Wednesday, July 10, 2013

Togo::Quand Gnassingbé Eyadèma s’invite dans les législatives 2013

Avec le lot des contestations de l’opposition du rejet par la Cour constitutionnelle de certaines de ses listes, plus précisément celle du Collectif « Sauvons le Togo » de la Kozah à propos de la non concordance des nom et prénoms de Mme Bodjona Mébinêsso Palapapawi sur son certificat de nationalité et Bodjona Marthe sur son certificat de naissance, c’est le défunt Gnassingbé Eyadéma qui s’invite dans les législatives 2013.

D’abord, pour lever toute équivoque, cette confusion serait venue du fait que la photocopie du certificat de naissance de Mme Bodjona ne présentait que le recto de l’original où figure son prénom Marthe alors qu’il y a au verso les prénoms Mébinêsso Palapapawi. Une spécificité togolaise qu’on peut aisément appréhender à travers les lignes qui suivent !
Il faut donc avoir à l’esprit que tout bon Togolais né avant l’année repère 1974 a un certificat de naissance portant au recto les nom et, pour la plus grande part, des prénoms de baptême, des « prénoms importés » comme on les désignait et qui sont barrés au marquoir rouge ; et au verso, le Jugement Rectificatif mentionnant les « prénoms d’origine », des « prénoms authentiques » comme aussi les désignait la réforme de l’époque pompeusement dénommée « Authenticité », avec comme ultime mention tamponnée : « x nombre de noms barrés au recto, x nombre de noms ajoutés au verso ».
Voilà pour l’explication des certificats de naissance à double face de beaucoup de Togolais qui sont nés avant l’année 1974 ! Tous les Togolais le savent et sauf, mauvaise foi, la Cour constitutionnelle vient de le feindre. Et que vient chercher le pauvre Gnassingbé Eyadéma depuis son caveau en marbre noir importé d’Italie dans ce débat ? Il faut alors remonter à cette année repère « 1974 » pour tout comprendre !
On se souvient, c’était au lendemain du fameux « Attentat de Sarakawa » du 24 janvier 1974 après le crash de son DC 3 que ses détracteurs disaient « un vieux coucou brimbalant » surchargé de passagers dont certains se tenaient débout, de victuailles de toutes sortes et même, ronronnaient après coup les mêmes, un bœuf vivant avec lequel la troupe, une fois les pieds à terre, allait s’offrir un barbecue. La suite de l’histoire, tout le monde le connait. Les « comploteurs » (sic) sont vite trouvés : la « Haute finance internationale » et l’ « Impérialisme ». La cause : ils voulaient mettre la main sur les phosphates togolais et le Gal Eyadéma s’y opposait (sic).
C’était à s’y méprendre comme s’il était agi du prologue et de l’épilogue d’un film de propagande de l’époque soviétique. Malgré tout, les Togolais avaient été embarqués dans cette histoire et à la suite, les idéologues du régime RPT avaient sorti le grand jeu de la « victoire du digne fils du pays face à l’impérialisme », ce dernier qualifié d’ « impénitent ». Et pour la boucle, Les Togolais avaient été appelés, à coup de « slogans anti impérialistes » (sic) à se débarrasser de tout ce qui a rapport avec l’ancien colonisateur français et même les prénoms de baptême qu’il portaient si fièrement et qui dénotaient de leur foi chrétienne. Ainsi naquit la reforme à l’Authenticité dont nous faisions cas un peu plus haut. « Authenticité, les Togolais… » fredonnaient les « Animateurs de la Révolution togolaise », en fait des groupes de danse formés à travers tout le pays et qui servaient de relais à la propagande.
Etienne Eyadéma devint Eyadéma Gnassingbé. Remarque, son nom devint son prénom et il s’attribua un autre nom. Tous les Togolais lui emboitèrent le pas, non sans gymnastique et une certaine dose d’ingéniosité. Les Grace devinrent des Madjé, Lumière devinrent Kékéli, etc. Des exemples et non des moindres pris au hasard : Théodore Laclé devint Kpotivi Têvi Djidjogbé Laclé, Gervais Djondo devint Koffi Gbondjidè Djondo, Polycarpe Johnson devint Kwaovi Béni Johnson, Mgr Robert Casimir Anyron devint Mgr Dosseh Anyron, le Rvd Père Dénis Djakpah devint le Rvd Père Amouzou Djakpah et… Marthe Bodjona aussi devint Mébinêsso Palapapawi Bodjona. Où le mal de cette dernière ?
Blaise Sallah

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