Sunday, October 25, 2015

TOGO :: Mois de civisme : Encore du folklore en préparation

Le mois du civisme ! Voilà un concept instauré depuis l’année dernière par le gouvernement pour engloutir des millions dans un projet pour lequel les Togolais ne trouvent aucun intérêt.

« Lancée en octobre 2014, la première édition du mois du civisme a suscité un réel engouement et a souligné la nécessité de poursuivre cette initiative pour renforcer l’esprit civique et à asseoir durablement une culture de la citoyenneté dans notre pays », lit-on dans le communiqué sanctionnant le Conseil des ministres du mercredi 14 octobre dernier. C’est à croire que la culture de la citoyenneté dont parle le gouvernement existe réellement au sommet de l’Etat.

Ainsi, l’on apprend que le mois de novembre sera encore déclaré « mois du civisme ». « Le ministère de la communication, de la culture, des sports et de la formation civique se propose à cet effet de renouveler l’expérience de l’an dernier, en organisant la deuxième édition du mois du civisme au Togo dans le courant du mois de novembre 2015 », a poursuivi le communiqué. On se rappelle encore le folklore organisé l’an dernier par Germaine Anaté Kouméalo, alors ministre de la Communication et de la Formation civique, pour, disait-on, lancer le mois du civisme.

Des pauvres élèves qui souffrent du comportement incivique de leurs dirigeants sont mis au soleil sur l’esplanade du Palais des Congrès. A l’intérieur, se sont réunies des personnalités, celles-là même qui posent difficilement des actes civiques. Elles étaient là avec des discours ronflants.

Chacune appelait au sens du civisme et à la citoyenneté car, à les en croire, « l’éducation civique et citoyenne est un acte de chaque jour qui doit permettre le mieux vivre ensemble, le renforcement de la démocratie et l’édification d’une nation forte, unie et prospère », comme le stipule le communiqué du dernier conseil des ministres. Et puis, plus rien.

C’est à croire également que le mois du civisme se limitait seulement à la cérémonie facturée à coup de millions. L’instauration du « Togo propre » n’est suivi que par quelques citoyens, puisque le projet en soi ne suscite aucun engouement populaire. Demander à un citoyen qui trouve difficilement un repas par jour d’aller balayer la rue, sachant que ceux qui sont au pouvoir ont pris en otage les richesses du pays, relève de l’absurde. Le « mieux vivre ensemble, le renforcement de la démocratie et l’édification d’une nation forte, unie et prospère » se fera difficilement dans un pays où les richesses sont inégalement réparties.

Quelle éducation civique donne-t-on aux citoyens lorsque les premiers responsables du pays se livrent au pillage systématique des ressources, au vu et au su de tout le monde ? Comment peut-on promouvoir l’éducation civique dans un pays où les gouvernants refusent de donner une chance à la décentralisation par l’organisation d’élections locales ?
Aujou
rd’hui, comme le reconnaissent les observateurs, le Togo n’est qu’à l’image de ses dirigeants. Il serait difficile d’imposer aux Togolais la règle selon laquelle « faites ce que nous vous disons, ne regardez pas ce que nous faisons ».

D’ailleurs, les populations ne trouvent pas légitimes ceux qui leur demandent d’être de « vrais et bons citoyens » puisqu’ils sont issus des élections frauduleuses. Organiser des élections frauduleuses est-il un acte citoyen ? Il est facile de dire aux populations de faire-ci ou de faire-ça, sans leur donner de bons exemples.

Sûrement que la cérémonie de lancement du mois de civisme que s’apprête à organiser le ministre de la Communication et de la Formation civique va engendrer des dépenses inutiles. Comme au temps de Germaine Anaté Kouméalo, il y en a qui se verront obligés de faire le griotisme pour s’attirer les bonnes grâces du Prince. On en a déjà vu l’année dernière et rien n’est sûr qu’ils ne rééditeraient pas cet « exploit ». Après tout, ce sont eux qui s’érigent en donneurs de leçons.

Il est clair que la notion de civisme doit commencer par le sommet de l’Etat. Il faut peut-être enseigner aux gens comment ne pas voler les deniers publics, comment éviter de percevoir des rétro-commissions sur les passations des marchés publics qui pénalisent les travaux, comment partager équitablement les richesses entre les filles et fils d’un même pays de sorte à avoir la paix sociale et surtout comment organiser des élections transparentes et crédibles et donner une chance à la démocratie.

C’est à ce prix que les citoyens se sentiront concernés par les affaires de la cité et deviendront de « bons citoyens » capables de poser des actes civiques. Parce que lorsque la tête est pourrie…

Kokou Mitimi (L'ALTERNATIVE)

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