La tragi-comédie de la participation des
candidats issus de l’opposition (démocratique) au scrutin présidentiel
tenu le 25 Avril au Togo marque inévitablement la fin d’une longue
aventure de lutte pour le changement. Les ingrédients de l’échec
lamentable de cette opposition n’est pas à rechercher dans la
transparence ou non de cette consultation mais dans les conditions dans
lesquelles des personnes ont cru devoir vendre de nouvelles illusions
d’alternance à la population togolaise affaiblie par 25 années de
tribulations politiques infructueuses.
Il n’est pas question de savoir si l’ANC et le CAP 2015 tout comme
l’ADDI – pour ne citer que les formations politiques ayant un réel
ancrage dans cette famille politique- avaient raison ou pas de
participer à la présidentielle. La question concerne plutôt la capacité
d’une opposition partisane à mettre fin à la gouvernance
clanico-militaire qui a cours au Togo depuis 1967.
L’échec donc ne se rapporte pas à l’absence de victoire (qui du reste
est impossible dans les conditions de forme de la compétition), mais aux
avatars de l’organisation humaine et politique des rapports de force
entre les porteurs de ce projet de changement et le régime régénéré du
RPT-Gnassingbé. On le dira donc : c’est définitivement vu certifié que
les opposants au Togo ne peuvent pas renverser la dictature au moyen
d’élections.
Les partis politiques d’opposition, depuis 1991, constituent le plus grand commun diviseur des forces politiques de au Togo.
Ils sont structurellement faibles, stratégiques désorientés, et
financièrement pauvres. Ils ont été – et sont peut-être encore – dirigés
par des hommes et des femmes de bonne volonté, malheureusement
confrontés aux limites évidentes de leur engagement. En prenant le
devant de la lutte à la suite de la conférence nationale, ils ont par
contre démontré leur capacité à annihiler toutes les changes
susceptibles de les positionner en alternative au régime contesté.
On n’est donc pas surpris, face à la grande adhésion de fait des
populations à l’idéal de changement de remarquer que de l’UFC hier à
l’ANC aujourd’hui, en passant par le CAR, l’UTD, la CDPA et les autres,
on n’ait pas de résultat. Il en est de même des tentatives de
regroupement qui en elles seules n’ont guère pu créer les conditions
d’un rapport de forces durable.
Avec la présidentielle de 2015, l’opposition s’est nui à elle-même ;
elle a affiché au grand jour ses déchirures et les animosités qui
habitent ses dirigeants, les uns contre les autres.
Après cette bataille honteuse, il faut avoir le courage de compter les
abatis. Le solde est mauvais. Ne pas le reconnaitre serait une profonde
bêtise!
Des voix s’élèvent pour appeler à un renouveau au sein de l’opposition.
On invoque de nouveaux acteurs, comme si par une baguette magique, la
performance viendra par une simple substitution des joueurs. Y croire,
c’est aussi se fourvoyer. Le projet le plus viable est celui qui
transcendera les frontières poreuses des partis politiques. Ces
officines n’écouleront plus aucune marchandise qui tienne, face à un
système politique de plus en plus stratège dans un environnement
régional inconstant. La population sera attentive à des projets
innovants, qui réhabiliteront avant tout la légitime lutte du peuple
pour la démocratie. Le besoin est plus que jamais d’actualité ;
l’urgence aussi.
Partout en Afrique où les murs de l’oppression sont tombés, les partis
n’ont pas été toujours à l’avant-garde des combats. Ce sont des citoyens
qui, individuellement et collectivement ont montré leur ras-le-bol. Au
Togo, le régime de Faure Gnassingbé a droit à une nouvelle opposition
efficace et novatrice.
K. Agboglati (letempstg@gmail.com)
No comments:
Post a Comment