Il était naturellement prévisible que la
récente sortie médiatique de Jean Pierre Fabre qui a ouvertement attaqué
Faure Gnassingbé d’être à la tête d’une bande de pilleurs ayant sorti
illicitement du Togo plus de 8.233 milliards de fcfa en six ans de
gestion du pays, allait faire sortir le pouvoir de ses gongs.
Et bien c’est désormais chose faite. Les médias proches du pouvoir ont
vite fait d’initier et de soutenir une stérile polémique sur ce sujet
pour le moins clair et évident.
Mais puisque les dirigeants au pouvoir ont trouvé juste d’entretenir une polémique sur le sujet, allons-y.
A travers certains journaux proches du pouvoir, il est reproché à
Jean-Pierre Fabre d’avoir prétexté de ce rapport pour attaquer
aveuglement Faure Gnassingbé d’être le responsable direct de ces flux
financiers illicitement sortis du Togo, ce qui dans l’entendement des
détracteurs de Fabre, serait l’expression d’une méconnaissance des
données économiques et donc d’une myopie intellectuelle cuisante.
Ces journaux font constater que ces flux illicites dont il est question,
seraient simplement ceux qui échappent au fisc au Togo et donc ne sont
pas de la responsabilité directe de Faure Gnassingbé. En clair, ces
journaux sont en train de dire aux togolais que ce n’est pas forcément
Faure Gnassingbé et son équipe qui ont sorti illicitement ces fonds dont
s’agit puisqu’il est dit dans le rapport que ces flux sont issus de la
corruption, de la criminalité, du blanchiment etc.
Concédons leur cela et imaginons simplement que par extraordinaire, ces
colossaux flux financiers illicitement sortis du Togo ne sont pas de la
responsabilité directe de Faure Gnassingbé et de sa poignée
d’accaparateurs des richesses de l’Etat.
Analysons en revanche le rapport de la GFI. Il ressort à travers ses
données qu’entre 2002 et 2004, soit sur 3 ans, les flux financiers
illicitement sortis du Togo représentent à peine 1000 milliards de fcfa.
Par contre, à partir de 2005, c’est-à-dire à partir de la période où
Faure Gnassingbé a succédé à son défunt père, ces flux ont subitement
augmenté d’un cran pour atteindre le pic effarant de 2.250 milliards en
2008. Dans tous les cas, de 2005 à 2011, ces flux se chiffrent à 8.233
milliards de fcfa soit une moyenne de 1000 milliards tous les ans qui
sont illicitement sortis du Togo.
Que devons-nous comprendre par ces données ? Qu’il y a eu plus de
désordre, d’anarchie, de gangstérisme économique et de pillage de
ressources de l’Etat que sous son défunt père. C’est évident !
A quoi cela peut-être dû ? D’une part, et comme l’avait soutenu Faure
Gnassingbé lui-même, un tel pillage peut directement venir de la poignée
d’accaparateurs des richesses de l’Etat au détriment de l’écrasante
majorité des togolais.
C’est évident que la poignée dont avait parlée Faure Gnassingbé ne peut
pas s’accaparer de l’essentiel des ressources du pays pour les garder au
Togo.
La technique du camouflage dont ils sont coutumiers les oblige à
évaporer illicitement cet argent vers des paradis fiscaux et des comptes
en Europe et en Asie. Le mercenaire au col blanc qui fait office de
ministre-conseiller à la présidence et dont l’un des fils gère ce genre
de patrimoine en Asie ne nous démentirait guère !
Ceci signifie donc que pour une large part, la sortie illicite de ces
impressionnants fonds relève directement de la responsabilité de ceux-là
que le Président de la République a bien reconnus comme constituant la
poignée qui s’accapare de la quasi-totalité des richesses du pays.
D’autre part, en supposant toujours que le Président de la République ne
fait pas parti lui-même de ceux qui ont illicitement sorti ces
faramineuses sommes d’argent, il demeure que c’est sous son règne que ce
genre de scandales financiers se sont produits.
Comment peut-il alors tenter de se sortir d’affaire dès lors que sa
responsabilité, en tant que Chef d’Etat devant veiller au bon
fonctionnement des institutions de la République, est engagée?
L’on est parfois choqué d’observer la manière lâche avec laquelle les
dirigeants de ce pays sont souvent tentés de se défendre devant des
évidences.
Comment Faure Gnassingbé peut-il expliquer aux togolais que sous son
règne où l’on a abondamment parlé de modernisation, de réformes
économiques, d’augmentation de l’assiette fiscale, de lutte contre le
blanchiment d’argent, l’on constate avec désarroi ce genre de flux
illicites aussi criards que scandaleux ?
Il apparait clairement que tout ce qui est servi au peuple togolais sur
les réformes en question et la traque des faussaires est un vrai
trompe-œil. Le vol et le pillage des ressources du contribuable togolais
ont fait un vrai lit au Togo sous Faure Gnassingbé.
Il faut peut-être rappeler au bon souvenir des togolais que c’est sous
Faure Gnassingbé que l’on a mis en place une cour des comptes.
C’est encore sous lui que l’on installé une inspection des finances
chargée du contrôle financier et consort. C’est aussi sous lui que l’on a
créé le CENTIF dont le cahier de charge est de suivre le flux
financiers sur les comptes en banque et de traquer d’éventuels
faussaires qui feraient du blanchiment et autres pratiques malsaines….
Comment le fils d’Eyadema peut-il expliquer aux togolais que malgré
toutes ces structures et institutions mises en place, son règne ait pu
enregistrer un tel niveau effondrant de flux financiers illicites ?
Alors de deux choses, l’une. Soit Faure Gnassingbé reconnait amplement
avoir pris part aux côtés de sa poignée d’accaparateurs de l’essentiel
des richesses de l’Etat, à ce trafic clandestin d’argent du Togo vers
des paradis fiscaux ou d’autres comptes en Europe et en Asie, ou alors
il assume au moins son manque de leadership, de compétence, de
clairvoyance, de rigueur, d’efficacité…qui ont conduit à ce résultat
désastreux.
Dans un cas ou dans l’autre, toute la responsabilité de ces flux
illicites lui incombe entièrement et sans ménagement. Pourquoi
pense-t-on alors indiqué de soulever un telle polémique sur des faits
aussi évidents ?
En réalité qu’attend un peuple de son leader ? Qu’il affiche des
qualités irréfutables de leadership, de pragmatisme, d’efficacité, de
clairvoyance, de rigueur, qu’il fasse constamment preuve d’une certaine
forme de probité morale, intellectuelle et spirituelle etc.
Tout peuple attend toujours de son chef, des résultats tangibles et
réels à partir d’une vision et d’une action cohérente et soutenue…
Mais dès lors que celui qui est supposé diriger le Togo se révèle à la
face du monde et à travers des rapports rigoureux, être aussi léger
qu’incompétent au point de laisser s’évaporer du Togo autant
d’effarantes sommes, il devrait par lui-même en tirer les conséquences.
On ne peut pas comprendre que des gens tentent de justifier
l’injustifiable ou de défendre l’indéfendable. Le mensonge qui a
toujours été servi au peuple togolais est en train de se révéler au
grand jour et il nous semble que ces révélations ne font que commencer.
En lieu et place d’œuvrer pour l’épanouissement du togolais, les
autorités actuelles ont choisi d’exceller dans le vol et le pillage
systématique des ressources de l’Etat et il a fallu une ONG américaine
pour situer les togolais sur le niveau réel de voyoucratie et de
gangstérisme dont font preuve ces autorités. Qui dit mieux ?
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