Thursday, December 24, 2015

Agbéyomé Kodjo parle enfin du lien entre lui et Roch Marc Christian Kaboré

L’ancien Premier ministre Messan Agbéyomé Kodjo sort enfin de son silence pour faire son analyse de l’élection de Roch Marc Christian Kaboré au Burkina Faso et parler du lien que l’on tente de faire entre lui et M. Kaboré. « L’accession à la fonction présidentielle n’est pas toujours un concours qui donne ses chances à de hauts serviteurs de l’État. Si tel était le cas, en France des personnalités politiques de premier plan comme monsieur Michel ROCARD, monsieur Laurent Fabius, monsieur Dominique Strauss Khan y seraient parvenus », confie-t-il.

Sur un autre plan, Agbéyomé Kodjo décortique l’accord climatique intervenu le 12 décembre dernier à Paris dans le cadre du COP21. Lire l’intégralité de l’interview réalisée par l’Agence de presse Afreepress.

Bonjour Monsieur Agbéyomé Messan KODJO. Vous revenez de la COP21.  À quel titre y étiez-vous ?  Qu’est-ce que la COP21 ?
AGBEYOME Messan Kodjo : Comme vous le savez sans doute, j’assume  le mandat de Vice-Président du -Bureau International du Forum Francophone des Affaires-, et celui de Président du Groupe Afrique  de cet Organisme International de la Francophonie à vocation Économique.

C’est dans ce cadre que le -Forum Francophone des Affaires- organise au début du mois de décembre de chaque année, à l'abbaye de Royaumont, un ancien monastère cistercien situé dans le hameau de Baillon à Asnières-sur-Oise dans le Val-d'Oise, à environ trente kilomètres au nord de Paris, en collaboration avec monsieur Jérôme CHARTIER député du Val-d’Oise, les « Entretiens de Royaumont» que l’on peut valablement qualifier de remarquable forum de discussion, de partage d’informations, d’échange d’idées, de rencontre et de réflexion sur la politique, l’économie, et sur la marche du monde.

D’éminentes personnalités ainsi que des orateurs de bon niveau, issus du monde politique, économique, culturel, et social, ainsi que des Chefs d’entreprise y prennent part.

C’est ainsi que la session de cette année 2015 a accueilli le Président du Sénat du Nigéria, le Ministre de l’Environnement de Mongolie et fut attentive aux interventions d’orateurs prestigieux tels que monsieur Jacques ATTALI, Ancien Conseiller Spécial du Président François MITTERRAND, monsieur Alain Juppé Maire de Bordeaux, Ancien Premier Ministre, de Chefs d’Entreprise comme, le Président Directeur Général du Groupe AXA, monsieur Henri de CASTRIES, le Président du Directoire du Groupe Clarins, monsieur Olivier COURTINS-CLARINS, le Chef Créateur gastronomique, monsieur Alain DUCASSE, le Directeur Général Délégué d’Airbus, monsieur Marwan LAHOUD, et monsieur Lionel Zinsou, Premier Ministre du Bénin et Candidat à l’élection présidentielle dans son pays, pour ne citer que ces personnalités au nombre de tant d’autres.

La thématique retenue cette année, et intitulée : « Et vous comment êtes-vous green ? » fut bien entendu empreinte de l’événement planétaire que constitua la Conférence de Paris sur le climat la dite COP 21, reprenant en creux les préoccupations relatives à la préservation de la nature et du climat.

C’est à la croisée de ces deux évènements, d’estimable portée que je me suis retrouvé à Paris  et ai saisi en opportunité, l’occasion d’accompagner la délégation togolaise pendant trois journées aux travaux de la COP 21, puis de me replier par suite, dans le Val-d’Oise  à l’Abbaye de Royaumont pour les distingués travaux de notre  Forum annuel.

L’on peut dès lors, considérer qu’à Paris, j’ai pris part à deux événements majeurs ayant la même thématique, la même préoccupation, les mêmes objectifs : le réchauffement climatique et comment y remédier.

S’agissant de la Conférence de Paris sur le climat dite COP 21, les termes de l’accord qui clôturera cette 21e conférence des parties à la Convention-cadre des Nations-unies sur les changements climatiques devront revêtir un caractère universels, contraignants et significativement solidaires à l’égard des pays émergents ainsi que des pays en développement,  en vue d’assurer à ce bloc de pays, une transition énergétique qualitative et afin que soient scrupuleusement contenus les ravages du réchauffement climatique.
Du point de vue logistique, de l’organisation et de la gestion par la France  de la COP 21, et ce, en dépit de la barbarie inhumaine et aveugle qui a endeuillée la ville de Paris, ce fut un véritable succès qui mérite d’être salué comme tel. 

