Wednesday, July 10, 2013

Togo::Camus Ali : J’ai bien peur que le père et le fils Gnassingbé ne totalisent quatre-vingts ans de règne.

Mutations : Le pouvoir de Faure Gnassingbé annonce les élections pour le 21 juillet prochain… Camus Ali : C’était prévisible ! Pourquoi ? Tout bon analyste ou journaliste politique pouvait voir venir le scénario, pour peu qu’il soit lucide. Ce n’est pour rien qu’après huit mois d’existence et sans travail de terrain, ils ont, à UNIR [ nouveau parti de Faure, ndlr] commencé par véhiculer le message selon lequel le parti venait d’enregistrer 1 million d’adhérents soit le nombre d’adhérents du CDU-CSU, SPD allemand et du PS français réunis. Secundo, ce n’est pour rien que Faure Gnassingbé et ses petits amis bernaient avec l’aide du prélat Nicodème Barrigah toute l’opposition et les Togolais sur des dialogues sans fin et une Vérité Réconciliation Justice à laquelle eux-mêmes n’y croyaient pas. Je profite de l’occasion et par le truchement de votre journal pour dire aux Togolais que les millions de l’Union Européenne pour aider la commission à faire un travail sérieux ont été bradés par Mgr Nicodème Barrigah et la petite clique autour de lui. Approchez, comme journaliste, tous les acteurs de la Commission Vérité Justice Réconciliation, et vous avez une idée de cette pagaille organisée et bénite au sommet. Le plus dur à comprendre est que Faure Gnassingbé est au courant de tout ce gâchis mais a laissé sciemment l’homme de Dieu faire. Nous avions toutes ces preuves à Lynx.info et nous les mettrons le moment venu à la portée les Togolais. Alors une tactique de Faure Gnassingbé ? Toute sa vie, Faure Gnassingbé n’a eu à faire que des tactiques, et des calculs. Soit pour évincer un adversaire politique (cas de son frère Kpatcha Gnassingbé et des députés de l’ANC radiés sans arguments solides), soit pour mettre la main sur l’argent des Togolais. Vous voyez bien qu’il est avec le prélat dans le scénario : « Je te tiens par la barbe et tu me tiens par la barbichette ». Idem pour la présidente de la CENI, Mme Aguigah, elle est aussi trempée dans les affaires de la construction de la cité de l’OUA jusqu’au cou pour faux et usage de faux. Cette juriste est une voleuse patentée et fera le remake de son savoir-faire au soir du 21 juillet, ne vous en doutez pas. Si j’ajoute à la liste Ahoumez-Zunu ; battu avec moins de 3000 voix aux élections législatives de 2007 par Mme Isabelle Améganvi mais appelé pour être premier ministre, vous voyez bien que Faure sait ce qu’il fait et a bien une fascination pour les voyous, lesquels lui servent de marchepieds pour faire ce qu’il veut et comme bon lui semble au Togo. En retour vous voyez aussi comment ces « loosers » deviennent fanatiques au service de Faure quand ils sentent leur pain prendre des fissures. C’est une tactique de père en fils chez les Gnassingbé et elle semble bien fonctionner et à merveille. Quand je vois le ridicule que l’opposition nous sert, j’ai bien peur que le père et le fils Gnassingbé ne totalisent quatre-vingts ans de règne. Dans le journal La Croix, le prélat a averti sur les dérives que peuvent prendre des élections bâclées ? Que voulez-vous que cet homme de Dieu sans scrupules dise ? C’est ça le visage, propre au clergé catholique depuis la nuit des temps. Prendre position pour le fort, travailler avec lui pour mater le faible, donc le peuple, dans la plus grande hypocrisie totale, et venir se laver les mains publiquement comme Ponce Pilate. Combien de fois, le RPT hier et aujourd’hui UNIR et les Gnassingbé n’ont pas tué, et roulé le peuple dans la farine sous l’œil approbateur