1.000.000.000.000 de
dollars, soit 500.000.000.000.000 de FCFA, c’est approximativement le
montant qui est illicitement sorti des pays dits « en voie de
développement » chaque année et dissimilé dans des paradis fiscaux par
des responsables opérant dans ces pays pauvres. Un autre rapport de
l’association ONE du célèbre chanteur Bono, vient de prouver si besoin
en est encore, que les pays pauvres ne sont pauvres que parce que leurs
dirigeants le veulent. En même temps que ONE dénonce le pillage
systématique des économies des pays du Sud, spécialement ceux dont les
sols regorgent de ressources minières, ce groupe d’experts propose les
solutions à adopter pour arrêter, ou du moins réduire ces fuites de
capitaux dont la mobilisation rendrait les pays du Sud dont le Togo
créditeurs par rapport au reste du monde.
Les pays les plus pauvres du monde sont
privés, du moins chaque année, de 1.000 milliards de dollars (750
milliards d’euros) par des criminels qui profitent de l’opacité du
système pour dérober des capitaux par le biais du blanchiment d’argent,
de la fraude fiscale et du détournement de fonds.
« Nous connaissons tous le lourd
tribut payé à la corruption. Plus de mille milliards de dollars sont
détournés ou perdus chaque année. De l’argent dont nous avons
terriblement besoin pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le
développement ». Ban Ki Moon, Secrétaire général de l’ONU.
L’extrême pauvreté a diminué de moitié
en 20 ans et pourrait être quasiment éradiquée d’ici à 2030. Mais les
progrès réalisés sont en grande partie compromis, non pas à cause d’une
catastrophe naturelle ou d’une nouvelle maladie, mais pour une raison
bien plus insidieuse.
D’après l’analyse de ONE, au moins mille
milliards de dollars (750 milliards d’euros) s’échappent chaque année
des pays en développement par le biais d’actes de corruption tels que
des accords opaques liés à l’exploitation de ressources naturelles,
l’utilisation de sociétés écrans, le blanchiment d’argent et la fraude
fiscale. Contrairement à certaines idées reçues, cet argent ne provient
pas de l’aide internationale qui a, quant à elle, un impact positif
significatif sur les pays en développement. Des sommes colossales sont
détournées au sein même des budgets et du système économique de pays en
développement, les empêchant de financer leur propre lutte contre
l’extrême pauvreté, les maladies et la famine. Il s’agit tout bonnement
d’un scandale à mille milliards de dollars.
Ce rapport expose le véritable coût
humain de ce scandale et explique comment il pourrait être enrayé. La
mise en place de politiques spécifiques visant à accroître la
transparence et à lutter contre la corruption dans trois domaines-clés –
le secret financier, les transactions liées aux ressources naturelles
et le blanchiment d’argent – pourrait réduire considérablement ces
pertes financières massives. À la clé, de nombreux avantages pour les
pays en développement, parmi lesquels l’accroissement des
Investissements directs étrangers (IDE) et une hausse du Produit
intérieur brut (PIB) allant jusqu’à 0,6% par an.
Là où la corruption prospère, elle
freine les investissements privés, réduit la croissance économique,
accroît le coût des transactions commerciales et risque d’engendrer une instabilité politique. Dans les pays en développement, la corruption tue.
Lorsque des gouvernements sont privés de revenus qui auraient pu être
investis dans les soins de santé, la sécurité alimentaire ou les
infrastructures essentielles, des vies sont sacrifiées et ce sont les
enfants qui en payent le plus lourd tribut. ONE estime que pas moins de
3,6 millions de décès pourraient être évités chaque année dans les pays
les plus pauvres du monde si des mesures étaient prises pour mettre fin à
l’opacité qui permet à la corruption et à la criminalité de prospérer.
Les revenus ainsi récupérés pourraient être investis dans les systèmes
de santé. Bien que la corruption soit principalement le fait d’individus
vivant dans des pays industrialisés comme dans des pays en
développement, de mauvaises politiques peuvent faciliter la corruption.
