A quelques jours de l’élection
présidentielle au Togo, l’organisation Amnesty International dénonce les
agissements de l’armée, accusée d’avoir tiré à balles réelles sur des
manifestants fin mars, et appelle les autorités à "garantir le respect
de la liberté de réunion et la liberté d’expression".
Des heurts avaient éclaté le 25 mars à Gléi, à une centaine de km au
nord de Lomé, la capitale, lorsque les forces de l’ordre ont tenté de
disperser des lycéens qui manifestaient. Le bilan officiel faisait état
de 43 blessés dont 20 agents des forces de l’ordre.
Selon Amnesty, qui dit se baser sur des témoignages et des feuilles
de soin des victimes, "des gendarmes et des militaires ont tiré à balles
réelles sur des manifestants", une trentaine de civils ont été blessés,
dont une femme et un enfant, et "une vingtaine de personnes ont été
arrêtées".
"Plusieurs des manifestants auraient subi des mauvais traitements
lors de leur transfert à la prison, un homme sera mort un jour après
avoir été libéré", précise le communiqué, publié mardi soir.
Au moment des faits, les autorités togolaises avaient estimé, dans un
communiqué, que les forces de l’ordre avaient été accueillies "par des
jets de pierres et de projectiles d’une rare violence" et qu’il avait
"fallu l’intervention des renforts pour aider à repousser les
manifestants extrêmement violents".
"Le fait que les services de sécurité aient ouvert le feu à balles
réelles et de manière indiscriminée sur des manifestants constitue une
utilisation excessive, scandaleuse et inacceptable de la force", dénonce
l’organisation de défense des droits de l’homme.
"Alors que le Togo s’achemine vers des élections présidentielles le
25 avril prochain, les autorités doivent garantir le respect de la
liberté de réunion et la liberté d’expression, et ne tolérer sous aucun
prétexte l’utilisation excessive de la force comme celle observée le
mois dernier",ajoute le texte.
Le président sortant Faure Gnassingbé briguera un troisième mandat,
samedi, avec pour principal adversaire Jean-Pierre Fabre, le candidat du
CAP 2015(Combat pour l’alternance politique), une coalition de cinq
partis d’opposition. Trois autres partis d’opposition présentent aussi
des candidats.
Porté au pouvoir par l’armée en 2005, à la mort de son père, le
général Gnassingbé Eyadema, qui avait régné sans partage sur le pays
pendant 38 ans, M. Gnassingbé a remporté en 2005 et 2010 des élections
dont les résultats ont été contestés par l’opposition.
Les forces de l’ordre étaient appelées au urnes mercredi, 72 heures
avant le reste de la population, une pratique courante au Togo, qui
permet à ces agents mobilisés le jour du scrutin de voter.
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