de l’église catholique ? Pis, ce n’est pas un hasard que le confrère La Croix dont on connait le rôle dans les coups fourrés en Afrique vienne à sa rescousse. Médias mensonges, dictateurs et prêtres catholiques travaillent mano in mano pour la destruction des peuples africains. Je suis formel, Mgr Nicodème Barrigah du haut de ses 1 mètre 50 est un faux type. On décrit tout de même Faure comme un jeune et un président moderne… Avant de parler de quelqu’un de moderne comme président d’une jeune nation comme le Togo, il faut bien examiner son cursus politique. De quelle école politique sort Faure pour qu’on nous dise qu’il est un démocrate ? Vous me parlez de quelqu’un qui était assis à droite de son père pendant 38 années de dictature et vous voulez qu’il singe comme un homme moderne ? S’il est jeune, n’oubliez pas, qu’il n’a pas aussi travaillé comme un jeune pour être là où il est. Avec 400 morts et des milliers d’handicapés à vie, chiffre des Nations-Unies en 2005, ne me parlez pas d’un président jeune et moderne. Voilà quelqu’un qui n’a pas de compte à rendre aux Togolais. Son pouvoir ne se trouve pas au Togo et encore moins là où chaque Togolais pense qu’il est. Vous savez bien qu’il n’a toujours pas dit merci à ces 61% qu’il dit l’avoir voté lors des présidentielles de 2010. Alors à qui a-t-il des comptes à rendre ? (Rires). Quand on passe cinquante ans de pouvoir de père en fils, on a tous les moyens financiers et une nébuleuse tapis dans l’ombre qui vous permettent de faire chanter ceux que, nous pensons en Afrique, nous imposent nos dirigeants. Vous vous rappelez de feu Omar Bongo qui disait envoyer paître Jacques Chirac s’il tenait à lui demander des comptes sur sa gestion du Gabon ? Vous ne pouvez pas vous imaginer sur quelle fortune ce jeune comme vous l’appelez est assis. Une fois au pouvoir, vous voyez bien qu’il a d’abord chassé l’Espagnol Jacques Dupuydauby et laissé Vincent Bolloré prendre tout le port de Lomé comme si les appels d’offre étaient prohibés au Togo ? De l’autre côté, ce n’est pour rien que, bien que chrétien pratiquant, Faure se soit fortement rapproché des francs-maçons et de tous les ripoux de la vielle garde que sont les chefs d’Etat africains. Certes, Faure Gnassingbé n’a pas encore la capacité de nuisance d’un Blaise Compaoré ou d’un Alassane Ouattara, mais croyez-moi, il est sur la bonne voie. Comment ? La Francafrique a un flair extraordinaire. Elle sait qui est bon pour la maison et qui il faut rectifier rapidement afin qu’il ne contamine pas le continent africain avec des idées d’indépendance. Alors Faure sied bien au schéma ? D’abord l’enfant du dictateur Eyadema ne parle pas beaucoup sinon ne parle pas du tout. C’est la première règle de la Francafrique et la plus importante. Ensuite, il est totalement effacé donc très bien pour les intérêts financiers et économiques des Occidentaux et particulièrement de la France. Ensuite, il a pu prouver que viennent d’abord les intérêts français avant ceux du Togo. Vous conviendrez avec moi que, chaque pays souverain tisse son histoire et son avenir sur son passé. Il se fait que tous les secrets d’Etat depuis la mort de Sylvanus Olympio au long règne de Gnassingbé Eyadema ont été rapidement sous haute escorte renvoyés en France avec les menaces de Sarkozy et de Michelle-Alliot Marie, alors ministre de l’intérieur en France. Quel président africain dans la zone francophone peut si bien faire que ce que Faure a fait à la France ? Alors, François Hollande n’est pas attentif aux souffrances que connaissent les Togolais ? Vous me demandez de réveiller François Mitterrand de sa