C’est pourquoi les changements politiques et réglementaires ont un rôle
clé pour lutter contre ce phénomène. Les dirigeants du G20, qui se
réuniront en novembre à Brisbane, en Australie, ont la possibilité
d’aider à mettre fin au scandale à mille milliards de dollars. ONE les
appelle à agir.
Des transactions opaques qui coûtent des vies
Les pays les plus pauvres du monde sont
privés d’au moins mille milliards de dollars (750 milliards d’euros)
chaque année à cause de personnes corrompues qui profitent de l’opacité
du système pour détourner des capitaux via le blanchiment d’argent, la
fraude fiscale et le détournement de fonds. La manipulation illégale du
commerce transfrontalier est la principale cause de perte de ressources
des pays pauvres. L’opacité qui permet à cette activité de prospérer
pourrait aussi contribuer à dissimuler les flux financiers liés à la
corruption et au détournement de fonds par les gouvernants, à la traite
d’êtres humains, à la vente illégale d’armes et à la contrebande, selon
les circonstances. L’analyse de ONE démontre que l’adoption de mesures
pour enrayer ce scandale à mille milliards de dollars pourrait dégager
des revenus conséquents qui, s’ils étaient taxés, permettraient de
générer entre 38,4 et 64,1 milliards de dollars (entre 27,62 et 46,1
milliards d’euros) par an selon une estimation très conservatrice pour
2011. Investis dans des systèmes de santé, ces revenus permettraient :
- d’éviter 3,6 millions de décès par an entre 2015 et 2025 dans les pays à faibles revenus;
- d’éviter 4,3 millions de décès par an entre 2015 et 2025 dans les pays à revenus moyens-inférieurs, nous plaçant ainsi sur la bonne voie pour mettre un terme aux décès évitables d’enfants dans ces pays d’ici à
- De plus, l’éradication de la corruption en Afrique subsaharienne pourrait générer les fonds nécessaires pour :
- éduquer 10 millions d’enfants supplémentaires par an;
- payer 500.000 instituteurs supplémentaires, de manière à assurer l’éducation de tous les enfants non scolarisés dans 16 pays africains ;
- fournir des médicaments antirétroviraux (ARV) à plus de 11 millions de personnes vivant avec le VIH/sida;
- financer près de 165 millions de vaccins.
Que représentent 1.000 milliards de dollars ?
Afin de permettre à chaque habitant de
la planète de se faire une certaine idée de ce que représentent 1.000
milliards de dollars, sachez que :
1- 534 millions de journaux sont publiés
chaque jour dans le monde. Il faudrait ainsi plus de 5 ans pour
imprimer mille milliards de journaux ;
2- Il faudrait environ 31 709 années pour compter jusqu’à mille milliards (à raison d’un chiffre par seconde) ;
3- Une pile de mille milliards de
billets d’un dollar serait haute de 109 220 km, soit un tiers de la
distance entre la Terre et la Lune ;
4- Avec mille milliards de dollars, on
pourrait acheter un café crème à tous les habitants de la planète, tous
les jours, pendant un mois ;
5- Mille milliards de billets d’un
dollar, alignés les uns derrière les autres, s’étendraient sur 155 955
999 km, assez pour atteindre le Soleil ;
6- Mille milliards de dollars sont équivalents aux revenus nationaux combinés de l’Autriche, du Danemark et de la Finlande ;
7- Mille milliards de dollars seraient
suffisants pour acheter 8.928 avions de chasse F-35 Lightning II,
l’avion le plus coûteux jamais construit ;
8- Mille milliards de dollars représentent une somme supérieure aux bénéfices combinés des 86 plus grandes entreprises au monde.
Que faire pour lutter contre ce pillage ?
Le rapport ne se limite pas à
une dénonciation de la fraude. Il donne les clés de la lutte pour
mettre fin à l’état de pauvreté permanente dans laquelle végètent les
pays dits en voie de développement alors que dans la réalité, ce sont
des pays riches appauvris.
Levez le voile sur les sociétés écrans
Les sociétés écrans, les trusts ainsi
que des structures juridiques similaires permettent aux criminels de
dissimuler de l’argent, d’escroquer les gouvernements et les
contribuables et d’accaparer des sommes qui pourraient être affectées
aux services de santé, à l’éducation ou à l’investissement dans des
infrastructures vitales.
