Thursday, July 25, 2013
TOGO: Encore des élections à la togolaise
« Un bien acquis par fraude ne profite jamais longtemps » (Sophocle, Oedipe à Colone)
Il y a un peu plus de huit ans, les Togolais ont connu une violence électorale inouïe qui a fait entre 400 et 500 morts selon les Nations Unies, plus de 800 morts d’après la Ligue togolaise des droits de l’Homme. Une situation qu’ils ne veulent plus revivre sur la « Terre de nos aïeux » et ceux qui sont arrivés au pouvoir à la faveur de ces tueries, ont promis de rectifier le tir. Mais on a l’impression aujourd’hui que les gouvernants surfent sur ces traumatismes pour imposer l’omerta dans le cadre de chaque compétition électorale. Au lieu de faire les réformes politiques nécessaires et organiser des élections transparentes, crédibles et acceptées par tous, Faure Gnassingbé et son bataclan restent dans la logique de conservation du pouvoir par tous les moyens. Pour eux, un scrutin transparent et crédible, c’est celui à l’issue duquel aucune goutte de sang ne tombe. C’est ainsi qu’au cours de la campagne, les candidats d’UNIR n’ont cessé de marteler qu’il faudrait, au nom de la préservation de la paix, avaler tous les résultats qui seront proclamés.
En effet, le scrutin d’hier est une véritable foire aux fraudes. Tout a été fait par la CENI pour démobiliser les électeurs des zones acquises à l’opposition. Bien que certains bureaux de vote aient été déplacés d’un lieu à un autre, aucune mesure n’a été prise pour informer à temps les populations. Ce n’était que vers 14h que certains ont pu retrouver les bureaux dans lesquels ils devraient accomplir leur devoir civique. A la suite de recherches infructueuses, d’autres sont carrément rentrés. Même l’escroquerie organisée par la CENI en collaboration avec Togocel et qui consistait à connaître son bureau de vote en envoyant le numéro de sa carte d’électeur au « 1010 », s’est révélée un canular. Ce numéro a craqué face à la demande. Que dire de ces bulletins déjà entachés ou portant des consignes de vote qui ont été remis aux électeurs ? De plus, les problèmes d’absence des listes d’émargement dans plusieurs bureaux de vote et de retard dans l’ouverture des bureaux de vote se sont posés avec acuité. L’encre indélébile présentée bruyamment a perdu son « indélébilité » dans certains bureaux de vote. Nous ne passerons pas sous silence les votes multiples, le vote des étrangers et des mineurs ainsi que l’existence des bureaux fictifs tant à Lomé qu’à l’intérieur. Comme on le dit souvent, « chasser le naturel, il revient au galop » : UNIR qui a remplacé le RPT, n’a fait que remettre « le top 25 des techniques et stratégies de fraudes électorales ».
C’est en parlant de ces manquements et des endroits où tout se passait bien – une émission de la Radio Légende qui pourrait amener la CENI et les CELI à anticiper les problèmes et réduire les risques de contestation -, qu’un détachement de la FOSEL a fait irruption dans le studio pour nous évacuer des lieux. Juste un coup de tête inspiré par le ministre de l’Administration territoriale et exécuté par la HAAC, en violation flagrante des textes qui régissent la profession. Pendant ce temps, les autres sont autorisés à animer les mêmes émissions sur leur radio. C’est la raison du plus fort en attendant les résultats du « vote des bêtes sauvages ». C’est ça, un scrutin apaisé et transparent au Togo.
Zeus AZIADOUVO
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