tombe afin qu’il nous dise pourquoi il avait fait tuer des milliers d’Algériens et terminer son exploit en autorisant le couple Félix Houpheit Boigny et Blaise Compaoré de liquider Thomas Sankara ? Combien de fois, allons-nous, journalistes engagés et leaders d’opinion, faire retentir dans les oreilles de chaque Africain que les pays n’ont pas d’amis mais des intérêts ? Hollande sait bien que l’heure n’est pas d’aider les Togolais à se débarrasser de Faure Gnassingbé. Que fait-il ? Là où la France doit prendre ses responsabilités, elle fait parler l’UE. Les fonctionnaires de l’UE à leur tour et sous deux tasses de café peuvent dire à l’opposition qu’elle est radicale, désunie ou n’a pas un programme de société qui permettent qu’on travaille avec elle. Jean-Pierre Fabre et ses amis en ont fait l’expérience lors de leur dernière tournée à Bruxelles et à Paris. Elle est aussi simple la stratégie. Voilà comment Hollande fait danser nos opposants sans qu’eux-mêmes ne comprennent qu’ils ne viendront pas à bout de ce long règne, si c’est la France qui reste son dernier recours. Revenons aux élections législatives de juillet. Seront-elles crédibles ? Vous voyez au soir du 21 juillet, la présidente de la CENI lire un communiqué sanctionnant l’opposition comme vainqueur ? Le drame chez nous au Togo est que, l’opposition ne tire jamais des leçons sur son expérience passée. En 1994, il a fallu toutes les menaces de l’UE qui avait financé les élections législatives pour que l’ex-ministre Fanbaré Natchaba sorte proclamer le CAR vainqueur. En 1998, quand l’UFC avec en tête Gilchrist Olympio avait ridiculise le dictateur Eyadema Gnassingbé dans les urnes, c’est encore devant les observateurs de l’UE sans que cela ne les émeuvent que ce dernier se fasse autoproclamé. Maintenant que Faure a lui-même financé en amont comme en aval « ses » élections, à son propre arbitre qu’il a nommé, lequel arbitre est de moralité douteuse, dites-moi à qui, il à des comptes à rendre pour dire que son parti Unir vient de les perdre ? Quand on est Togolais, chaque jour que Dieu fait est comme une humiliation de plus ! On vous accuse de rouler pour Faure Gnassingbé et d’avoir des amis autour de lui. Les proches de Faure dont on m’accuse d’être ami ne sont pas des ennemis à abattre mais des adversaires politiques. On ne peut passer près de deux décennies en Allemagne à jouir des fruits de la démocratie et fabriquer dans son propre pays des ennemis à abattre à la machette. Pourquoi avoir attendu l’arrivée de Faure pour rouler pour lui quand du vivant du père, j’avais des occasions et des relations qui pouvaient me faire rentrer au RPT et avoir beaucoup d’argent ? Vous savez, les critiques des lecteurs sont bien fondés et nous les recevons avec beaucoup de compréhension. Ils sont habitués qu’on tire seulement dans un seul camp. La ligne éditoriale Lynx.info a bougé depuis quelque temps. On n’est pas tenu de le dire tout haut mais nous ferons petit à petit ce travail pour équilibrer l’information. Ils nous feront bientôt confiance, j’en suis convaincu. Cinq millions de lecteurs ce n’est pas peu pour que nous ne prenions pas en compte tout ce qu’ils disent sur nous. Alors vous ne recevez pas des millions de Faure et de ses ministres ? Je vais faire simple confrère. Je quitte la maison à 5 heures 30 pour le boulot et revient parfois à 19 heures. Ma compagne, infirmière selon le standard africain et aide infirmière selon le standard allemand, quitte à la même heure la maison et travaille six jours sur sept dans la semaine. Si nos salaires ne peuvent pas nourrir et habiller une fillette de quatre