Sunday, August 24, 2014

Ebola : Drame humain et économique


ebola« 
Le déclenchement de l’épidémie risque d’avoir un impact financier direct sur les budgets des gouvernements via une augmentation des dépenses de santé
 », a récemment indiqué l’agence de notation américaine Moody’s, citée par AFP. Et elle n’a pas tort.
Déjà les pays directement touchés, le Libéria, la Guinée et la Sierra Leone révisent leurs perspectives de croissance à la baisse et craignent de sérieux soucis d’équilibre budgétaire, vu la croissance vertigineuse des dépenses en santé.
L’agence américaine évoque par exemple le cas du Liberia dont les dépenses liées au virus Ebola ont coûté 12 millions de dollars au deuxième trimestre de l’année et qui devraient inévitablement augmenter parallèlement à la diffusion de l’épidémie au troisième trimestre. Et les trois pays ne sont pas les seuls à devoir craindre pour leur économie. Toute l’Afrique de l’Ouest a des soucis à se faire.
Déjà, la première économie de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique et dont les flux démographiques et commerciaux avec les voisins sont importants, est aussi désormais touchée. La Côte d’Ivoire, première économie de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), jusqu’ici épargnée (version officielle) partage des kilomètres de frontières avec le Libéria et la Guinée, pays touchés, et se situe donc au cœur de la zone épidémique. Tout comme le Sénégal, deuxième économie de l’UEMOA, lui aussi partageant des frontières avec la Guinée.
L’une des plus graves manifestations des conséquences économiques est la suspension des vols en direction des pays touchés. « Le Cameroun qui n’a aucun cas signalé, a toutefois ordonné la fermeture de toutes ses frontières avec le Nigeria qui est son principal partenaire commercial. De leur côté, les autorités ivoiriennes ont suspendu lundi 11 août toutes les liaisons aériennes vers et depuis les pays affectés, interdisant à toutes les compagnies de transporter les passagers de ces pays. La compagnie aérienne Kenya Airways a suspendu provisoirement ses vols commerciaux vers la Sierra Leone et le Liberia, à compter de mardi à minuit. La Guinée ne fait pas partie des pays qu’elle dessert en Afrique de l’Ouest », constate le confrère BBC sur son site Internet.
Et selon france24.fr, « la compagnie Emirates fut la première à annoncer, jeudi 31 juillet, une suspension de ses vols à destination et en provenance de la Guinée. Le mardi 5 août, British Airways, a, quant à elle, interrompu jusqu’au 31 août ses liaisons avec le Liberia et la Sierra Leone «en raison de la détérioration de la situation sanitaire dans les deux pays»…La Côte d’Ivoire a annoncé lundi 11 août, la suspension des vols de sa compagnie nationale vers et depuis les pays affectés par le virus. Le pays a également interdit aux autres compagnies de transporter des passagers en provenance de ces pays vers la Côte d’Ivoire. Les compagnies panafricaines Arik et Asky avaient auparavant suspendu leur vols vers et depuis le Liberia et la Sierra Leone après la mort d’un passager libérien fin juillet à Lagos, au Nigeria».
Autant de suspensions de vols et autant de pertes pour ces compagnies, et de complications pour les passagers en direction et venant des pays ciblés. Et le Togo n’est pas épargné par la crise. La compagnie Asky qui a fait de Lomé son hub, a déjà été échaudée la semaine dernière à Douala (Cameroun). Elle a vu ses passagers bloqués à bord d’un de ses appareils, alors qu’ils étaient arrivés à destination. La Police refusant d’accepter que la compagnie débarque ses passagers, évoquant une décision du gouvernement camerounais. Et pourtant le Togo n’avait pas encore déclaré de cas confirmés ni suspects.
Depuis hier, on le sait, le Togo a actuellement sous les bras deux encombrants cas suspects d’Ebola. Avec cette information qui fait déjà le tour du monde, le Togo risque de figurer sur la liste des pays indésirables ; ce qui sera économiquement catastrophique pour le pays qui constitue une véritable terre de transit pour des millions de passagers et de tonnes de marchandises par la route, les airs et la mer. Des compagnies comme Asky risquent de connaître un ralentissement de leurs activités. Et avec la propagation qui ne semble pas s’arrêter, c’est toute la sous-région qui retient son souffle.
Maxime DOMEGNI
Alternative Togo

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