Intégralité du rapport de la dernière
mission effectuée au Togo à l’issue d’une mission effectuée au Togo en
début du mois d’août dernier, une délégation du Fonds monétaire
international (FMI) a rendu public un rapport dans lequel il est décrit
l’état des finances publiques.
Dans un document d’une quinzaine de pages, l’institution a passé au
scanner, en langage moins diplomatique cette fois-ci, tous les pans de
la finance et de l’économie nationales. Le résultat est juste
impressionnant. Plusieurs cas de graves dysfonctionnements et de
scandales sont révélés. A la découverte du Togo sous Faure Gnassingbé,
l’économiste-financier, diplomé des universités occidentales (sic) !
Fonds Monétaire International Togo
Déclaration finale de la Mission de 2015 sur les consultations au titre de l’article IV 5 août 2015
Une équipe des services du Fonds Monétaire international (FMI) a
séjourné à Lomé, Togo, du 24 juillet au 6 août 2015 pour mener les
consultations de 2015 au titre de l’article IV1. La mission tient à
adresser ses remerciements aux autorités togolaises pour l’hospitalité
et la coopération dont elles ont fait preuve, ce qui a permis des
échanges fructueux. La présente déclaration résume les conclusions et
recommandations de la mission.
I. Contexte : Croissance accompagnée de déficits budgétaires et extérieurs
1. L’activité économique au Togo s’est accrue à un rythme soutenu ces
dernières années. La croissance de la production a été de 5,4 pour cent
en moyenne dans la période allant de 2013 à 2014, résultat d’une forte
croissance dans la production agricole, de l’extension du Port et de
l’aéroport international de Lomé, ainsi que de la réalisation de grandes
infrastructures routières.
2. L’augmentation des investissements publics a cependant entraîné une
forte augmentation de la dette publique et du déficit du compte courant.
Depuis 2012, le Togo s’est endetté à un taux élevé que prévu. La dette
publique s’est accrue de 46 pour cent du PIB en 2012 à 59 pour cent
tandis que le déficit du compte courant s’est accentué, passant de 7,5
pour cent à 13 pour cent du PIB(2). Les paiements considérables de
service de la dette ont exercé des pressions de liquidités considérables
sur le budget.
3. Les perspectives de croissance du Togo à moyen terme sont positives. Cependant,
le pays court un risque accru d’accumulation de dettes publiques,
attestant d’importantes vulnérabilités liées à la dette intérieure et de
pressions sur le compte courant dont l’on n’attend pas une atténuation.
Les autorités entendent achever les travaux de construction de grands
axes routiers et investir progressivement davantage dans les routes
secondaires et tertiaires. Elles projettent également la construction de
nouveaux établissements scolaires, centres de santé et un centre
hospitalier à Lomé.
Le taux de l’activité économique devrait avoisiner 5,5 pour cent en
2015-2018, sous l’impulsion de la production agricole, des services de
transport liés au commerce international et de l’impact positif de
l’amélioration de l’infrastructure de transport sur l’activité
économique privée. La dette publique devrait se situer en moyenne autour
de 62 pour cent du PIB au cours de la période allant de 2015 à 2018,
reflétant la poursuite des investissements dans l’infrastructure
publique financée par les emprunts intérieurs et extérieurs. Le déficit
du compte courant devrait, selon les projections, connaître une légère
amélioration à 12,43 pour cent du PIB en 2015 du fait de la baisse des
cours du pétrole, et décroître à 9,6 pour cent du PIB à l’horizon 2020,
avec la baisse graduelle du déficit budgétaire et l’amélioration de la
gestion des entreprises publiques (EP).
4. L’énorme déficit du compte courant constitue un risque pour la
viabilité. Cette situation est liée à l’orientation budgétaire
relativement peu consolidée et au niveau élevé d’investissements publics
et privés. L’énorme déficit du compte courant implique une
surévaluation du taux de change réel de 14 pour cent basée sur les
estimations préliminaires de la BdP(3). Bien que l’appartenance à une
union monétaire assure la stabilité macroéconomique, l’expérience
récente à l’Union européenne a montré que les pays membres doivent
individuellement continuer à surveiller la viabilité de leur propre
budget et de leur dette extérieure.
5. La volonté des autorités d’accroître la croissance potentielle,
couplée au risque accru de surendettement et aux pressions sur le compte
courant, requiert des politiques qui permettent d’obtenir le bon
équilibre. La position budgétaire doit être repositionnée
progressivement sur une trajectoire durable, qui est essentielle à la
stabilité extérieure à long terme.
II. Pérenniser la croissance et réduire les vulnérabilités
A. Réformer la politique budgétaire et les institutions fiscales pour promouvoir la viabilité à long terme
Politique budgétaire
6. La politique budgétaire du Togo a été expansionniste ces dernières
années. Malgré la faible croissance des recettes fiscales conjuguée à
l’augmentation rapide des investissements financés sur ressources
intérieures ainsi que la non maîtrise de la masse salariale et les
subventions des prix des produits pétroliers, ont entraîné l’aggravation
des déficits intérieurs primaires et l’accumulation de la dette. La
création de l’Office Togolais des Recettes (OTR) a entraîné une mise en
œuvre lente des réformes opérationnelles aux services des douanes et des
impôts. La collecte de l’impôt a été en déça des objectifs fixés par
les autorités.
En raison des fortes augmentations des dépenses en capital financées sur
les ressources intérieures, hormis la masse salariale et des
subventions des prix des produits pétroliers, les dépenses courantes ont
été réduites à l’essentiel tandis que les arriérés de paiement se sont
accumulés, y compris envers les entreprises de services publics (4).
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