Monday, January 20, 2014

Le Politique et l’usage du nom de Dieu à toutes les sauces : inventons un nouveau discours


Celui qui réprime et tue son peuple, dit agir au nom de Dieu. Ceux qui se battent pour que cessent les brutalités et l’arbitraire, et pour l’instauration des libertés individuelles le font également en évoquant Dieu, l’Être suprême. Ce phénomène ou cette mode qui consiste à évoquer Dieu ou à mettre Dieu à toutes les sauces, dans les slogans, les déclarations et les discours politiques n’est ni une invention togolaise, ni purement africaine, même si l’usage du nom de Dieu est devenu un sport national chez-nous. Dans ce monde où tous les repères ou toutes les valeurs se flagellent tous les jours, l’homme politique, pour endoctriner encore plus la masse et même l’élite, fait référence au Tout Puissant Créateur pour donner un parfum de crédibilité à sa parole.
La prolifération des religions de tout genre germant sur les immondices de la pauvreté, et à tous les carrefours de Lomé et des villes de l’intérieur chez nous, contribuent à renforcer cet aliénant phénomène que j’observe de plus en plus dans la démarche de nos « politiciens ». Je me suis toujours méfié de ce que certains politiciens aient transformé le nom de Dieu en « arôme magie » pour obtenir, à partir de leurs bouillons de mensonges, de leurs élucubrations ou de leur fantaisies, des sauces plus aromatisées, donc plus savoureuses.
Cette réflexion que je voudrais partager avec vous, m’a été inspirée par une récente interview que j’ai parcourue sur un de nos sites internet. Tout au long de l’interview d’une parlementaire togolaise, quelle n’a pas été ma stupéfaction de lire « Dieu », « Seigneur » dans presque toutes les lignes !
Bien des acteurs politiques font exprès de ne pas dissocier la charge spirituelle, voire religieuse de l’action politique. Il y en a qui se croient même investis par l’Être Suprême, pour dominer et diriger...Soit ! Pourvu qu’ils s’en sortent et que leur mode de direction ne se fasse pas au détriment de leurs concitoyens. Au Togo, certains hommes politiques passent pour les champions de l’utilisation du nom de Dieu pour convaincre ou rassurer. Il ne sert à rien de les citer.
Mais vu de près, l’usage du nom de Dieu dans toutes les déclarations s’apparente à du dopage. Et, à l’image du sportif qui se dope pour obtenir des résultats dépassant de loin ses capacités réelles, le politicien, lui, s’en sert pour endormir et soûler ses auditeurs, le peuple. Or, la forte intrusion du religieux dans l’action politique est un signe de son impuissance.
D’un côté, le régime décrié de Faure Gnassingbé qui lui échafaude nuit et jour des plans pour ne pas voir filer le pouvoir hérité. et de l’autre, l’opposition essoufflée, minée de l’intérieur, émiettée, à bout de créativité et de stratégie évoque Dieu chaque jour et dit agir au nom de Dieu.
Dieu qui a toujours été la caution, la garantie de tout ce qui est vertueux, incontestable est donc appelé au secours par les uns et les autres. Les premiers pour divertir le peuple, le maintenir sous le joug et l’autre pour entretenir les illusions, les rêves inaccessibles en raison du manque de profondeur dans l’action.
Un mortel a-t-il le droit…, au nom de Dieu, d’affamer son peuple, d’emprisonner injustement ses opposants avérés ou supposés ….? Un opposant s’arrogerait -il le droit d’invoquer Dieu et de faire un saut problématique dans l’Egypte pharaonique pour faire croire au peuple Togolais qu’il est Moïse, au lieu d’étaler en quoi il ferait mieux que le pouvoir en place à travers la présentation de son programme, son projet de société.
Il est temps que nos hommes politiques reviennent sur terre et cesse de marcher sur leur tête. Nos problèmes, le quotidien du Togo se trouve au Togo et c’est là qu’il faut trouver des solutions pour le bien-être des populations. Les orientations définies, Dieu donnera l’impulsion qui fait tant défaut. Le cri des déshérités et des pauvres au Togo nous interpelle. Arrêtons de nous réfugier derrière le rideau de fumée de Dieu en dopant sans cesse nos populations avec le nom du « Seigneur ». Inventons un nouveau discours avant que ne commencent les joutes électorales de la campagne électorale des présidentielles de 2015. Un énième rendez-vous à haut risque où …
Bassirou AYÉVA

No comments:

Post a Comment