Saturday, December 12, 2015

TOGO : 67e Journée internationale des droits de l’Homme : Un contexte de violations des droits de l’Homme et d’arbitraires au Togo

Les droits de l’Homme sont à l’honneur aujourd’hui, à la faveur de la journée internationale des droits de l’Homme célébrée chaque 10 décembre. Il s’agit de la 67è édition en cette année 2015. Ce sera encore l’occasion des discours mielleux pour les gouvernants qui vont peindre une situation rose au Togo. Mais cette célébration intervient dans un contexte assez lugubre de violations de droits fondamentaux qu’il est opportun de relever.
Les hypocrites | Caricature : Donisen Donald / Liberté
Les hypocrites  » célèbrent  » la journée des Droits de l’Homme au Togo| Caricature : Donisen Donald / Liberté
L’édition 2015 célébrée au Togo
Notre pays a pris goût à la célébration de cet événement et il devrait encore être observé dans notre pays. Les partenaires européens du moins pour qui c’est un réflexe, ont concocté un programme à cette occasion. L’Union européenne a prévu un ensemble de manifestations du 6 au 10 décembre.
Une course populaire a été programmée le dimanche 6 décembre dernier. Une rencontre avec les écoles était prévue pour hier. Aujourd’hui, doit se tenir une conférence à l’Université de Lomé sur le terrorisme, ce fléau qui connait un regain d’activité depuis plusieurs semaines. L’apothéose des festivités est un bal populaire gratuit organisé le samedi 12 décembre.
Outre l’Union européenne, le Mouvement Martin Luther King, La Voix des Sans-Voix, dans le cadre de la célébration de son 10è anniversaire d’existence, fait également un clin d’œil à cette journée internationale des droits de l’Homme. L’association dirigée par le Pasteur Edoh Komi, très actif dans la défense des droits de l’Homme au Togo, compte lancer ce jour une campagne à Vogan, à l’intention des populations des préfectures de Vo, de Yoto, de Tabligbo, des Lacs et du Bas-mono, sur la justice populaire, les droits et devoirs des citoyens contenus dans la Constitution togolaise et les 30 articles de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.
Au niveau du gouvernement, il sera sans doute tenu des manifestations pour marquer l’événement. Ce sera une fois de plus l’occasion des beaux discours des gouvernants, avec en prestation le ministre de la Justice à qui a échu entre-temps le volet des droits de l’Homme, Pius Agbetomey, et d’évoquer des actes folkloriques et des textes réglementaires adoptés ou ratifiés par le Togo.
Instituée depuis 1950 par l’Assemblée générale des Nations Unies, la journée internationale des droits de l’Homme sert à promouvoir auprès de tous les peuples la Déclaration universelle des droits de l’Homme qui concentre l’ensemble des droits fondamentaux de l’Homme, un idéal à atteindre par tous et par toutes les Nations. La célébration de cette année est consacrée au lancement d’une campagne marquant le 50e anniversaire des deux Pactes internationaux relatifs aux droits de l’Homme adoptés par l’Assemblée générale des Nations Unies le 16 décembre 1966 : le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.
Dénommée « Nos droits. Nos libertés. Toujours. », cette campagne centrée sur le thème des droits et libertés – liberté de parole, liberté de culte, liberté de la misère et liberté de la peur – sur lesquels se fonde la Charte internationale des droits de l’homme, vise à promouvoir et sensibiliser à ces deux textes essentiels. La campagne est censée durer toute l’année 2016.
De la situation des droits de l’Homme au Togo, un contexte lugubre de violations
Il est bien souligné dans le préambule de la Constitution togolaise de la IVème République, l’engagement du peuple togolais à bâtir un Etat de droit fondé sur le pluralisme politique, les principes démocratiques et la protection des droits de l’Homme tels qu’énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, la Charte des Nations Unies, les Pactes internationaux de 1966 et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.