ans, la seule que nous avons, pour que je fasse le chien de garde pour avoir des millions d’un parti politique et des hommes qui l’animent, alors je suis mal éduqué. Alors qui finance le Lynx ? La dernière fois, le directeur commercial Lynx.info a fait un tour dans les sociétés d’état et les banques de la place à Lomé. Il s’est entendu dire que, notre ligne éditoriale est un danger pour tout le monde. Refus catégorique de nous accorder des rencards publicitaires. Nous avions initié une quête en 2010. Les deux millions de Togolais dans la diaspora nous ont aidé à hauteur de 110 euros. Curieusement, La plus grande contribution venait d’un membre du RPT (50 Euros) qui nous appréciait pour notre travail. Vous voyez que le premier ennemi du Lynx reste encore ces lecteurs qui se lèvent tôt le matin et nous lisent gratuitement ? Au moins vous parlez des finances du journal avec votre ami Gilbert Bawara. Est-il toujours un ami ? Le ministre Gilbert Bawara ne m’a pas encore trahi pour que nos amitiés prennent fin. Il est au Togo et moi en Allemagne et m’appelle quand il a du temps comme moi aussi d’ailleurs. Je vous informe que, quand j’étais dans une clinique entre la vie et la mort, un SMS de lui m’a été d’un réconfort avant l’entrée dans le bloc opératoire comme à la sortie. Je n’oublie pas le Dr Fréderic Galley qui m’a écrit personnellement pour me demander si j’avais besoin d’aide. Je n’oublie pas cette brochette d’hommes politiques ivoiriens et burkinabès qui m’ont dit que je n’avais pas le droit de mourir. Je veux dire merci à Kofi Yamgnane qui m’a laissé un courriel où il mentionne que : « Seules les épreuves font grandir l’homme ». Moi je ne botte pas aux fesses ceux, au-delà de leur rang social, pauvres ou riches, puissants ou faibles qui ont une haute grandeur humaine. Je vous demande de distinguer Gilbert le politique ami de Faure et Gilbert le citoyen privé de sa tunique de politique ami de Camus Ali. Pour ce qui est des finances, j’ai voulu savoir si son rang pouvait nous aider à avoir des rencards publicitaires. Le niet catégorique, assorti d’explications, m’a été donné. Le ministre Gilbert Bawara ne voudrait pas nous aider et que son nom soit cité par un directeur de société d’Etat une fois que ce dernier fait des trous dans sa gestion. Si vous êtes à ma place, allez-vous en vouloir à quelqu’un qui vous dit ces vérités toutes crues ? Vous discutez sûrement politique. Vous le conseillez ? J’ai dit au ministre Gilbert Bawara il y a moins de quatre mois de participer aux élections législatives. C’est seulement dans ces conditions que les Togolais sauront ce qu’il vaut et pèse pour parler en leur nom. Je lui ai donné les cas de Rachida Dati et Rama Yade qui avaient besoin de cette onction pour être prises au sérieux. Même Kofi Yamgnane, alors ministre sous François Mitterrand, avait eu besoin de cette onction des habitants de son bourg Saint-Coulitz pour être pris au sérieux. Vous voyez que depuis qu’Amadou Soumahourou, secrétaire général du RDR parti d’Alassane Ouattara, a perdu aux municipales, personne n’a plus entendu des phrases guerrières qui lui étaient propres. Il sait que dans la société ivoirienne il ne représente et n’a jamais rien représenté pour parler en son nom. C’est ça la démocratie participative. Parle d’abord, celui qui a le soutien populaire. Si vous voulez bien, c’est le conseil que j’ai donné à mon ami. Que vous a-t-il répondu ? Il est resté quelques secondes et m’a dit qu’il ne pouvait pas être juge et partie à la fois. Vous savez bien que son ministère est celui qui est le plus concerné par les joutes électorales à venir. Revenons