Publiez ce que vous payez
Si elles sont exploitées et gérées de
façon responsable, les ressources naturelles peuvent transformer la vie
de millions de personnes. En Afrique, d’immenses gisements de pétrole,
de gaz et de minerais génèrent des revenus considérables qui pourraient
être allouées au développement – mais ils le sont trop rarement. Les
exportations de ressources naturelles depuis l’Afrique ont quintuplé
entre 2002 et 2012. L’expansion de la demande, la hausse des prix des
matières premières et la découverte de pétrole et de gaz dans plusieurs
pays africains pourraient bien être la plus grande opportunité du
continent.
Sévissez contre la fraude fiscale
La fiscalité est le système qui permet à
tous les pays, riches ou pauvres, de payer les écoles, les hôpitaux et
les infrastructures essentielles. Mais la collecte des recettes est une
activité difficile et coûteuse et le manque d’accès à l’information rend
la tâche plus fastidieuse pour les agents fiscaux dans le monde entier.
Soyez transparents: publiez les données gouvernementales
Les données sont des ressources
précieuses. Elles nous aident à comprendre le monde dans lequel nous
vivons. Les données financières permettant de suivre les flux d’argent à
l’entrée et à la sortie des caisses des États (revenus et dépenses) –
en corrélation avec les données relatives à la prestation de services
(comme le nombre d’hôpitaux et d’instituteurs) et aux résultats (taux
d’achèvement de l’école primaire) – sont cruciales pour les prises de
décisions et l’élaboration de politiques publiques avisées. Si la
collecte et l’utilisation de données privées par des entreprises et des
gouvernements prêtent à controverse, l’ouverture des données sur les
activités des gouvernements renforce véritablement le pouvoir des
citoyens. Elles leur fournissent des informations qui leur permettent de
demander à leur gouvernement de rendre des comptes quant à
l’utilisation des ressources publiques.
Commentaires
Ce rapport ne qu’apporter de l’eau au
moulin du leader de l’ANC qui a commenté celui publié fin décembre 2013
par l’ONG américaine Global Financial Integrity. Avant ce rapport de
l’association « One », d’autres comme ceux d’Africa Progress Panel, de
Global Financial Integrity et de World Economic Forum ont déjà dépeint
l’état de pillage des économies des pays du Sud. Mais ce rapport de plus
a le mérite de donner des pistes de solutions accessibles à tous les
pays à l’instar du Togo dont les dirigeants se sont emmurés dans un
silence sur le plan économique.
La semaine dernière, le chef d’un parti
politique a repris la situation des fuites de capitaux et autres
transactions illicites qui mettent à genou l’économie togolaise. Plus de
9.233,5 milliards de FCFA illicitement sortis du pays entre 2002 et
2011. Le 3 septembre dernier, c’est le rapport du Forum Economique
Mondial (WEF) qui a classé 144 pays du point de vue de leur
compétitivité. Le Togo a été classé parmi les…non classés !
Et voici encore un autre rapport qui revient sur les fuites de capitaux
qui appauvrissent des pays comme le Togo, alors que le système de santé
est agonisant, les conditions de vie des fonctionnaires sont
déplorables, l’état des écoles et des universités interpelle, le panier
ou mieux, le sachet de la ménagère devient de plus en plus léger. Et
pourtant, le chef de l’Etat a reconnu qu’« une minorité accapare les richesses du pays ».
A ceux qui continuent de croire que
Faure Gnassingbé serait de bonne foi, le rapport ONE demande dans sa
dernière piste de solutions la publication des données gouvernementales.
Et que tous les contrats d’exploitation des ressources du pays soient
portés sur la place publique. Le Commissaire général de l’Office
togolais des recettes a demandé la déclaration par les directeurs de
cet office de leurs biens personnels. Qu’attend Faure Gnassingbé pour
donner l’exemple et obliger tout son staff et les directeurs des autres
sociétés à faire de même ? A moins que sa déclaration ne soit
destinée qu’à endormir les esprits peu éveillés. Parce que la gestion de
la chose publique intéresse de plus en plus de Togolais.
Abbé Faria LIBERTE TOGO
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