Impliqué
à la fois dans les secteurs aérien et bancaire, l'homme d'affaires
togolais plaide pour un regroupement des transporteurs nationaux... et
revient sur la crise de gouvernance à Ecobank.
À
80 ans, l'infatigable entrepreneur togolais n'a jamais été aussi actif.
Après avoir joué un rôle important dans la résolution de la crise qui a
récemment secoué le groupe bancaire Ecobank, dont il est l'un des
fondateurs, le voici qui mobilise son réseau pour augmenter le capital
d'Asky Airlines, sa compagnie aérienne lancée en 2010. De passage à
Paris, il a répondu à nos questions.
Focus
Infos : Ecobank a connu une période de fortes turbulences ces derniers
mois. Le calme semble être revenu depuis que de nouveaux dirigeants ont
été nommés. La crise est-elle terminée ?
Gervais Koffi Djondo
: Je peux vous assurer qu'elle est derrière nous. Des mesures
drastiques ont été prises pour améliorer la gouvernance au sein du
groupe. Un nouveau conseil d'administration vient d'être nommé par un
comité indépendant. Des personnalités extrêmement importantes ont
présenté leur candidature.
Profil
Formé en France, à l'Institut des hautes études d'outre-mer (intégré à l'ENA en 2002) et à l'Institut des sciences sociales du travail de l'université de droit et sciences économiques de Paris (actuelle université Paris-1 Panthéon-Sorbonne), Gervais Koffi Djondo a notamment été ministre des Entreprises publiques et de l'Industrie du Togo, mais aussi président de la Fédération des chambres de commerce et d'industrie de l'Afrique de l'Ouest.
Formé en France, à l'Institut des hautes études d'outre-mer (intégré à l'ENA en 2002) et à l'Institut des sciences sociales du travail de l'université de droit et sciences économiques de Paris (actuelle université Paris-1 Panthéon-Sorbonne), Gervais Koffi Djondo a notamment été ministre des Entreprises publiques et de l'Industrie du Togo, mais aussi président de la Fédération des chambres de commerce et d'industrie de l'Afrique de l'Ouest.
Cela
nous a confortés dans l'idée qu'Ecobank jouit toujours d'une bonne
réputation et que les Africains ambitionnent d'en faire un grand groupe,
créé et géré par eux, comme nous l'avions imaginé.
Au
plus fort de la crise, vous êtes sorti de votre silence pour demander
le départ de Thierry Tanoh, le directeur général. N'était-ce pas prendre
parti dans ce qui ressemblait à une guerre des chefs ?
Absolument
pas. Dans toutes les grandes entreprises confrontées à une situation
semblable, les premiers dirigeants démissionnent afin de faciliter la
résolution de la crise. Lorsqu'elle a éclaté à Ecobank, le conseil
d'administration s'est réuni quatre fois sans qu'aucune décision ne soit
prise.
Il
était impensable de continuer ainsi. À la cinquième réunion, à laquelle
j'ai assisté en tant que président honoraire, j'ai estimé qu'il fallait
donner un signal au marché. L'activité bancaire est une affaire trop
sensible. Je ne pouvais pas rester indifférent.
L'éviction
de Tanoh a marqué l'échec de la succession d'Arnold Ekpé. Albert
Essien, le nouveau directeur, devrait quitter son poste dans deux ans. à
Ecobank, travaille-t-on déjà à un mode de désignation des futurs
dirigeants ?
Quand
Arnold Ekpé est revenu à la tête du groupe, en 2005, il avait pour
mission de préparer sa relève en interne. À son départ, c'est ainsi
qu'aurait dû être désigné son successeur. Nous avons suffisamment de
candidats compétents et qui connaissent bien la maison.
Faut-il ériger cette politique en règle ?
Ce sera à l'appréciation du conseil d'administration.
Outre
Ecobank, vous avez également fondé la compagnie aérienne Asky Airlines.
Quel bilan dressez-vous un peu plus de quatre ans après son lancement ?
Je
suis très satisfait. Nous avons récemment atteint le cap des 10 000
passagers par semaine - contre 8 000 il y a encore quelques mois. Nous
avons commencé avec deux avions ; aujourd'hui, nous en avons sept :
trois Boeing 737 et quatre Bombardier Q400. Et nous allons poursuivre
notre développement.
La
plupart des compagnies régionales ont fait faillite. Mais Asky
maintient son cap depuis son décollage. Comment expliquez-vous cela ?
Nous
avons tiré les leçons du destin d'autres transporteurs. Prenez
l'exemple de la compagnie communautaire Air Cemac. Cela fait quatre ans
qu'elle peine à décoller parce que tel pays veut en avoir le siège, que
tel autre veut nommer le directeur général, etc. Pour réussir ce type de
projet, il faut le mener dans un cadre privé.
Faut-il ériger cette politique en règle ?
Ce sera à l'appréciation du conseil d'administration.