à l’opposition. Pourquoi est-elle divisée ? Il a fallu du temps pour qu’on comprenne que tous les chefs de partis de notre opposition n’avaient rien de libérateurs du peuple. Le seul qui était encore saint parce que sa propre histoire l’empêchait de faire chemin ensemble avec le pouvoir de Lomé était bien Gilchrist Olympio. Depuis que lui aussi a cru bon de travailler plutôt avec Faure que le peuple, la lutte a pris une forme plus difficile. Alors vous refusez de croire que Me Yaovi Agboyibor, Zarifou Ayeva, Edem Kodjo, Antoine Folly… sont des opposants ? Ce n’est pas moi qui le dis. L’histoire a fini par montrer qu’ils étaient plutôt des composants. D’autres comme le Pr Léopold Gnininvi de la CDPA nous avait même dit qu’il allait au gouvernement pour changer quelque chose une fois dedans. Il est plutôt ressorti dénaturé et méconnaissable. Je ne sais pas si c’est le regret d’avoir trahi les Togolais ou les paquets de cigarettes qui sont en train d’avoir raison de sa santé. Jean-Pierre Fabre tient le flambeau de la lutte tout de même ? Monsieur Fabre ne fait pas peur à Faure Gnassingbé. Et pourquoi ? Ils auraient pu être des demi-frères avec le père de Faure Gnassingbé dans le rôle de père adoptif de Jean-Pierre Fabre. Vous connaissez beaucoup on dirait sur ces deux… Oui ! Si on suit de près ce qui se passe, on peut jusqu’à aller demander à Jean-Pierre Fabre de nous expliquer comment il a, avec sa mère acquis deux appartements à Paris et une villa à la caisse. Au temps fort de la dictature, il n’a jamais été inquiété bien qu’il pouvait hurler comme il veut. Toutes ces preuves, sont à mettre dans la parenthèse des liens entre sa mère et Gnassingbé père. Je ne dis non plus qu’il voyait d’un bon œil le fait que sa mère ramène le butin de son ennemi premier qui était le président défunt. En réalité, Jean Pierre Fabre et Faure Gnassingbé nous jouent le film d’enfants gâtés de la république avec chacun la volonté de prendre la revanche sur l’autre. Tous les deux vivent sur le dos des Togolais avec un léger avantage pour Faure. Ceci dit, il n’est pas normal que l’opposant fasse comme s’il était saint et que les Gnassingbé soient des inconnus pour lui. Nous reviendrons abondamment sur ce cas et sur ses biens le moment venu. Nous ne sommes pas pressés à Lynx.info. Avec l’arrivée du PS au pouvoir, vous vous êtes dit que Kofi Yamgnane aura des chances d’arrivée au pouvoir ? Non ! Plutôt je me suis dit que les minimes chances qu’il avait venaient de s’envoler. Pourquoi ? Vous voyez Kofi Yamgnane qui a bu dans les mêmes futs avec ses petits amis du PS président du Togo ? Ici la tactique n’est pas de prendre des gens qui ont encore un peu de moralité et un sursaut d’orgueil patriotique. La stratégie française est de laisser des gens habitués à mater leurs peuples pour garder le pouvoir. Ceux que vous appelez socialistes aujourd’hui en France sont des restes de l’extrême droite et des colonialistes qui errent dans la nature à la recherche d’une virginité. Certains ont même des parents qui reconnaissent avoir tué froidement en Algérie. Entre Kofi Yamgnane et les Gnassingbé, le choix est clair au PS. C’est les Gnassingbé qui ont pignon sur rue dans les caves de l’Elysée comme sur la rue Solferino, siège du parti socialiste. Kofi Yamgnane a-t-il encore la chance de devenir président au Togo ? Non ! Il n’a jamais travaillé dur pour cela ! Voilà quelqu’un que la chance tendait les bras. Il a brûlé toutes ses cartes. Je ne le vois pas président du Togo un jour. Ce n’est pas un bosseur de la trempe de Laurent Gbagbo ou d’Abdoulaye Wade. Faure ne va-t-il pas affaiblir son