La présidentielle de 2015, c’est encore dans une dizaine de mois. Même si le débat est ouvert depuis quelques semaines sur l’exécution des réformes institutionnelles et constitutionnelles indispensables au bon déroulement de ce scrutin et à la survie de la démocratie, les vrais préparatifs ne sont pas encore officiellement lancés. Mais les éternelles manœuvres de fraude électorale ont déjà commencé. Selon les indiscrétions, les kits électoraux sont l’objet d’un reconditionnement, loin des yeux et des oreilles indiscrets.
Dans l’attente d’un dialogue et des réformes
Les réformes constitutionnelles et institutionnelles recommandées par l’Accord politique global (Apg) du 20 août 2006 sont plus que jamais au cœur de la présidentielle de 2015. Si leur exécution a toujours été différée depuis 2006, le pouvoir ne peut plus s’y dérober.
Le débat a véritablement démarré sur ces réformes depuis le 5 mars dernier, avec la rencontre historique entre Faure Gnassingbé et Jean-Pierre Fabre à la présidence de la République. Suite aux instructions du Prince de la République, le Premier ministre Arthème Ahoomey-Zunu a organisé les 13 et 14 mars à la Primature des échanges avec un certain nombre de partis et/ou regroupements politiques. Toutes ces formations ont exprimé leur position sur le cadre qui devra exécuter ces réformes et la procédure à suivre. On retiendra que l’Alliance nationale pour le changement (Anc), l’Alliance des démocrates pour le développement intégral (Addi) et la Coalition Arc-en-ciel militent ouvertement pour la création d’un cadre hors de l’Assemblée nationale pour mener les discussions préalables sur ces réformes et obtenir le consensus avant le recours au parlement; même l’Union pour la République (Unir) ne serait pas contre cette proposition. Seule l’Union des forces de changement (Ufc) a chanté un son de cloche différent. Les choses devraient donc s’accélérer. Mais c’est le black-out total de la part du gouvernement depuis bientôt un mois. L’Anc dans un courrier daté du 24 mars dernier, a appelé le Premier ministre à faire diligence pour ouvrir le dialogue préalable.
La classe politique ainsi que les Togolais épris d’alternance au pouvoir sont donc dans l’attente du dialogue et des réformes. Mais le pouvoir, lui, a ses préoccupations ailleurs. La machine à fraudes électorales est en pleine opération d’huilage.
La RDC reprend ses kits prêtés au Togo…
C’est un secret de Polichinelle que depuis plusieurs années, le Togo a recours aux kits de la République démocratique du Congo (Rdc) pour organiser ses élections électorales. On se rappelle, pour les législatives du 14 octobre et la présidentielle du 4 mars 2010, c’étaient trois mille (3000) kits électoraux que le pays de Joseph Kabila avait mis à la disposition de notre pays. En 2011, le Togo a aussi rendu la pareille à la Rdc en lui prêtant mille kits. Pour les législatives du 25 juillet 2013, notre pays a encore tendu la main à Joseph Kabila qui lui a de nouveau porté assistance avec un certain nombre de ces appareils. Des kits, on en a encore besoin pour l’organisation de la présidentielle de l’année prochaine. Mais selon les informations, la Rdc a repris il y a une dizaine de jours les siens mis à la disposition de notre pays. On parle d’un nombre de mille cinq cents (1500) kits. Le Togo n’en disposerait actuellement que de 1500; ce qui serait insuffisant pour effectuer l’opération de recensement attendue. Même dans le lot, il nous revient que nombre de ces appareils ont des problèmes et sont l’objet de réparation (sic). Ce qui risque d’affecter leur bon fonctionnement.
…Des kits reconditionnés discrètement par un réseau de techniciens béninois
Les préparatifs n’ont pas encore officiellement commencé, mais des choses semblent se tramer dans l’ombre. Selon les indiscrétions, le pouvoir a entrepris depuis deux mois une opération discrète de reconditionnement des kits électoraux. Ce boulot serait assuré par des techniciens béninois appartenant à un réseau international spécialisé dans la fraude électorale, et se fait en toute discrétion. En tout cas, pas officiellement à la connaissance du bureau de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) dont la présidente, Mme Angèle Dola Aguigah est grabataire depuis les législatives du 25 juillet 2013. Ce serait d’ailleurs difficile que les techniciens de la Céni s’y plient quand on sait que cela fait huit (08) bons mois que le personnel n’est pas payé. Il nous revient qu’un certain nombre de ces kits reconditionnés auraient été convoyés à la Gendarmerie. A quelles fins ? Il faut être dans le secret des dieux pour le savoir.
Des senteurs de préparation de la fraude
Ce ne sont visiblement pas de bonnes intentions qui justifient cette opération, au regard de la façon dont elle se fait. S’il y a besoin de reconditionner les kits pour s’en servir à chaque élection, cette opération se fait au vu et au su de tout le monde. Les règles recommandent qu’elle s’effectue sous le contrôle de la Céni. Mais voilà, la Commission n’est pas encore recomposée que ce travail est déjà enclenché, discrètement. Est-ce pour le roi de Prusse que cela se fait-il ? Va-t-on reprendre le travail après que la Céni sera officiellement recomposée ? Tout apparaît clair lorsqu’on sait que cette prestation est assurée par des techniciens béninois appartenant à un réseau international de fraude électorale qui offre souvent ses prestations à des dictateurs sur le continent. Le pouvoir a simplement commencé à huiler sa machine à fraudes électorales en perspective de l’élection présidentielle cruciale de 2010. C’est d’ailleurs l’éternel scénario utilisé à chaque échéance électorale. On prétexte du gain du temps et les kits sont reconditionnés dans des circuits obscurs avant même l’installation officielle de la Céni devant organiser, superviser le scrutin et proclamer les résultats. C’est dans ces couloirs que ces appareils sont manipulés et programmés de telle sorte qu’ils sortent des résultats en faveur du pouvoir.
Tino Kossi
Source: liberte hebdo
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