- François Hollande a-t-il les coudées franches pour taper sur les doigts de Faure ?
L’avènement de François
Hollande a suscité beaucoup d’espoir quant au rôle à jouer par la France
dans l’aboutissement de la démocratie au Togo. Mais à l’aune des
récentes révélations qui nous sont parvenues, il urge de se demander à
quel jeu jouent certains hommes politiques français face à l’actuel
régime au pouvoir au Togo. Selon des indiscrétions, des mallettes
continueraient de quitter le Port autonome de Lomé (PAL) en direction de
Paris.
« Selon les informations de sources
crédibles, les autorités françaises auraient saisi les gouvernants
togolais par courrier la semaine dernière au sujet des très
problématiques réformes constitutionnelles et institutionnelles et de la
présidentielle de 2015. Au parfum des derniers développements de
l’actualité sur cette question et faisant bien la part des choses, Paris
exigerait de l’Exécutif togolais, l’exécution des réformes prescrites
par l’Accord politique global (Apg). Une exigence assortie de menace
tacite, car il nous revient que la France menacerait de ne pas
reconnaitre les résultats qui seraient issus d’un éventuel scrutin qui
serait organisé sans les réformes. Et d’autres sanctions pourraient bien
être prises à l’encontre du pouvoir et iraient des châtiments
économiques à l’isolement total du régime, une éventualité qui doit
rappeler le spectre des moments sombres du règne du Père »,
écrivions-nous le 21 juillet dernier. Mais le politique ayant l’art de
badiner avec le sort des peuples et étant passé maître dans l’art de « donner l’impression »,
les dernières informations qui nous parviennent, nous font croire que
le degré de sincérité de la France quant à l’aboutissement des réformes
politiques au Togo n’est pas si élevé qu’on veuille le croire.
« La France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts »,
avait bien dit Charles de Gaulle. Les informations en provenance du PAL
viennent donner raison à cet ancien président. Depuis longtemps, des
soupçons d’« échanges de bons procédés » entre la France et le
Togo pèsent sur les relations entre les deux pays. Il nous revient en
effet que depuis des années, et ceci, à chaque fin de mois, de l’argent
en partance du PAL prend la direction de la France pour atterrir dans
les mains d’agents français portant toujours des « lunettes noires ».
Une source en France nous renseigne que c’est un responsable au PAL qui
serait chargé chaque mois de remettre une valise pleine d’argent en
mains propres aux agents français. Son nom ? Nous le taisons pour
l’instant sans manquer de donner des pistes. Le « porteur de valise »
travaille soit à la Capitainerie, soit à la Facturation. Le doute vient
du fait que l’homme a son homonyme dans l’un des deux services.
Autrement dit, il travaille dans l’un des services alors que son
homonyme opère dans l’autre. Mais un autre indice majeur pourra
renseigner les citoyens. En mai ou juin, il a été victime d’un accident
bénin sur les routes périphériques de la capitale togolaise et s’en est
sorti sans trop de dommages. Nous apprenons aussi de notre source en
France que le porteur de valise a l’habitude de ne pas loger dans les
hôtels, mais de résider chez une connaissance dont le mari est aussi un
gendarme français.
La découverte de ces « échanges de bons procédés »
vient donner du ferment au siphonage de l’économie togolaise dont des
Ong et associations ont fait cas ces derniers temps et que pendant très
longtemps les citoyens ignoraient. C’est d’abord le rapport de Global
Financial Intégrity (GFI) qui a sorti en décembre des chiffres
difficilement imaginables sur les sorties illicites de capitaux du
pays : plus de 8.000 milliards de FCFA sortis par des chemins détournés
entre 2005, année de la captation du pouvoir par Faure Gnassingbé et
2011. 6 ans de règne seulement. Le 3 septembre dernier, deux autres
rapports sont venus confirmer les écrits de GFI. L’association ONE du
chanteur Bono a révélé que plus de 1.000 milliards de dollars sont
illégalement sortis des pays sous-développés vers les pays développés.
Le Togo étant un pays sous-développé, doit figurer en très bonne place,
euphémisme oblige. Le dernier rapport du Forum Economique Mondial (WEF) a
aussi tenté de classer 144 pays du point de vue de la compétitivité de
leurs économies. Là aussi, le Togo figure en très bonne place parmi
les…non classés ! Et pourtant le pays est riche du point de vue des
matières premières. A quoi ont servi ces sorties illicites de capitaux ?
Tout porte à croire que les 170 milliards de FCFA dérobés par des
douaniers ne constituent que la face visible de tout l’iceberg que
représentent les sorties de capitaux. Quelle est précisément la part
réservée à des réseaux en France pendant que des élèves manquent de
table-bancs, les hôpitaux sont dénués du minimum, le citoyen lambda
trouve difficilement un repas quotidien digne de ce nom ?
S’agissant des « échanges de bons procédés »,
les dernières enquêtes menées par des juges français au sujet de la
culpabilité de l’ancien président français Nicolas Sarkozy dans divers
dossiers dont celui de la Libye, ont le mérite de crever un abcès qui
n’a que trop grossi : les financements occultes. Beaucoup avaient pensé
que l’arrivée de François Hollande allait marquer la fin d’un système
qui veut que des dirigeants de pays sous-développés financent ou
renflouent les poches de ceux qui sont censés venir en aide à ces pays.
La contrepartie de telles pratiques est « naturellement » le regard moins dur que les présidents français devront porter sur la situation sociopolitique dans les « Etats financeurs ». Autrement, on s’est toujours posé des questions sur le silence assourdissant de l’actuel locataire de l’Elysée suite à « l’auto-flagellation »
que Faure Gnassingbé et ses députés se sont infligée lorsque le
gouvernement Unir a vu ses projets de réformes rejetés par la majorité
Unir. Et le nouvel opus d’Antoine Glaser, ancien directeur du journal
électronique « La Lettre du Continent » dont nous avons fait écho dans notre parution du vendredi 18 juillet, « AfricaFrance », vient corroborer nos analyses. « …Ainsi,
malgré les promesses rééditées de ruptures, tant François Hollande que
son prédécesseur auraient été « maraboutés » par l’Afrique et ses
dirigeants. Le président français serait parfois « l’obligé » de
certains présidents africains car « celui qui paye commande » », dit entre autre Antoine Glaser.
Abbé Faria LIBERTE TOGO
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