Pascal Bodjona, ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales
Sur le web: samedi 12 mai 2012,
Le Togo s’apprête à aller aux élections législatives et locales en octobre prochain. Des élections crédibles et apaisées, tel est le vœu de tous les acteurs politiques qui s’activent vivement pour leur réussite. Il s’avère donc nécessaire voire indispensable de poser les bases d’un scrutin qui reflète l’image d’un Etat démocrate en réglant les questions essentielles liées à son organisation. Pour se faire, la voie du dialogue est salvatrice. C’est du moins ce que pense Pascal Bodjona, ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, Porte-parole du gouvernement, qui était face à la presse le week-end dernier, dans l’émission « Grand Débat » sur LCF. Tour à tour, les directeurs d’organes de presse, Dimas Djikodo de Forum de la Semaine, Jean Paul Agbo de Focus Info et Augustin Amegan de Canard Indépendant, ont survolé des questions relatives à la CENI, au nouveau découpage électoral, aux réformes constitutionnelles et institutionnelles. Voici quelques éclaircissements du ministre Pascal Bodjona dans l’extrait que voici.
Nous avons amorcé la modification du Code électoral, ce qui a conduit à une discussion avec certains partis politiques qui ne prenaient malheureusement pas part aux travaux du CPDC rénové arguant qu’ils n’étaient pas à l’aise dans un tel cadre pour discuter des questions essentielles. Nous étions tous d’accord sur un listing de près de 29 points de discussion, y compris les discussions liées à l’organisation des prochaines législatives, et comprenant les réformes qui doivent être opérées par rapport à la Constitution et à l’élection présidentielle. Mais les difficultés que nous avons eues étaient sur la formule suivante : est-ce qu’il fallait commencer par la limitation du mandat ou la mise à jour du fichier électoral ? Nous avons fait un pas, nous avons mis sur pieds un bureau dirigé par Parick Lawson de l’ANC. C’était là le seul blocage. Alors, pour le moment, la CENI, dans sa composition actuelle, est le fruit d’une discussion politique avant 2010, qui a été intégrée. Nous nous sommes dit que nous n’allons pas envoyer à l’Assemblée Nationale, un texte qui ne fait pas l’unanimité. Nous estimons qu’il était risqué pour nous de procéder de façon unilatérale à la recomposition de la CENI. Par contre, il est nécessaire qu’on procède à son renouvellement, même à un mois des élections.
Pourquoi ne pas mettre en place une CENI technique comme le préconisent certains partis politiques ?
Bizarrement, l’une des recommandations de la Mission d’observation de l’Union Européenne, c’est d’aller vers une CENI technique. Mais, la même recommandation précise que dans le contexte politique actuel, il est impossible d’aller vers une CENI technique. Et cela s’explique par cette crise de confiance. Si on nomme quelqu’un aujourd’hui, au lieu qu’on dise que ce dernier a toutes les compétences, on dira plutôt qu’il est nommé à ce poste parce qu’il est proche de X ou de Y. Voilà tout le problème.
Par rapport à cette crise de confiance, il faut reconnaître tout de même que de 2005 à ce jour, même si la crise n’est pas enrayée totalement, il y a un début ; le fait que nous acceptions discuter, c’est une avancée. Je pense qu’il faut que chacun fasse un effort et éviter de penser qu’il n’y a que des mauvais dans un camp et des saints dans l’autre.
Quel fichier électoral pour les élections à venir ?
Nous étions dans la logique d’une révision classique mais nous avons vu que, n’ayant même pas commencé le débat, d’aucuns ont comme l’impression que le CPDC n’est pas un bon cadre pour discuter sérieusement. Ce cadre a aussi estimé qu’une révision classique ne va pas permettre de résoudre le problème du fichier électoral. L’une des recommandations de cette Mission d’observation, c’est de faire en sorte qu’on puisse sortir de la liste électorale actuelle des personnes décédées et je pense que beaucoup d’acteurs politiques se retrouvent dans cette dynamique de sorte qu’on aille vers la réforme du fichier ; et je pense que nous irons, pas vers une révision mais une réforme du fichier électoral. Et il y aura un recensement dont les localités seront fixées par la CENI.