Par ailleurs, l’article 50 de la même Constitution proclame bien que « les droits et devoirs énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans les instruments internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par le Togo font partie intégrante de la présente Constitution ». A plusieurs reprises dans les discours des officiels, il a été chanté que le Togo s’est engagé dans un processus irréversible de consolidation de la démocratie et d’enracinement de la culture des droits de l’Homme. Une chose est certaine, il est partie de la quasi-totalité des instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme. Les textes établissant les droits fondamentaux de l’Homme, ce n’est donc pas cela qui manque.
« Le Togo doit devenir la plus belle vitrine des droits de l’homme ». Tel est le souhait émis par l’ancien Premier ministre Arthème Ahoomey-Zunu le 10 décembre 2012, à l’occasion de la 64è édition de la journée internationale des droits de l’Homme et du lancement de ce qui était pompeusement appelé « Foire aux droits de l’Homme », après avoir dardé que « Le gouvernement ne faillit pas à son obligation de protéger et de promouvoir le respect de la dignité humaine et à rendre visibles les actions et les efforts qu’il entreprend quant à l’amélioration de la situation des droits de l’Homme au Togo».
Plus que des discours et des manifestations folkloriques, la célébration de cette 67è édition devait être l’occasion d’établir une situation des droits de l’Homme dans notre pays. Les Togolais se verront rebattre les oreilles avec des paroles mielleuses des gouvernants, disions-nous. Mais au-delà des discours officiels qui seront servis et qui décriront le Togo comme un havre des droits de l’Homme, chaque citoyen saura apprécier. Cette célébration de la journée internationale des droits de l’Homme intervient justement dans un contexte particulier bien aux antipodes de cet idéal qu’il urge de relever.
Alors que la vie est dite sacrée et le droit à la vie est consacré par la Déclaration universelle des droits de l’Homme et même la Constitution togolaise, ce droit est bafoué au Togo par les gouvernants qui, au nom de l’érection d’une faune, enlèvent la vie à des êtres humains à Mango. Pour bien caricaturer la situation, il sied de dire qu’« on tue les humains pour protéger les animaux ». Ils sont huit (08) civils à s’être vu ôter la vie par des tirs à balles des corps habillés sur les populations aux mains nues. Et c’est la terreur qui est imposée en plus aux habitants de la localité qui vivent sous la hantise des affres du passé avec l’existence de la faune.
La sécurité est un droit consacré par les textes et reconnu aux citoyens. C’est un serment que les gouvernants ont fait de les protéger et leur préserver la vie. Mais ils sont abandonnés aux mains des braqueurs qui, pour leur soutirer leurs biens, leur ôtent la vie. Il urge aussi d’évoquer par la même occasion le fléau de la vindicte populaire qui devient banal. Tout se passe comme il n’y a plus de forces de l’ordre et de sécurité pour offrir la quiétude nécessaire aux populations.
Les actes de torture et les autres traitements cruels, inhumains et dégradants font partie des crimes imprescriptibles combattus par les instances onusiennes et tous les instruments internationaux. Le pouvoir Faure Gnassingbé, à plusieurs reprises appelé à criminaliser ces fléaux, n’a pas cru devoir les rendre imprescriptibles. Dans le nouveau Code pénal voté le 2 novembre dernier, il a confiné la poursuite des crimes de torture dans une limite de cinq ans. Une façon tacite de protéger les tortionnaires qui ont excellé dans plein de dossiers et continuent de collaborer avec Faure Gnassingbé.
La liberté de presse et d’expression est consacrée aussi bien par la Constitution que par les textes internationaux. Alors que la dépénalisation du délit de presse valait des lauriers au Togo, le pouvoir n’a trouvé mieux que de ramener le Togo « cent ans en arrière » en le « repénalisant », à travers l’article 497.
Droit de choisir librement ses dirigeants, les corps habillés qui tirent sur des civils aux mains nues, l’impunité garantie… les illustrations ne manqueront pas pour peindre le tableau sombre des droits de l’Homme au Togo.
Tino Kossi, Liberté

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