Qui va voter Faure Gnassingbé dans un pays que le candidat et son clan ont rendu méconnaissable par des scandales en tout genre ? Peut-on avoir la mémoire si courte au point d’oublier ce que la gouvernance du laisser-aller a fait des phosphates du Togo ? C’est Gilchrist Olympio qui avait trouvé en son temps les mots justes quand, parlant de la dette astronomique de la société phosphatière, raillait le régime, je le cite : comment peut-on vendre du sable, un bien gracieusement offert par la nature pour se retrouver criblé de dettes ? Le directeur qui avait saigné à blanc la compagnie est libre de ses mouvements, jamais inquiété. Plus loin, difficile d’imaginer que les électeurs de Dapaong votent pour le chef suprême des forces de l’ordre qui n’a rien entrepris comme punition lorsqu’un de ses éléments avait tiré dans la foule de jeunes manifestants, atteignant mortellement Anselme Sinandaré,12 ans, le 15 avril de l’année dernière.
Qui à Lomé ou à Kara va gratifier ce président d’un vote favorable quand celui-ci n’a toujours pas répondu à la question que le pays entier se pose de savoir qui sont ces malfaiteurs qui ont incendié les deux plus grands marchés du pays et quels étaient leurs motivations, leurs commanditaires. Faure Gnassingbé a t-il pris la peine, par respect pour son peuple(?) de révéler les mains obscures qui avaient traficoter le rapport de la CNDH sur les droits de l’homme au Togo ? Dans tous les pays du monde, les dirigeants rasent les fonds de tiroir s’il le faut pour satisfaire les revendications des travailleurs. Au Togo, la police politique de Faure Gnassingbé disperse les travailleurs grévistes à coup de gaz lacrymogènes, les passe à tabac et emprisonne certains dont le crime est d’être de l’ethnie Kabyè vivant à Kara. Un ancien ministre de la Santé, Agbah, n’avait-il pas dit publiquement, je le cite : “depuis quand un Kabyè fait grêve ?”.
Qui peut croire un seul instant que ces travailleurs de la république ainsi malmenés et chosifiés, que les parents dont les enfants sont cloués à la maison par le gouvernement qui refuse arrogamment de faire face dignement aux mouvements sociaux, iront mettre un bulletin FAURE dans une urne ? On peut multiplier à loisir les exemples qui criminalise et dénie à ce régime brutal tout droit d’existence au-delà du 25 Avril. Ce serait une injure à l’intelligence togolaise si au soir du vote, la bande à Tabiou donne vainqueur Faure Gnassingbé. Cela ne passera pas. Le vote va se dérouler au Togo.Mais les électeurs auront leurs yeux tournés vers l’axe Paris-Bruxelles. L’Elysée doit agir. Heureusement, les lignes commencent à bouger, timidement mais sûrement, à la rue St Honoré de Paris.Washington va accompagner le mouvement pour qu’enfin ce peuple soit déchargé de sa lourde et pénible croix qu’est le régime RPT/UNIR.
En France, l’occupant de l’Elysée est considéré comme locataire des lieux. Il y est admis pour un temps. Dix ans tout au plus. Au Togo, l’occupant du palais présidentiel se considère comme propriétaire absolu, inamovible. L’attitude de la France et de la Communauté internationale à l’égard du régime de Lomé – notamment lors du hold-up électoral de 2005 ayant conduit à l’inqualifiable épisode des massacres de pauvres populations dans le sud et au centre du pays – constitue une garantie d’impunité octroyée à Faure Gnassingbé. Lequel, depuis lors, ne s’est pas privé d’exploiter cette carte blanche pour multiplier à loisir ses dérives totalitaires, ses instincts fous. C’est fort de ce blanc-sein que le président autoproclamé a refusé d’opérer les réformes politiques. Bien pathétique est trop longtemps resté la terre de nos aïeux, une terre livrée aux appétits gourmands de quelques individus gloutons guidés par l’infâme règle d’un partage du gâteau, pendant que la vaste majorité de notre peuple est contrainte de s’accommoder de sa lente agonie.
Il est vrai que les Togolais doivent chercher le mal qui leur arrive en eux-mêmes. Ils sont, en tant que peuple, la solution à leur problème. Mais cela ne doit pas empêcher de rappeler la France a son devoir, laquelle France qui, sans rien faire pour aider à mettre fin aux manœuvres de suffocation du peuple, en est restée jusqu’ici à tourner en rond, se contentant, depuis 1990, de ne constater que les innombrables dégâts causés par une dictature familiale datant des temps lointains du Général de Gaulle.
C’est d’un nouveau pacte national que le pays a urgemment besoin, un pacte fondateur d’une République redéfinie, réinventée qui ne serait plus à la traîne, abandonnée dans une gare d’attente désaffectée alors que le train du progrès, autour de nous, fonce à toute allure vers l’avenir de toutes les promesses. Faure Gnassingbé ne peut pas faire l’affaire. N’est-ce pas pourquoi l’Eglise Catholique vient de se désolidarisée de son système ?
Kodjo Epou
Washington DC
USA
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