pouvoir s’il va seul avec l’UFC à ces élections ? Le vrai legs qu’il a hérité de son père est de ne pas reculer d’un iota devant ses opposants. Vous voyez qu’il connait ces derniers mieux que quiconque. Le fait de dire au ministre Gilbert Bawara d’arroser le ciel togolais de quelques 500 millions, vous les voyez déjà courir vers toutes les directions, comme des chiens qu’on a privés d’eau pendant trois jours, pour déposer leurs candidatures aux législatives. Même le tout nouvel arrivant Gerry Taama est déjà dans les habits de grand opposant au point de dire qu’il veut un siège de député à Lomé. C’est ça les imbécilités à la togolaise. Chacun est homme politique, pour peu qu’il crée un parti et que celui-ci soit reconnu et un sigle à l’appui. Dans leur calcul, tous ces opposants se voient déjà millionnaires. Si Faure Gnassingbé est d’un cynisme comparable à celui de Caligula, les opposants togolais, eux, il faut porter des gants avant de les fréquenter. Pour répondre directement à votre question, je dirai que Faure se sent bien quand il n’y a pas de contrepouvoirs. Son père avait dirigé le Togo pendant 38 ans sans contrepouvoirs. Comment voulez-vous que le fils soit dans une autre posture ? Il aurait même, s’il le pouvait, demandé le retour et dans l’immédiat le parti unique. La presse Occidentale est aussi tendre avec lui Par L’ex-premier ministre Agbéyomé Kodjo, nous avions en 2002 su que François Soudan, rédacteur en chef de Jeune Afrique avait ses entrées à Lomé II. Combien de Français ont-il pris leur quartier à la présidence togolaise depuis que Charles Debasch a pris le journal l’Union en étau et www.republicoftogo.com qui a tous les rencards publicitaires de la place ? Faure n’est pas bête. Il sait que son pouvoir tient aussi par une haute dose de propagande avec des médias mensonges. Vous ne pouvez pas vous imaginer avec combien de millions il arrose ces derniers. Il vous est arrivé en tant que journaliste de vous décourager ? (Il soupire). Oui ! La dernière fois, c’est sur les ponts métalliques suite aux inondations de 2007. J’ai lâché une brochette de journalistes et d’informateurs dans le tout Lomé parce que je voulais savoir où sont passés les millions des ponts métalliques. Je sais qui et qui a bouffé ces millions. J’ai écrit à l’Ambassadeur Félix Sagbo, indéboulonnable et encore en poste à Bruxelles, afin qu’il me dise où il a mis les ponts métalliques du Togo? Vous a-t-il répondu ? Oui ! Il m’a envoyé bouler vers un ministre… lequel m’a tourné en bourrique parce qu’il n’était plus aux affaires. Je peux vous dire que je n’ai jamais autant été curieux. J’ai fait de cette investigation ma chose privée, mon dada. Je n’avais pas peur de mettre de l’argent dans les poches des gars que j’ai lâché dans le tout Lomé afin qu’ils me localisent les fameux contenairs remplis de ponts métalliques de Félix Sagbo. Je suis sorti avec des cheveux dressés par aveu d’impuissance à la fin. Quant à l’ambassadeur, il a laissé habilement comme il sait le faire des gens me dire que les ponts métalliques étaient dans les contenairs au port de Lomé et que le pouvoir avait envoyé des hommes pour faire une formation en Belgique pour les monter une fois de retour au Togo. Entre 2007 et 2013, les Togolais sont toujours en train de se former comme ingénieurs à Bruxelles. Quand je sais que le régime nazi avait formé en six mois des ingénieurs pour le besoin de la cause, je peux vous dire qu’il m’arrive de vouloir jeter l’éponge. Un journaliste dort bien quand après une investigation, les juges, et les procureurs relayent le travail en disant le droit. Ce n’est pas encore le