Guillaume Ali ATTI est un inspecteur des impôts de classe exceptionnelle. Après avoir servi pendant 36 ans en cette qualité, enseigné la fiscalité à l’ENA 25 ans durant, il sera libéré de la pesanteur de l’administration dans quelques mois pour et s’il le veut bien, travailler pour son propre compte. Handicapé depuis l’âge de 5 ans, son histoire mérite d’être connu. L’homme, parce qu’il le sait vient de publier une autobiographie aux éditions « continent » titré « Régénération ». L’auteur de ce roman, préfacé par Kodzo Vondoly, n’était destiné avec son handicap à être qu’un simple forgeron. Mais il en est fini avec le grade d’inspecteur des impôts de classe exceptionnelle. Comment ? Lire notre interview et surtout le roman pour comprendre une histoire passionnante. pa-lunion.com : Guillaume Ali ATTI Bonjour ! Guillaume Ali ATTI : Bonjour ! Vous êtes inspecteur des impôts de classe exceptionnelle. Alors que vous vous apprêtez à aller à la retraite, vous avez sorti aux éditions « continent » un ouvrage titré « Régénération ». Mais avant d’en parler, que retenez-vous de vos 36 ans de travail au service des impôts ? Je retiens que je suis satisfait d’avoir travaillé pour mon pays comme une personne valide pendant 36 ans. Je crois l’avoir fait avec tout ce que j’ai de meilleur. Je suis donc content d’avoir accompli cette tâche et participé d’une manière ou d’une autre au développement de mon pays. Pourquoi « comme des gens valides ». Stigmatisation et discrimination, vous n’en avez pas été victime vous en tant que personne handicapée ? Je ne pense pas. En tout cas, moi personnellement, je n’ai pas constaté une certaine ségrégation ou une mise à l’écart parce que je suis handicapé. Je remercie d’ailleurs le Seigneur pour tous ceux qui ont eu à me diriger. J’ai connu 9 directeurs au total pendant mes 36 ans de travail à direction des impôts. J’ai été considéré comme un travailleur tout comme tout autre. Pendant que vous partez pour la retraite, vous vous donnez un autre boulot. Subitement vous devenez écrivain. Régénération est une autobiographie de votre personne. Pourquoi avez-vous senti la nécessité de laisser aux générations futures l’histoire de votre vie ? J’ai senti cette nécessité parce que je voulais donner aux autres une image de l’homme. Lorsque vous avez été longtemps sevré de l’amour, et qu’à un moment donné la nature semble regretter ce que vous avez subi, vous avez envie d’une chose : parler, raconter votre expérience de la vie, faire savoir que lorsqu’on se bat, lorsqu’on est décidé, on peut se tirer d’affaire. Et donc moi, j’ai connu la souffrance. Plutôt que cela me désarme, ça m’a stimulé à aller de l’avant qu’être une personne handicapée, ce n’est pas la fin de la vie et que nous pouvons en tant que personne handicapée être utile. A quel moment de votre vie vous avez connu cette douleur si tout le long de votre cursus vous n’avez pas été stigmatisé ? Je suis valide et à 5 ans j’ai été atteint de polio. Je devrais marcher en trainant à 4 pattes comme tout enfant de moins d’un an. Puisque je devrais ramper. Et cela avait conduit les parents à vouloir faire de moi un forgeron. Vous voyez ! Ce n’est pas facile. De forgeron, je suis devenu un inspecteur des impôts. La voie que j’ai suivie a été parsemée de beaucoup d’embûches. Et c’est là que j’ai connu la douleur et la souffrance. Mais cela n’a été pour moi qu’un stimulus pour aller de l’avant. J’ai parlé de souffrance mais Dieu merci que je sois arrivé là où je suis. Je vais partir bientôt. En tant que fonctionnaire de l’Etat, j’ai été de la plupart de tous les combats de l’amélioration des recettes dans notre pays. J’ai travaillé sans être stigmatisé. Donc je suis satisfait. Donc le message c’est « se battre ». On peut toujours y arriver. C’est bien ça ? Absolument. Parce que les gens croient que lorsqu’on est invalide ou handicapé, c’est un quitus pour mendier. Non. Avec le peu de force que nous avons, nous pouvons transformer cette force en énergie créatrice. Et on peut devenir quelque chose. Si la personne valide peut faire cet effort-là, le handicapé aussi le peut. Donc un roman pour tout le monde. Que c’est au bout de l’effort que nous pouvons transformer notre vie. C’est dire au monde en définitive que lorsque vous avez la volonté d’arriver, vous le pouvez. Et pourquoi « régénération ». Parce que vous vous êtes régénéré vous-même ? Absolument. Je suis parti, de rien du tout. On pensait que ma vie était achevée lorsque j’avais été atteint de polio. Personne, absolument personne ne peut croire qu’un jour je serais ce que je suis aujourd’hui. Un enfant qui rampait, qui était hors de la société mais qui arrive à ce stade-là, c’est une renaissance. C’est l’expression que nous avons avec cet arbre coupé et qui a poussé une autre branche et qui porte des fruits. Voilà en quelques sortes je suis né à nouveau et je me suis recréé. C’est bien réfléchi en tout cas. Cet ouvrage « Régénération », plus de 160 pages préfacé de Kodzo Vondoly, qui est aussi votre éditeur aux éditions « continent ». Est-ce à dire M. Ali ATTI que c’est le début d’une carrière d’écrivain ? Je le pense. J’ai beaucoup de choses à dire du fait de la vie, du fait de mon handicap. Donc je peux vous assurer que cela ne va pas s’arrêter sur le seul roman « Régénération » En fait les gens vous espéraient dans un ouvrage technique basé sur ce que vous savez faire le mieux : la fiscalité. Puisque non seulement vous l’exercez, mais vous l’enseignez depuis plus de 25 ans à l’ENA. Mais vous avez surpris tout le monde ? Vous avez raison. Mais j’y pense. Vous savez, la fiscalité comme vous le dites, c’est tout ce que je sais faire. Je l’ai fait pendant des décennies. Si Dieu le veut, dans les années à venir, je vais sortir des livres de fiscalités. C’est aussi vrai que les gens espéraient lire un ouvrage sur la fiscalité quand ils ont été invités ou informé de la cérémonie de dédicace. Je leur ai dit, bientôt, ils me liront sur la fiscalité nationale comme internationale. « Régénération » est un ouvrage conçu sous forme de de lettre envoyé à un certain Emile. Qui est Emile. Votre Papa ? Non. Emile est un ami. Malheureusement depuis 5 ans il n’est plus de ce monde. Que la terre lui soit légère. C’est un ami d’enfance. On se disait tout. Il n’y a pas de secret entre nous. On s’entraidait beaucoup. Et l’idée de ce livre a germé de son vivant. Malheureusement il n’est pas là aujourd’hui pour voir cet ouvrage. Donc pour témoigner cet amour qui existait entre lui et moi. Une manière pour vous de pérenniser son nom. N’est-ce pas ? Exactement. M. Guillaume Ali ATTI, merci ! Merci Ken |
| PA-LUNION |
Monday, December 23, 2013
TOGO:: INTERVIEW de l’inspecteur des Impôts à « l’écrivain »:Guillaume Ali ATTI s’explique
Subscribe to:
Post Comments (Atom)
No comments:
Post a Comment