuellement plus du million par mois alors que le repas mensuel d’un enfant éligible atteint à peine 3.500 FCFA. Pendant que le temps de l’assistanat semble révolu dans beaucoup de projets d’ONG installées sur le territoire national, on continue au PDC de maintenir les populations loin de la démarche participative qui semble donner des résultats probants ailleurs.
Hervé Assah, représentant résident, Banque Mondiale
Hervé Assah, représentant résident, Banque Mondiale
Ce ne sont pas toutes les initiatives émanant de la Banque Mondiale qui sont porteuses. Il suffit de jeter un regard sur les « ajustements structurels » lancés tambour battant il y a des années, mais qui, aujourd’hui, ne sont plus d’actualité. Parce qu’obsolètes et démodés. Selon un document du PDC, « le Projet de Développement Communautaire (PDC) financé par la Banque Mondiale au Togo développe une approche de protection sociale à travers deux mécanismes de Filet Social de Sécurité (FSS) que sont : les repas scolaires au profit d’environ 38.000 enfants dans les écoles primaires des zones les plus vulnérables du pays et des travaux publics à haute intensité de main d’œuvre créant de l’emploi pour 25.000 jeunes en milieu rural ». Voilà les deux raisons fondamentales pour lesquelles la Banque Mondiale a décaissé 32,9 millions de dollars, soit 14.805.000.000 FCFA pour une période de cinq ans. Mais la structure de la finance mondiale a-t-elle pris des dispositions indispensables pour assurer un suivi rigoureux de ses dons afin de mesurer, mieux, de quantifier en termes de résultats les avancées réalisées ?
Il serait difficile de répondre à cette interrogation par l’affirmative lorsqu’on apprend que, sans avoir encore produit de rapport qui serait d’abord analysé avant toute décision, la Banque Mondiale et le Gouvernement du Togo auraient décidé de renouveler le financement du PDC en y ajoutant une composante dédiée à un projet pilote de transferts monétaires conditionnels.
Victoire Tomégah Dogbé, ministre Dév à la Base
Victoire Tomégah Dogbé, ministre Dév à la Base
Les fouines effectuées dans l’environnement immédiat du ministère du Développement à la Base (encore ce ministère) nous avaient déjà permis de déceler que c’est à une société de recrutement (Synergie) dont le directeur général serait le directeur de campagne de la ministre Victoire Sidémého Marie-Noëlle Djidudu Tomégah-Dogbé lors des élections législativesque cette dernière confie les procédures de recrutement dans la multitude de projets qu’elle ne cesse d’« initier ». Au sein du PDC, il serait institué par la coordinatrice nationale une évaluation saisonnière pour jauger le niveau des employés. Soit. Mais sur quels critères d’évaluation la coordinatrice nationale, Yawavi Bouty Abalo épse Agboka, Ingénieure à la retraite, recrutée depuis…2006, est-elle maintenue depuis ce temps sans délogement ? On sait par exemple qu’avant le PDC, elle chapeautait le Programme d’Urgence pour la Réduction de la Pauvreté (PURP). A-t-elle été évaluée lorsqu’on sait que les évaluations sont de règle dans les projets qu’elle cordonne ? Le PDC sera enterré le 30 janvier prochain sans qu’elle ne soit évaluée et la Banque Mondiale, « très satisfaite de la coordinatrice nationale », reconduit le PDC sous forme de PDCPlus y ajoutant une composante dédiée à un projet pilote de « transferts monétaires conditionnels ». Avec toujours et toujours à la tête du futur nouveau PDCPlus dame Yawavi Bouty ABALO épse AGBOKA.
Nos sources révèlent que les Agences d’Appui aux Initiatives de Base (AGAIB), qui sont les démembrements du PDC, avec à leur tête des coordinateurs régionaux, ne sont pas les mieux lotis en termes de rigueur dans la gestion. C’est ainsi par exemple qu’une ferme à Adétikopé appartenant à un responsable régional accueille des défilés de jeunes filles convoyées avec le véhicule du projet. Il se pose aussi un problème de confiance à l’endroit de la jeunesse togolaise. A Kara et dans les Savanes, les coordinateurs régionaux sont aussi des retraités comme la coordinatrice générale. C’est à croire que le pays ne regorge pas de potentialités capables d’assumer de hautes fonctions à part les retraités.
Avant que le ministère du Développement à la Base ne se lance telle une avalanche dans la course au développement communautaire, des organisations non gouvernementales ont pris les devants et ont testé plusieurs approches. Les cantines scolaires datent de 1999, de même que les activités génératrices de revenus (AGR). Aujourd’hui, le PDCPlus parle de « transferts monétaires ». Lorsqu’on compare les émoluments accordés à l’administration des projets à ce qui revient annuellement à chaque bénéficiaire final dans les hameaux les plus reculés, on est en droit de se demander les critères de réussite qui confortent l’institution mondiale à soutenir ces projets sans exigence de réédition de comptes. Une situation qui fait dire que ce n’est pas demain le bout du tunnel.
Abbé Faria      
LIBERTE HEBDO TOGO

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