L’opposition est à la croisée des chemins
face aux réformes qui doivent intervenir avant l’élection
présidentielle de 2015. La question de la candidature unique est une
autre paire de manche alors que le pouvoir évolue et fait fi des
dissensions au sein de l’opposition. Le conclave entre le CST et la
Coalition Arc en Ciel, les stratégies de l’alternance, les divisions sur
les questions importantes font l’objet de cette interview.
Le professeur Wolou du PSR, parti membre du CST se prononce et pense
plutôt que la dérive annoncée au sein de l’opposition est loin de ce
qu’on pense. Il rassure sur toutes les questions politiques, et aussi de
la vie de son parti, le PSR. Interview.
Indépendant Express : Le Collectif Sauvons le Togo dont vous êtes membre
et la Coalition Arc en Ciel sont depuis un temps en conclave pour sans
doute plancher sur la conduite à tenir vis-à-vis de la présidentielle de
2015 et dégager un candidat unique pour l’élection présidentielle.
Dites-nous, où en êtes-vous aujourd’hui dans les discussions qui sont
très tendues?
Komi WOLOU : En réalité, disons que ces deux éléments ne sont pas en
réalité incompatibles ou ne sont pas contradictoires. La désignation
d’un candidat unique pourrait faire partie des démarches éventuelles
pour aller aux élections de 2015.
Disons qu’aujourd’hui, les travaux continuent, les discussions sont en
cours et il est évident que l’objectif premier, c’est de pouvoir obtenir
des réformes qui pourront nous permettre de nous engager dans un
processus démocratique digne de ce nom.
On peut les obtenir si fondamentalement nous continuons la lutte et que
nous nous mobilisons. Mais qu’on les obtienne ou qu’on ne les obtienne
pas, notre volonté c’est de nous engager dans une démarche unitaire et
cette démarche unitaire suppose que soient définies les modalités en
partant des hypothèses qu’on peut exposer et ensuite retenir les
solutions qui pourraient permettre de mettre fin à la crise qui sévit
dans le pays depuis un temps.
La question de la candidature unique n’est pas exclue de cette démarche.
Si nos analyses nous conduisent à dire que c’est la seule solution
possible, je crois que nous allons nous y engager. Ce n’est pas exclu
mais on ne pourra pas dire que c’est la finalité exclusive non plus.
Vous venez de parler des réformes mais l’opinion nationale a
l’impression aujourd’hui comme l’opposition togolaise est résolument
tournée vers les présidentielles de 2015. Est-ce que vous tenez toujours
à ces réformes?
Mais bien évidement que nous tenons aux réformes et je ne vois personne
remettre en cause cette démarche d’autant plus que nous avons souvent
échangé sur ces questions. Vous pouvez peut-être penser qu’on y tient
pas, mais regardez, c’est l’opposition qui a été à l’origine du dialogue
et lorsqu’à la suite de ce dialogue un projet a été introduit à
l’Assemblée Nationale, c’est l’opposition également qui a voté en faveur
de ce projet ; et quand bien même de manière assez absurde les députés
de UNIR ont rejeté ce projet, nous n’y avons pas encore renoncé.
Nous réfléchissons sur la façon de parvenir à ces réformes tout en se
disant que cela est possible, mais au cas où malgré nos efforts, malgré
notre bonne volonté on ne parvient pas à obtenir ces réformes, que
faut-il également faire?
Je pense que tous ces éléments sont actuellement à l’étude, des
commissions ont travaillé sur ces questions et dans tous les cas, nous
pourrons dire que notre seule arme ou l’arme déterminante est le peuple
togolais et ce peuple a besoin de comprendre et nous leur disons que
nous sommes en train de travailler sur ces questions ; et très
prochainement je crois que les résultats auxquels nous sommes parvenus
seront connus de la population.
- Est-ce qu’une candidature unique de l’opposition en 2015 est incontournable?
Notre vision première c’est d’obtenir des réformes. Peut être que
l’issue des réformes nous dira si cette candidature est la seule
solution raisonnable ou si nous pourrions obtenir plusieurs
candidatures. Mais dans tous les cas, qu’il s’agît d’une candidature
unique ou d’une candidature multiple, tout cela doit s’inscrire dans une
démarche unitaire en ce sens qu’il doit s’agir d’une solution convenue
entre les différents mouvements de l’opposition.
- Alors s’il s’agirait d’une candidature unique, qui selon vous pourrait être le porte flambeau de l’alternance en 2015?
Si nous en arrivons à la solution d’une candidature unique, il ne peut
nullement s’agir d’une candidature ou d’une personne imposée, il doit
s’agir d’un candidat convenu.
Et si dans ces conditions, je vous dis aujourd’hui que voici cette
personne qui doit être le candidat unique de l’opposition c’est comme si
je l’imposais, je crois que tous les acteurs aujourd’hui sont
suffisamment ouverts et le moment venu, des discussions franches sur des
critères objectifs doivent nous permettre, en transcendant si vous
voulez nos ambitions personnelles qui demeurent légitimes dans ces
circonstances, et faire des concessions mutuelles, des discussions
profondes et qui permettent aux uns et aux autres d’êtres rassurés et
surtout de pouvoir faire des sacrifices permettant donc d’aboutir à
cette candidature unique.