Outre
Ecobank, vous avez également fondé la compagnie aérienne Asky Airlines.
Quel bilan dressez-vous un peu plus de quatre ans après son lancement ?
Je
suis très satisfait. Nous avons récemment atteint le cap des 10 000
passagers par semaine - contre 8 000 il y a encore quelques mois. Nous
avons commencé avec deux avions ; aujourd'hui, nous en avons sept :
trois Boeing 737 et quatre Bombardier Q400. Et nous allons poursuivre
notre développement.
La
plupart des compagnies régionales ont fait faillite. Mais Asky
maintient son cap depuis son décollage. Comment expliquez-vous cela ?
Nous
avons tiré les leçons du destin d'autres transporteurs. Prenez
l'exemple de la compagnie communautaire Air Cemac. Cela fait quatre ans
qu'elle peine à décoller parce que tel pays veut en avoir le siège, que
tel autre veut nommer le directeur général, etc. Pour réussir ce type de
projet, il faut le mener dans un cadre privé.
C'est
ce que j'ai fait avec Asky, qui est aujourd'hui un cas unique en
Afrique, où toutes les compagnies appartiennent à des États. Nous avons
en outre choisi un partenaire technique et stratégique parmi les
transporteurs les mieux lotis du continent : Ethiopian Airlines.
Justement,
il semble qu'Ethiopian Airlines, également actionnaire d'Asky, souhaite
céder ses parts à South African Airways. Confirmez-vous cette
information ?
Je
n'ai été approché par personne dans le cadre d'une telle opération. Si
cela devait avoir lieu, ce serait aux actionnaires et au conseil
d'administration d'en discuter. Ce qui est sûr, c'est que toutes les
compagnies aériennes ont des besoins de financement considérables. Les
actionnaires fondateurs d'Asky, comme la Banque d'investissement et de
développement de la Cedeao, ont déjà décidé d'augmenter leur
participation. Et la Banque ouest-africaine de développement examine le
dossier.
Une augmentation de capital est souvent synonyme de difficultés financières... Est-ce le cas pour Asky ?
Nous
n'avons pas atteint le capital de 60 millions de dollars [environ 44
millions d'euros] que nous avions annoncé. Il est actuellement d'environ
50 millions de dollars. Nous sommes donc en train de l'augmenter de 20 à
25 millions.
Etes-vous rentables ?
Avant
de générer des bénéfices, une compagnie aérienne nécessite beaucoup
d'investissements. En général, on devient rentable sept à huit ans après
le lancement. Asky est sur la bonne voie et devrait l'être d'ici à deux
ans.
En
Afrique de l'Ouest, Asky est concurrencé par Air Côte d'Ivoire, Air
Burkina, Sénégal Airlines et beaucoup d'autres... N'y a-t-il pas trop de
transporteurs dans cette sous-région ?
Depuis
la création d'Asky, je n'ai cessé de réclamer que toutes les compagnies
se regroupent. C'est ce qui est fait dans les pays occidentaux depuis
plus de quinze ans...
Nous avons récemment atteint le cap des 10 000 passagers par semaine
En
Afrique de l'Ouest, j'estime qu'en dehors du Nigeria, dont la
superficie et la taille de la population justifient d'avoir un
transporteur aérien national, une seule compagnie suffit. C'est ce qui
favorisera l'émergence d'un transporteur compétitif et fera baisser les
prix des billets d'avion.
À défaut de regrouper les compagnies aériennes, quel type de coopération peut être mis en place ?
On
peut imaginer toute sorte de coopération, mais elle ne sera jamais
pleine et entière tant que chaque transporteur restera autonome dans sa
gestion, parce que chacun défendra ses intérêts.
Pourquoi
rencontrons-nous des problèmes d'ouverture du ciel, à votre avis ?
Pourquoi Asky ne peut-elle pas transporter des passagers de Ouagadougou à
Abidjan ? Pour moi, la solution est de se rassembler au sein d'un même
groupe.
C'est
ce que j'ai fait avec Asky, qui est aujourd'hui un cas unique en
Afrique, où toutes les compagnies appartiennent à des États. Nous avons
en outre choisi un partenaire technique et stratégique parmi les
transporteurs les mieux lotis du continent : Ethiopian Airlines.
Justement,
il semble qu'Ethiopian Airlines, également actionnaire d'Asky, souhaite
céder ses parts à South African Airways. Confirmez-vous cette
information ?
Je
n'ai été approché par personne dans le cadre d'une telle opération. Si
cela devait avoir lieu, ce serait aux actionnaires et au conseil
d'administration d'en discuter. Ce qui est sûr, c'est que toutes les
compagnies aériennes ont des besoins de financement considérables. Les
actionnaires fondateurs d'Asky, comme la Banque d'investissement et de
développement de la Cedeao, ont déjà décidé d'augmenter leur
participation. Et la Banque ouest-africaine de développement examine le
dossier.
Source : Jeune Afrique Economie
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