cas au Togo. Alors que faire pour que le Togo se porte bien ? Quelques phrases ici ne suffiront pas. Nous sommes au milieu du tuyau avec Faure qui tient les deux bouts. Il faut absolument que quelqu’un lui botte les fesses afin qu’il laisse le tuyau et que les Togolais s’échappent. Soyez explicite… Nous avions parlé d’une période transitoire pour mettre les éternels voleurs en col blancs comme tous ceux qui ont brutalisé et tué les Togolais en prison et nettoyer les écuries d’Augias. L’opposition togolaise a finalement laissé échapper cette alternative. Nous n’avons pas un militaire républicain compte tenu même de notre armée très tribalisée. Alors pour moi, la dernière formule est de laisser pourrir la situation pour que les survivants et les générations qui vont suivre aient une vie plus agréable. Comment ? Mettre Faure dans une exception où il ne dirige plus rien et par ricochet embarrasser les blancs tapis à Bruxelles et à l’Elysée qui travaillent avec lui et lui sont d’un soutien indéfectible. La désobéissance civile et autres moyens de lutte sont bien inscrits dans la constitution togolaise, non ? On dit que c’est Gilbert Bawara qui est le fer de lance du soutien à Faure avec les Kabyès dont il est originaire… Je commence par la deuxième question. Si nos frères kabyè ne sont pas pour Faure Gnassingbé comme ils aiment le dire en public, ils ne sont pas aussi pour qu’il quitte le pouvoir. Je sais de quoi je parle et peut étayer mes arguments. Si vous me permettez de paraphraser l’écrivain ivoirien Amadou Kourouma dans Soleil des Indépendances dans mon propre style, je dirai que : « A Kara, devant tous, chacun parle de démocratie et de ses retombées positives, mais chaque kabyè dans sa chambre craint la démocratie ». Concernant le ministre Gilbert Bawara, je dirais aux Togolais de le laisser tranquille. D’abord, il n’est pas devenu proche de Faure quand celui-ci est devenu président. Nous n’allons pas en vouloir à quelqu’un qui prêche pour la propreté et la survie de sa chapelle. Maintenant, j’aurai été fier si vous me posiez la question de savoir pourquoi l’opposition togolaise n’a pas de grandes gueules comme Gilbert Bawara. Deux exemples. En 2010, quand Kofi Yamgnane a voulu briguer à la magistrature suprême, il a d’abord pensé à sa fille Amina Kirch qu’il a imposée aux Togolais de la diaspora comme son porte-parole Europe. Quant à Jean-Pierre Fabre, il est venu en France, sans élections, imposer le très mou Antoine Bawa à la fédération internationale de son parti l’ANC. Conséquence : une encyclopédie vivante comme le politologue Comi Toulabor a jeté l’éponge et un monsieur d’une grande intelligence comme Tido Brassier a quitté le navire. Vous voyez bien que le drame togolais n’est pas là où vous croyez le voir ? La politique, c’est aussi la capacité de savoir qui mettre où et quand il le faut. Le livre de chevet du journaliste Camus Ali Mes petits yeux ont tellement lu sur des histoires de la Franceafrique que je suis au final dégouté par simple aveu d’impuissance de voir les mêmes en Afrique comme en France faire à leur guise et en toute impunité. Un journaliste américain m’a conseillé de lire les livres sur les services secrets du Gallois Thomas Gordon pour mieux comprendre le monde. Depuis j’ai déjà dévoré treize sur les trente-trois qu’il a écrits. Actuellement je lis son chef d’œuvre : Les armes secrètes de la C.I.A : Tortures, manipulations et armes chimiques. Merci de nous voir accordé cette longue interview C’est moi qui vous remercie. Interview réalisée et retranscrite par Lamine Gueye

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