- L’opposition pourrait avoir son candidat pour 2015, de l’autre côté
aussi, le pouvoir se prépare et certains disent que rien ne peut
empêcher Faure Gnassingbé de se présenter en 2015, que dites vous d’une
prochaine candidature de Faure en 2015?
Si cette candidature venait à se réaliser, ce ne serait pas avec notre
consentement, ce serait imposé pour la simple raison qu’en réalité et
aujourd’hui cette candidature serait contraire aux principes
démocratiques.
Vous connaissez la tendance sur le plan international, vous connaissez
la tendance dans la sous région également, on ne peut pas se référer au
fait que jusqu’à présent parce que notre constitution n’a pas limité le
nombre de mandat et dire qu’il faudrait pour cette raison que Faure
puisse nécessairement se présenter en 2015.
Je suis suffisamment peiné quand j’entends des hommes politiques dire
que ou bien Faure se présentera et il y aura réformes ou il y en aura
pas. C’est dire qu’on bâti l’avenir de toute une nation à travers une
personnalité. Je peux dire, vous m’excusez, même s’il est le président
de la république, c’est un citoyen, un simple citoyen également, et lier
donc l’aboutissement des réformes au seul élément qu’il puisse se
présenter ou pas, j’avoue que c’est quand même déplorable. Nous, nous
fonctionnons sur la base des valeurs et ces valeurs aujourd’hui sur le
plan international et dans le contexte même de la sous région voudraient
que Faure ne se présente pas.
A sa place, j’aurais pris de la hauteur pour comprendre ces principes élémentaires dans l’intérêt général.
- A quelques mois de la présidentielle de 2015, quelle est l’attitude à
tenir au niveau des états majors de chaque parti politique?
Il faut que chacun fasse preuve d’une rigueur, d’une certaine prudence
de sorte que nous puissions faire ces élections dans de bonnes
conditions. Aucune personne n’est indispensable pour l’avenir d’un Etat
et de la même manière, personne ne saurait également imposer son point
de vue de manière absolue.
Travaillons tous dans l’intérêt de la nation tout en sachant que lorsque
nous travaillons sans des repères, c’est que nous naviguons à vue. Et
quand je parle de repères, pour moi ce sont des valeurs et ce sont ces
valeurs qui doivent à tout moment guider nos actions peu importe les
tendances politiques auxquelles nous appartenons et savoir qu’au delà de
nous, il existe un Etat et que nous avons l’obligation de faire émerger
une nation, que les citoyens soient fiers d’appartenir à cette nation.
- Professeur Komi WOLOU, vous êtes le porte-parole du Pacte Socialiste
pour le Renouveau PSR, il y a un moment, on ne vous sent pratiquement
plus sur la scène politique togolaise. Qu’est ce qui explique ce silence
?
Dire qu’on ne nous sent pas peut être que c’est trop dit, d’autant plus
que nous prenons des positions, nous sommes sur le terrain, nous
travaillons. Il est vrai que l’action que nous faisons au sein du CST,
les concertations qui se font très souvent font qu’on pourrait penser
que nous n’existons plus.
Nos positions sont souvent exprimées au sein de cette organisation mais à
côté de cela nous travaillons sur le terrain pour préparer la voie à
l’alternance.
- Quand on prend le PSR en entité unique, comment se porte ce parti actuellement?
Vous savez parfois, on pense que ce sont les résultats des élections qui
déterminent la vitalité d’un parti. Peut être que c’est vrai! Mais
aussi nous pensons que les valeurs que nous incarnons sont des éléments
essentiels également à prendre en compte.
De ce point de vue nous dirons que nous n’avons jamais renoncé aux
valeurs que nous incarnons et que ces valeurs continuent par gagner du
terrain d’autant plus que notre conviction c’est que seules ces valeurs
permettront au Togo de sortir de sa situation.
Donc le PSR se porte bien et nous sommes persuadés que dans les mois à
venir, nos actions seront encore plus visibles qu’elles ne le sont
actuellement.
- Aujourd’hui le Togo est confronté à différentes crises pratiquement
sur tous les axes, quel regard portez-vous sur la vie socio-politique de
notre pays?
Elle n’est pas totalement sereine, ce sera peut être manquer
d’objectivité et de franchise que de dire que tout va bien. Il y a de
réelles difficultés actuellement sur le plan politique dans notre pays.
Vous savez que nous sommes dans un système qui manque de transparence,
nous sommes également dans un système qui ne respecte pas les principes
démocratiques et lorsque vous luttez contre un tel système, ce n’est pas
toujours facile, vous avez l’impression d’avoir devant vous des
personnes qui ne sont même pas du tout ouvertes aux principes
démocratiques et lorsque les gens sont réfractaires à ces principes
démocratiques et qui s’appuient de surcroît sur ce qu’on peut considérer
comme des moyens de l’Etat, la lutte devient largement inégalitaire, ça
c’est le premier aspect du problème.
Le second aspect, là il ne faut pas non plus l’occulter, c’est que au
sein de l’opposition il y a beaucoup de divergences à surmonter encore
et peut être que l’objectif de l’alternance est un objectif commun, mais
parfois les moyens d’y parvenir ne sont pas totalement les mêmes ou
tout au moins nous n’avons pas la même vision sur ces éléments de sorte
que nous pouvons dire effectivement que le climat politique actuel n’est
pas serein.
Professeur Komi WOLOU, merci!
Merci à vous aussi.
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