Sur un autre plan, Agbéyomé Kodjo
décortique l’accord climatique intervenu le 12 décembre dernier à Paris
dans le cadre du COP21. Lire l’intégralité de l’interview réalisée par
l’Agence de presse Afreepress.
Bonjour Monsieur Agbéyomé Messan KODJO. Vous revenez de la COP21. À quel titre y étiez-vous ? Qu’est-ce que la COP21 ?
AGBEYOME Messan Kodjo :
Comme vous le savez sans doute, j’assume le mandat de Vice-Président
du -Bureau International du Forum Francophone des Affaires-, et celui de
Président du Groupe Afrique de cet Organisme International de la
Francophonie à vocation Économique.
C’est dans ce cadre que le -Forum
Francophone des Affaires- organise au début du mois de décembre de
chaque année, à l'abbaye de Royaumont, un ancien monastère cistercien
situé dans le hameau de Baillon à Asnières-sur-Oise dans le Val-d'Oise, à
environ trente kilomètres au nord de Paris, en collaboration avec
monsieur Jérôme CHARTIER député du Val-d’Oise, les « Entretiens de
Royaumont» que l’on peut valablement qualifier de remarquable forum de
discussion, de partage d’informations, d’échange d’idées, de rencontre
et de réflexion sur la politique, l’économie, et sur la marche du monde.
D’éminentes personnalités ainsi que des
orateurs de bon niveau, issus du monde politique, économique, culturel,
et social, ainsi que des Chefs d’entreprise y prennent part.
C’est ainsi que la session de cette
année 2015 a accueilli le Président du Sénat du Nigéria, le Ministre de
l’Environnement de Mongolie et fut attentive aux interventions
d’orateurs prestigieux tels que monsieur Jacques ATTALI, Ancien
Conseiller Spécial du Président François MITTERRAND, monsieur Alain
Juppé Maire de Bordeaux, Ancien Premier Ministre, de Chefs d’Entreprise
comme, le Président Directeur Général du Groupe AXA, monsieur Henri de
CASTRIES, le Président du Directoire du Groupe Clarins, monsieur Olivier
COURTINS-CLARINS, le Chef Créateur gastronomique, monsieur Alain
DUCASSE, le Directeur Général Délégué d’Airbus, monsieur Marwan LAHOUD,
et monsieur Lionel Zinsou, Premier Ministre du Bénin et Candidat à
l’élection présidentielle dans son pays, pour ne citer que ces
personnalités au nombre de tant d’autres.
La thématique retenue cette année, et
intitulée : « Et vous comment êtes-vous green ? » fut bien entendu
empreinte de l’événement planétaire que constitua la Conférence de Paris
sur le climat la dite COP 21, reprenant en creux les préoccupations
relatives à la préservation de la nature et du climat.
C’est à la croisée de ces deux
évènements, d’estimable portée que je me suis retrouvé à Paris et ai
saisi en opportunité, l’occasion d’accompagner la délégation togolaise
pendant trois journées aux travaux de la COP 21, puis de me replier par
suite, dans le Val-d’Oise à l’Abbaye de Royaumont pour les distingués
travaux de notre Forum annuel.
L’on peut dès lors, considérer qu’à
Paris, j’ai pris part à deux événements majeurs ayant la même
thématique, la même préoccupation, les mêmes objectifs : le
réchauffement climatique et comment y remédier.
S’agissant de la Conférence de Paris sur
le climat dite COP 21, les termes de l’accord qui clôturera cette 21e
conférence des parties à la Convention-cadre des Nations-unies sur les
changements climatiques devront revêtir un caractère universels,
contraignants et significativement solidaires à l’égard des pays
émergents ainsi que des pays en développement, en vue d’assurer à ce
bloc de pays, une transition énergétique qualitative et afin que soient
scrupuleusement contenus les ravages du réchauffement climatique.
Du point de vue logistique, de
l’organisation et de la gestion par la France de la COP 21, et ce, en
dépit de la barbarie inhumaine et aveugle qui a endeuillée la ville de
Paris, ce fut un véritable succès qui mérite d’être salué comme tel.
