« Cité Mokpokpo ». C’est le nom donné à un projet dit pilote qui devra faire sortir de la terre 1000 logements sociaux. La taille de la construction indique bien qu’elle nécessite une surface conséquente. 12,5 hectares d’aires sont requises pour matérialiser le projet. Seulement, l’emplacement pose problème. Le patrimoine foncier du plus grand lycée technique de Lomé est grignoté dans une grande partie pour donner corps à « Cité Mokpokpo ».
Une infrastructure immobilière qui réduit considérablement la surface d’un centre d’éducation appelé à se développer. Cela se passe depuis quelque temps à Adidogomé où les élèves et les enseignants voient stupéfaits, les engins lourds troubler la tranquillité des lieux.
En réalité, il s’agit de la phase d’exécution du projet qui a été paraphé depuis janvier 2015. « Signature d’un protocole d’accord avec l’Etat togolais/Le projet de logements sociaux « Cité Mokpokpo » est officiellement lancé. De nombreux travailleurs togolais pourraient voir leur projet de bien se loger à coût modéré devenir réalité dans un proche avenir grâce au projet pilote de 1000 logements sociaux de la « Cité Mokpokpo » à Lomé dont les travaux de construction vont démarrer d’ici deux ou trois mois. La signature de conventions et de protocoles d’accord relatifs à ce projet a eu lieu vendredi dernier, à la salle Entente du CASEF. Les documents ont été signés d’une part, par le ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, M. Fiatuwo Kwadjo Sessenou et le directeur général d’Abri 2000, M. Elie Touma et d’autre part, par le ministre de l’Economie et des Finances, M. Adji Otèth Ayassor, et les partenaires : Orabank, Banque Atlantique et BIA-Togo », a rapporté le site orabank.net. Le sort du lycée était donc scellé depuis et à l’insu des apprenants et de beaucoup d’enseignants.
Or, un tel projet ne saurait se réaliser sans préalablement tenir informé le plus grand nombre d’enseignants et d’élèves. Cette étape a été aussi négligée même si le proviseur qui a apparemment eu connaissance de la construction ne pouvait pas opposer un refus. Cela dénote en réalité du manque de considération qui est accordé à ce lycée qui a formé et continue de former les élites de demain dont le pays a besoin.
De plus, les concepteurs ont malheureusement empiété sur un terrain qui pourrait éventuellement servir aux besoins éducatifs dans le futur. La logique, « gouverner, c’est prévoir » est volontairement délaissée au nom des intérêts économiques des principaux signataires du protocole qui a acté le bradage des parcelles du lycée technique.
On voit bien toute la contradiction de ces banques qui prétendent avec tambour soutenir l’éducation en gratifiant souvent les élèves de dons de fournitures scolaires ou baissant des taux d’intérêts pour leurs clients à l’approche des rentrées scolaires. Elles auraient pu anticiper compte tenu de leurs images qui les préoccupent tant, laisser ce vivier de cadres dont ils auraient probablement besoin demain et chercher un emplacement. Ce n’est pas l’endroit qui doit accueillir « Cité Mokpokpo » qui manque à Lomé où dans ses périphéries. Malheureusement, cette volonté affichée de réduire l’espace du lycée technique illustre combien l’argent prime sur l’éducation.
Sans entrer dans les détails des investigations menées par le confrère « Liberté », les 1000 logements sont vantés en prenant soin d’occulter volontairement la part réservée à l’éducation. Un paradoxe entoure la démarche des autorités en matière d’éducation et de projection. En effet, le 23 octobre 2015, le chef de l’Etat a inauguré le complexe technique du lycée de Tokoin. Une initiative rendue possible grâce à la disponibilité des parcelles de terrain. Pourquoi n’aurait-on pas pu s’inspirer de cela pour trouver un espace convenable à « Cité Mokpokpo » ? Pourquoi cela n’aurait-il pas incité un projet modèle au lycée technique d’Adidogomé ou dans d’autres établissements?
Ce qui s’y passe illustre comment le pouvoir brade les ressources de l’Etat à des privés à cause des retro commissions qui sous-tendent ces projets. Les exemples sont légion. Les banques, notamment la Banque togolaise de développement (BTD) et la Banque populaire pour l’épargne et le crédit (BPEC), sont privatisées. Autant d’exemples qui laissent dire que la spirale de privatisations s’invite dans le domaine de l’éducation. Il arriverait un jour où les tables-blancs des écoles seront, à la mesure où vont les choses, privatisées.
Rien ne semble arrêter le gouvernement dans la cession de ses biens aux privés guidés uniquement par les profits. Le social leur importe peu, et c’est dommage que les autorités n’arrivent pas à résister aux espèces sonnantes et trébuchantes. Dire que ce sont les parcelles du lycée d’Adidogomé qui sont disponibles pour ce projet, relève tout simplement d’ « un accaparement de terrain ».
La poussée démographique en matière d’éducation avec le foisonnement des établissements scolaires doit plutôt inciter le gouvernement à préserver des terrains pour l’avenir.
(L’ALTERNATIVE)
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