Certains politiques estiment qu’à partir du moment où le RPT est dissout, tous les compromis issus de l’Accord Politique Global (APG) auxquels ce parti a souscrits, ne tiennent plus debout. Que répondez-vous à ceux-là ?
C’est malheureux que certains leaders de partis politiques le disent. Mais, d’autres par contre, estiment que la bible politique togolaise devait être l’APG. Si l’APG est un instrument d’apaisement politique, si l’APG doit permettre à ce pays d’aller sur le chemin de la consolidation de sa démocratie, je crois que, même s’il avait été signé par des entités, il devient une propriété de tous les Togolais.
Le redécoupage électoral fait grincer les dents dans les rangs de l’opposition. Quel a été le fil conducteur de ce nouveau découpage électoral ?
Il y avait un esprit d’équité et de justice. Même si nous n’avons pas eu un cadre formel pour discuter, nous n’avons pas été guidés par nos seuls sentiments pour fixer les critères. Nous estimons donc que ce découpage est le plus équitable, le plus juste. C’est évident que de l’histoire de toutes les sociétés démocratiques, le découpage n’a jamais fait l’unanimité. Il n’y a pas de découpage idéal mais on doit s’efforcer à ce qu’il soit équitable et juste. Pour y arriver, il fallait donc tenir compte de certains critères qui ont d’ailleurs été proposés par l’UFC, l’ANC et même dans les recommandations de la CVJR. C’est parce que nous pouvons donner des garanties que nous avons respecté ces critères pour arriver à un découpage qui puisse permettre de régler un certain déséquilibre entre les préfectures et notamment entre la commune de Lomé, en particulier la Préfecture du Golfe.
Que pensez-vous du dérapage intervenu dans la manifestation du Collectif « Sauvons le Togo », notamment l’agression du correspondant de Reuters, Noël Tadegnon ?
Nous regrettons tous ce dérapage et c’est le lieu de transmettre toute notre compassion au journaliste Noël Tadégnon. S’il y a possibilité de discuter, de dialoguer, cela peut nous permettre d’éviter certains dérapages inutiles. L’alternance ne peut pas s’entendre comme une décision. Ce qui nous divise essentiellement aujourd’hui, sur lequel la classe politique ne s’entend pas, c’est les réformes constitutionnelles relatives à l’organisation des élections présidentielles. Mais, qu’on le veuille ou pas, la meilleure voie de dévolution du pouvoir, c’est l’élection.
Je suis d’accord que le processus peut ne pas être parfait, mais nous sommes ouverts à toute proposition. C’est l’erreur que nous faisons. Ce n’est pas parce qu’une proposition vient d’un adversaire politique, qu’il faut automatiquement la rejeter sans l’avoir étudiée. La Charte des partis politiques recommande que les partis politiques ne peuvent pas se comporter en ennemis ; mais plutôt c’est dans le respect mutuel, que nous pouvons participer à la construction nationale. L’adversité politique ne peut pas s’entendre comme des ennemis.
Que répondez-vous à ceux-là qui disent que le blocage de l’alternance se situe au niveau de la Présidence ?
Dans un pays, il doit y avoir de l’alternance. C’est tout à fait normal. Mais l’alternance ne c’aurait être décrétée ! Vous n’allez pas dire à quelqu’un que l’alternance s’entend que vous décidiez aujourd’hui de quitter le pouvoir. Il faut créer les conditions d’alternance ; et la meilleure dévolution du pouvoir, c’est l’élection.
Pouvez-vous nous garantir que les élections de 2012 seront paisibles ?
Je n’ai pas de garantie à donner, mais j’estime qu’elles doivent être non seulement paisibles mais aussi transparentes. En cela, j’appelle de nouveau, toute la classe politique à trouver toutes les voies possibles pour que les fils du dialogue ne soient pas rompus. Les modifications sont là, mais elles ne sont pas aussi de nature à fermer toutes les portes du dialogue, qu’il soit formel ou informel.
PA LUNION
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