Je ne doute pas un seul instant qu’il ne vous a pas échappé que chez nous  au Togo, le réchauffement climatique provoque des dégâts énormes, notamment, la sécheresse, la montée de l’océan, l’érosion des côtes maritimes, le déplacement de la façade maritime qui je le rappelle, a déjà "avalé" deux tronçons de nos infrastructures routières. Il s’agit là de réelles menaces d’ensevelissement de nos villes côtières !

Le doute n’est plus permis : Le  réchauffement climatique, assèche nos lacs, aride les espaces cultivables, menace les productions agricoles et les espèces animales.  De ce saisissant constat qui résulte incontestablement de désordres climatiques, l’appauvrissement des populations est patente, la famine sévit, et les mouvements migratoires prospèrent.

Des mesures contraignantes destinées à réduire les émissions de gaz à effet de serre dues à la combustion de charbon, de pétrole et de gaz adossées à une forte incitation à privilégier le recours aux énergies renouvelables au détriment des énergies fossiles responsables de la dégradation de l’environnement devront, me semble-t-il, être érigées en règle commune.

Enfin, pour clore mon propos sur ce chapitre, ma présence au rang de la délégation togolaise à la COP 21, fut une heureuse occasion de côtoyer et d’échanger avec des responsables politiques de haut niveau, tels que la plupart des  Chefs d’États Africains, des Présidents des puissances Occidentales, et l’Ancien Vice-Président des Etats-Unis d’Amérique, Monsieur AL Gore qui fut un précurseur en matière de défense de l’environnement. J’avoue que  ce fut très enrichissant et fructueux pour l’esprit.

S’agissant du contenu des « Entretiens de Royaumont »,  j’en ai retenu qu’être « green » c’est d’abord défendre une certaine vision de l’homme et de sa place sur Terre, c’est prendre conscience de ce que l’homme moderne gaspille les ressources naturelles et se considère à tort, comme une force extérieure à la nature qu’il cherche à dominer et à conquérir.


Comment avez-vous accueilli l’annonce de l’accord de Paris sur le climat ? Avec beaucoup d’optimisme ou de pessimisme après plusieurs jours d’âpres négociations?

AMK : ce fut un grand soulagement car les négociations furent âpres et les pays pollueurs rechignaient à s’engager financièrement pour soutenir les pays émergents et les pays en développement.

Sur le plan purement politique, croyez-vous qu’il y a matière à comparaison entre vous et le tout-nouveau président élu du Burkina-Faso ?

AMK : Je salue l’élection de Monsieur Rock Kaboré à la magistrature suprême du pays frère du Burkina, et lui souhaite toutes les réussites dans sa nouvelle haute fonction.

S’il est tentant de percevoir quelque similarité dans nos parcours politiques respectifs,   pour autant, je dois admettre que les contextes politiques de nos deux pays ne sont pas les mêmes.  

Peut-on dire que vous et Roch-Marc Christian Kaboré avez eu la même communauté de destin sauf que lui a su marquer son essai et vous non ?

AMK : L’accession à la fonction présidentielle n’est pas toujours un concours qui donne ses chances à de hauts serviteurs de l’État. Si tel était le cas, en France des personnalités politiques de premier plan comme monsieur Michel ROCARD, monsieur Laurent Fabius, monsieur Dominique Strauss Khan y seraient parvenus. N’est-ce pas cher ami ?

Comment appréciez-vous les propositions du gouvernement togolais de mettre en place une CENI technique en lieu et place d’une CENI politique ?

AMK : Les structures quelque qu’elles fussent sont à l’image des hommes et des femmes qui les animent. Le constat est partagé de ce qu’une CENI politique engendre des rivalités entre les acteurs politiques qui tous recherchent la victoire de leurs camps aux différents scrutins.

Une CENI Technique peut être une solution intermédiaire, en attendant de confier la responsabilité de la gestion des scrutins électoraux au Ministère de l’Administration Territoriale, pour peu que toutes les balises assurant l’intégrité des suffrages exprimés et la vérité des urnes, soient garanties.

Propos recueillis par Olivier A.
Afreepress

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