Je ne doute pas un seul instant qu’il ne
vous a pas échappé que chez nous au Togo, le réchauffement climatique
provoque des dégâts énormes, notamment, la sécheresse, la montée de
l’océan, l’érosion des côtes maritimes, le déplacement de la façade
maritime qui je le rappelle, a déjà "avalé" deux tronçons de nos
infrastructures routières. Il s’agit là de réelles menaces
d’ensevelissement de nos villes côtières !
Le doute n’est plus permis : Le
réchauffement climatique, assèche nos lacs, aride les espaces
cultivables, menace les productions agricoles et les espèces animales.
De ce saisissant constat qui résulte incontestablement de désordres
climatiques, l’appauvrissement des populations est patente, la famine
sévit, et les mouvements migratoires prospèrent.
Des mesures contraignantes destinées à
réduire les émissions de gaz à effet de serre dues à la combustion de
charbon, de pétrole et de gaz adossées à une forte incitation à
privilégier le recours aux énergies renouvelables au détriment des
énergies fossiles responsables de la dégradation de l’environnement
devront, me semble-t-il, être érigées en règle commune.
Enfin, pour clore mon propos sur ce
chapitre, ma présence au rang de la délégation togolaise à la COP 21,
fut une heureuse occasion de côtoyer et d’échanger avec des responsables
politiques de haut niveau, tels que la plupart des Chefs d’États
Africains, des Présidents des puissances Occidentales, et l’Ancien
Vice-Président des Etats-Unis d’Amérique, Monsieur AL Gore qui fut un
précurseur en matière de défense de l’environnement. J’avoue que ce fut
très enrichissant et fructueux pour l’esprit.
S’agissant du contenu des « Entretiens
de Royaumont », j’en ai retenu qu’être « green » c’est d’abord défendre
une certaine vision de l’homme et de sa place sur Terre, c’est prendre
conscience de ce que l’homme moderne gaspille les ressources naturelles
et se considère à tort, comme une force extérieure à la nature qu’il
cherche à dominer et à conquérir.
Comment avez-vous accueilli
l’annonce de l’accord de Paris sur le climat ? Avec beaucoup d’optimisme
ou de pessimisme après plusieurs jours d’âpres négociations?
AMK : ce fut un grand
soulagement car les négociations furent âpres et les pays pollueurs
rechignaient à s’engager financièrement pour soutenir les pays émergents
et les pays en développement.
Sur le plan purement politique,
croyez-vous qu’il y a matière à comparaison entre vous et le
tout-nouveau président élu du Burkina-Faso ?
AMK : Je salue
l’élection de Monsieur Rock Kaboré à la magistrature suprême du pays
frère du Burkina, et lui souhaite toutes les réussites dans sa nouvelle
haute fonction.
S’il est tentant de percevoir quelque
similarité dans nos parcours politiques respectifs, pour autant, je
dois admettre que les contextes politiques de nos deux pays ne sont pas
les mêmes.
Peut-on dire que vous et
Roch-Marc Christian Kaboré avez eu la même communauté de destin sauf que
lui a su marquer son essai et vous non ?
AMK : L’accession à la
fonction présidentielle n’est pas toujours un concours qui donne ses
chances à de hauts serviteurs de l’État. Si tel était le cas, en France
des personnalités politiques de premier plan comme monsieur Michel
ROCARD, monsieur Laurent Fabius, monsieur Dominique Strauss Khan y
seraient parvenus. N’est-ce pas cher ami ?
Comment appréciez-vous les
propositions du gouvernement togolais de mettre en place une CENI
technique en lieu et place d’une CENI politique ?
AMK : Les structures
quelque qu’elles fussent sont à l’image des hommes et des femmes qui les
animent. Le constat est partagé de ce qu’une CENI politique engendre
des rivalités entre les acteurs politiques qui tous recherchent la
victoire de leurs camps aux différents scrutins.
Une CENI Technique peut être une
solution intermédiaire, en attendant de confier la responsabilité de la
gestion des scrutins électoraux au Ministère de l’Administration
Territoriale, pour peu que toutes les balises assurant l’intégrité des
suffrages exprimés et la vérité des urnes, soient garanties.
Propos recueillis par Olivier A.
Afreepress
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