Tout le monde s’intéresse au scrutin présidentiel d’avril 2015. Nos confrères du site Internet letogolais.com ont rencontré Me Isabelle Améganvi de l’Anc. Ce qui les a préoccupé est surtout la raison de l’acceptation de l’Anc à participer à cette élection sans que les réformes n’aient pas été effectuées. Me Améganvi n’en a pas dit plus.
Question : Les Togolais et en particulier les Togolais de la diaspora veulent comprendre les raisons pour lesquelles CAP 2015 tient à participer à la prochaine élection présidentielle au Togo malgré des conditions d’organisation catastrophiques ?
Me Isabelle AMEGANVI répond : " CAP 2015 a fait le choix de participer à cette élection présidentielle parce que, jusqu’à nouvel ordre, le Togo demeure une république, et de ce fait ne peut se laisser gouverner de façon dynastique, de père en fils, par la seule et même famille GNASSINGBE qui a pris les Togolais en otage en bouclant cette année pas moins de quarante-huit années de règne sur le pays. Cette dynastie et son club de copains, coquins, sorciers blancs et sorciers noirs, ont détruit notre pays et précipité les populations dans une misère noire où l’eau, la nourriture, l’éducation, la santé, les infrastructures routières, le travail pour les jeunes… demeurent un rêve inaccessible pour l’immense majorité des Togolais. Pour CAP 2015, il est clair que le régime qui gouverne le pays dans les conditions ainsi décrites n’a jamais eu d’autres perspectives d’avenir à offrir aux populations togolaises que de subir ad vitam aeternam son pouvoir, malgré le propre aveu d’échec du chef de l’Etat selon qui « une minorité s’accapare des richesses du pays pendant que la grande majorité des Togolais vit dans une misère chronique ». Nous n’allons pas à cette élection en laissant UNIR les organiser de manière unilatérale. Nous avons choisi de nous battre, aux côtés du peuple, non seulement pour tenter d’imposer un fichier électoral fiable, mais également la transparence et l’équité du processus électoral, sa conformité avec la loi électorale et les standards internationaux, ainsi que la transparence des résultats du vote."
LETOGOLAIS.COM : Il y a quelques mois, lors de vos manifestations, le mot d’ordre était « PAS DE REFORMES PAS D’ELECTION » ; comment avez-vous pu changer d’attitude en si peu de temps ?
Me Isabelle AMEGANVI : "D’abord nous n’avons jamais dit « PAS DE REFORMES PAS D’ELECTION » mais « l’élection présidentielle n’aura pas de sens sans les réformes ». Nous avons toujours soutenu et continuerons de soutenir que les réformes sont déterminantes pour notre pays. Voilà pourquoi, bien avant la création de CAP 2015 comme après la création de ce regroupement de partis, nous avons toujours été à la pointe du combat pour ces réformes, que ce soit au cours des dialogues et autres rencontres, à l’Assemblée Nationale comme dans la rue.
Nous maintenons donc le cap, pour adapter nos actions à la nouvelle donne imposée par Monsieur Faure GNASSIGBE et sa minorité qui, dans le seul et unique but de se maintenir éternellement au pouvoir, n’ont aucune envie d’opérer lesdites réformes.
Nous n’avons pas voulu, comme certains, faire semblant de jeter l’éponge, en offrant en réalité à Monsieur Faure Gnassingbé le troisième mandant que ceux-là lui ont proposé et qu’il a balayé d’un revers de main, parce qu’il n’a pas l’intention de se contenter de si peu. Voilà pourquoi CAP 2015 se bat sans relâche pour que l’élection présidentielle de 2015 ait un sens, à défaut d’obtenir les réformes que refusent d’opérer M. Faure GNASSINGBE et sa clique. Nous allons même plus loin en disant qu’avec l’aide et la ténacité des 85% de Togolais qui veulent les réformes et l’alternance, nous pouvons, ensemble, transformer cette élection présidentielle en véritable référendum pour ou contre les réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales.
Car, quels que soient les mensonges qui sont colportés, les Togolais, eux, savent qui veut les réformes et qui n’en veut pas. Et nous travaillons pour que l’élection présidentielle ait ce noble sens de référendum que nous voulons lui donner.
Nous faisons d’abord notre part du travail, en mettant en évidence les fraudes et en exigeant la correction des anomalies qui sont multiples et éclatantes. Nous prenons nos responsabilités, en faisant pression pour arracher la transparence du processus électoral. Et nous avons réussi, par notre détermination et notre travail, à démontrer à la face du monde, la fraude de près de 30% à laquelle s’adonne depuis son origine le pouvoir sur le seul fichier électoral, avec la complicité active ou passive de la Société ZETES, qui continue de prétendre que son système biométrique permet un enregistrement unique de chaque électeur. Nous venons de porter plainte contre cette société avec constitution de partie civile pour « faux et usage de faux et fraude en informatique ».
Nous allons également sur le terrain, au devant des populations, sur toute l’étendue du territoire. Nous continuons à faire notre travail de mobilisation en expliquant à la population les enjeux de cette élection, afin qu’elle nous aide à traquer la fraude par tous les moyens. Aujourd’hui, malgré les manœuvres et malgré les défaillances de la CENI, nous avons réussi à battre en brèche l’un des arguments sans fondement utilisés par les sorciers blancs et… noirs, pour maquiller les fraudes du régime en place. En effet, l’’argument du manque de mobilisation de nos militants pour qu’ils aillent s’inscrire sur les listes électorales, ou pour qu’ils aillent voter, ne tient plus. Reste l’argument fallacieux de l’opposition divisée, mais, si vous regardez bien la liste des candidats à cette présidentielle 2015, vous constaterez que le seul vrai candidat de l’opposition est M. Jean Pierre Fabre, le candidat de CAP 2015 qui regroupe désormais cinq (5) partis politiques, ainsi que tous les responsables et militants du sixième parti politique de l’opposition togolaise.
CAP 2015 se bat et se battra jusqu’au bout, pour que l’élection présidentielle de 2015 ait un sens et valeur de référendum !"