Saturday, August 30, 2014

Affaire d’escroquerie dite internationale : L’argent du contribuable togolais dilapidé pour des missions inutiles…


PASCAL-bodjona-11-aout-2012C’est, au 
départ, une banale affaire entre hommes d’affaires, mais qui deviendra rapidement une affaire d’Etat. L’affaire Agba Bertin ou Bodjona ou encore d’escroquerie dite internationale (c’est selon) doit commencer par lourdement peser sur les caisses de l’Etat, sans que l’Etat et le citoyen n’y aient a priori aucun intérêt direct.
Depuis le déclenchement de cette affaire, la plus importante qui aura marqué le deuxième quinquennat de Faure Gnassingbé, de bien grasses missions se multiplient à l’étranger. Lomé-Abidjan-Lomé, Dubaï-Lomé-Dubaï, Lomé-Dubaï-Lomé, Lomé-Bamako-Lomé, Lomé-Athènes-Lomé…les allers-retours organisés depuis les bureaux de la présidence sont incessants. Au frais du contribuable togolais à qui on ressasse qu’il n’y a pas de moyen quand il s’agit d’améliorer ses conditions de travail.
L’affaire d’escroquerie internationale pourrait se résumer ainsi. Un Monsieur, venu de loin (Emirats Arabe Unis) vient se plaindre au Togo que Bertin Agba avec qui il était en affaires depuis des années, l’a escroqué. Selon lui, le Togolais lui a présenté une opportunité de récupérer une importante fortune de Robert Guéï, dans l’ordre des milliards, cachées dans une banque centrale au Togo. Le plaignant dit avoir donné des milliards à son tour pour faciliter la transaction. Il cite Agba Bertin comme l’ayant escroqué et Pascal Bodjona comme son témoin ou complice. Entre-temps, pour « motiver » les autorités togolaises à débloquer la fortune de M. Guéï qui serait abandonnée au Togo, l’homme descend lui-même au Togo et distribue à tour de bras de généreux cadeaux…jusqu’au sommet de l’Etat. L’affaire, disons plutôt que le détournement envisagé n’abouti pas. L’Emirati crie au voleur. L’Etat togolais s’en mêle et engage des dépenses de plusieurs centaines de millions pour obtenir la tête des accusés.
Oui, une justice indépendante a le devoir d’instruire toute affaire dont elle est saisie, jusqu’au bout, fût-elle une affaire dans laquelle un citoyen se retrouve dans la peau d’accusé et un étranger dans celle de plaignant. Mais dans l’affaire qui voit Pascal Bodjona, avec un statut de complice, malmené et privé de liberté, et pour laquelle le Trésor public est sollicité autant, l’Etat togolais devrait y avoir un minimum d’intérêt. « Sans intérêt, pas d’action », dit-on dans certains milieux. Malheureusement, aucun intérêt direct de l’Etat (du citoyen en somme) n’est perceptible dans ce dossier visiblement récupéré par le pouvoir pour régler des comptes à des citoyens dont on veut se débarrasser.
Les dizaines de missions composées chaque fois de plusieurs personnes et qui parcourent le monde chaque fois que l’ombre de Bertin Agba est perçue dans un coin du monde reviennent naturellement très couteuses. Ces dernières semaines seulement, des délégations togolaises ont déjà fait au moins quatre fois des allers-retours Lomé-Athènes-Lomé pour tenter de récupérer le richissime Agba en séjour dans ce pays. En dehors du coût de ces missions, il nous revient que le Togo a fait faire des allers-retours à l’Emirati aussi de son pays vers la Grèce pour tenter d’enfoncer le Togolais. Tout cela aux frais du Togo qui, en outre, s’est attaché des services des avocats les plus chers de ce pays européen, sans compter les probables dessous de table et les surfacturations. Et dire que l’épisode grec n’est pas encore fini ! Les dépenses non plus.
Pendant que le citoyen commence par se perdre dans ce dossier (si c’en était un), et que le sommet de l’Etat continue de s’enfoncer dans cette entreprise politico-judiciaire dispendieuse, les secteurs sociaux du pays s’effondrent, faute de moyens. Le secteur de la santé seul au Togo est un véritable scandale. Plusieurs dizaines de compatriotes trépassent au quotidien, faute de soins efficaces. Dans les hôpitaux publics, la mort est toujours tout près du patient. Les fonctionnaires demandent depuis des années une amélioration de leurs conditions de vie et de travail, en vain. Les étudiants aussi. L’eau potable et l’assainissement sont des luxes. La pauvreté est galopante et atteint des niveaux scandaleux (90% dans la région des Savanes). C’est dans un pays avec tous ces défis que le pouvoir dépense des fortunes dans une affaire qui à priori n’engage pas l’Etat. Difficile, dans ces conditions, d’être crédible quand on dit aux acteurs sociaux que le gouvernement n’a pas de moyens pour répondre aux diverses sollicitations sociales.
Mensah K.

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