«
Le déclenchement de l’épidémie risque d’avoir un impact financier direct sur les budgets des gouvernements via une augmentation des dépenses de santé », a récemment indiqué l’agence de notation américaine Moody’s, citée par AFP. Et elle n’a pas tort.
Le déclenchement de l’épidémie risque d’avoir un impact financier direct sur les budgets des gouvernements via une augmentation des dépenses de santé », a récemment indiqué l’agence de notation américaine Moody’s, citée par AFP. Et elle n’a pas tort.
Déjà les pays directement touchés, le
Libéria, la Guinée et la Sierra Leone révisent leurs perspectives de
croissance à la baisse et craignent de sérieux soucis d’équilibre
budgétaire, vu la croissance vertigineuse des dépenses en santé.
L’agence américaine évoque par exemple
le cas du Liberia dont les dépenses liées au virus Ebola ont coûté 12
millions de dollars au deuxième trimestre de l’année et qui devraient
inévitablement augmenter parallèlement à la diffusion de l’épidémie au
troisième trimestre. Et les trois pays ne sont pas les seuls à devoir
craindre pour leur économie. Toute l’Afrique de l’Ouest a des soucis à
se faire.
Déjà, la première économie de la
Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Nigeria, pays
le plus peuplé d’Afrique et dont les flux démographiques et commerciaux
avec les voisins sont importants, est aussi désormais touchée. La Côte
d’Ivoire, première économie de l’Union économique et monétaire ouest
africaine (UEMOA), jusqu’ici épargnée (version officielle) partage des
kilomètres de frontières avec le Libéria et la Guinée, pays touchés, et
se situe donc au cœur de la zone épidémique. Tout comme le Sénégal,
deuxième économie de l’UEMOA, lui aussi partageant des frontières avec
la Guinée.
L’une des plus graves manifestations des conséquences économiques est la suspension des vols en direction des pays touchés. « Le
Cameroun qui n’a aucun cas signalé, a toutefois ordonné la fermeture de
toutes ses frontières avec le Nigeria qui est son principal partenaire
commercial. De leur côté, les autorités ivoiriennes ont suspendu lundi
11 août toutes les liaisons aériennes vers et depuis les pays affectés,
interdisant à toutes les compagnies de transporter les passagers de ces
pays. La compagnie aérienne Kenya Airways a suspendu provisoirement ses
vols commerciaux vers la Sierra Leone et le Liberia, à compter de mardi à
minuit. La Guinée ne fait pas partie des pays qu’elle dessert en
Afrique de l’Ouest », constate le confrère BBC sur son site Internet.
Et selon france24.fr, « la compagnie
Emirates fut la première à annoncer, jeudi 31 juillet, une suspension
de ses vols à destination et en provenance de la Guinée. Le mardi 5
août, British Airways, a, quant à elle, interrompu jusqu’au 31 août ses
liaisons avec le Liberia et la Sierra Leone «en raison de la
détérioration de la situation sanitaire dans les deux pays»…La Côte
d’Ivoire a annoncé lundi 11 août, la suspension des vols de sa compagnie
nationale vers et depuis les pays affectés par le virus. Le pays a
également interdit aux autres compagnies de transporter des passagers en
provenance de ces pays vers la Côte d’Ivoire. Les compagnies
panafricaines Arik et Asky avaient auparavant suspendu leur vols vers et
depuis le Liberia et la Sierra Leone après la mort d’un passager
libérien fin juillet à Lagos, au Nigeria».
Autant de suspensions de vols et autant
de pertes pour ces compagnies, et de complications pour les passagers en
direction et venant des pays ciblés. Et le Togo n’est pas épargné par
la crise. La compagnie Asky qui a fait de Lomé son hub, a déjà été
échaudée la semaine dernière à Douala (Cameroun). Elle a vu ses
passagers bloqués à bord d’un de ses appareils, alors qu’ils étaient
arrivés à destination. La Police refusant d’accepter que la compagnie
débarque ses passagers, évoquant une décision du gouvernement
camerounais. Et pourtant le Togo n’avait pas encore déclaré de cas
confirmés ni suspects.
Depuis hier, on le sait, le Togo a
actuellement sous les bras deux encombrants cas suspects d’Ebola. Avec
cette information qui fait déjà le tour du monde, le Togo risque de
figurer sur la liste des pays indésirables ; ce qui sera économiquement
catastrophique pour le pays qui constitue une véritable terre de transit
pour des millions de passagers et de tonnes de marchandises par la
route, les airs et la mer. Des compagnies comme Asky risquent de
connaître un ralentissement de leurs activités. Et avec la propagation
qui ne semble pas s’arrêter, c’est toute la sous-région qui retient son
souffle.
Maxime DOMEGNI
Alternative Togo
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