Le
22e Sommet des Chefs d’état et de gouvernement de l’Union Africaine
s’est déroulée les 30 et 31 Janvier dernier à Addis Abeba en Éthiopie.
En marge de cette grande messe, les ministres des affaires étrangères,
comme c’est de coutume, se sont aussi réunis en leur 24è session du
Conseil de l’UA pour planifier les contours des grandes décisions
auxquelles les Chefs d’état sont parvenus au soir du 31 Janvier 2014.
Les questions de sécurité étaient au centre des discussions, et le ministre togolais des Affaires étrangères, Prof Robert Dussey, a d’ailleurs annoncé à notre envoyé spécial sur place à Addis Abéba, avoir présenté une communication sur l’enjeux de la sécurité maritime. Le Togo se fait pionier de cette lutte peut-on croire des propos du ministre dans un entretien de fin de session qu’il nous a accordé.
Les questions de sécurité étaient au centre des discussions, et le ministre togolais des Affaires étrangères, Prof Robert Dussey, a d’ailleurs annoncé à notre envoyé spécial sur place à Addis Abéba, avoir présenté une communication sur l’enjeux de la sécurité maritime. Le Togo se fait pionier de cette lutte peut-on croire des propos du ministre dans un entretien de fin de session qu’il nous a accordé.
pa-lunion.com : Robert Dussey, bonjour !
Robert Dussey : Bonjour !
Vous êtes le ministre togolais des Affaires étrangères et de la coopération. Vous venez de terminer la 24è session ordinaire du Conseil de l’Union Africaine. Quelles ont été les grandes décisions que vous êtes amenés à prendre ?
Je vous remercie. Il faut d’abord noter que le thème de ce sommet est : « A l’origine, la transformation de l’agriculture africaine pour une prospérité partagée et un mieux être à travers une exploitation des opportunités pour la croissance inclusive et développement durable ». Et comme vous le saviez, l’actualité a pris le dessus sur ce thème, finalement ce thème a été reporté dans le fond pour le prochain sommet dans six mois. Nous avions essentiellement débattu sur l’agenda du développement à l’horizon 2063 qui est le nouvel agenda proposé par l’Union Africaine. Cet agenda parle d’abord de la question de la paix, la sécurité, nous avons revu les situations de conflit sur le continent, en Centrafrique, au Soudan du Sud, au Darfour, au Mali, etc. Nous avons aborder d’autres sujets liés à la création de la CARIC, qui est la Force Africaine en attente, et sa capacité de déploiement rapide qui, pour le moment, pose quelques problèmes, mais nous nous sommes convenus qu’il est important de donner des moyens pour la mise en place de cette force, vu les situations de conflit que nous avons, et précisément la situation en république centrafricaine. Nous avons parlé de la conférence de solidarité africaine indispensable à un développement du continent, parce qu’aujourd’hui, tous les ministres des affaires étrangères se sont rendus compte que sans la solidarité, nous ne pouvons pas, construire un avenir meilleur pour les populations africaines. Voici à peu près les thèmes débattus, sans oublier la mise en œuvre des décisions antérieures du Conseil exécutif et de la conférence des chefs d’Etat.
Bien sûr que nous avions aussi procédé à l’élection et à la nomination des dix nouveaux membres au sein du conseil de paix et de sécurité, et pour ce qui nous concerne, nous avions soutenu plusieurs pays, principalement les pays d’Afrique de l’Ouest, comme le Niger, la Gambie et la Guinée qui ont été élus au titre des pays de la CEDEAO parmi les dix au sein du Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine.
Est-ce que, à partir de cette rencontre, qui est la toute première du nouveau cinquantenaire, tout est mise en œuvre pour que, à l’avenir, on parle de plus d’avancées dans la mise en œuvre des recommandations ?
Je pense que la volonté d’avancer vers une autonomie politique, économique et financière de l’Union Africaine est réelle. Il faut après cinquante ans de vie, sortir du discours et de la volonté pour poser des actes. Sur ce, je pense que nous avons encore des efforts à fournir. Je ne peux rien vous dire pour le moment, mais il faut espérer que nous allons y arriver.
Vous avez évoqué la CARIC, cette force que l’on attend depuis. Est-ce qu’elle vient très bientôt ? Puisqu’il y a encore de nouveaux coins de conflits qui se font voir sur le continent africain.
Je crois que nous n’avons pas le choix de mettre en place cette force sur le continent africain, vu les situations de conflits que nous avons. Donc, aujourd’hui, nous avons le dos au mur, nous avons vu la situation au Mali, n’eut été l’intervention de la France, nous ne serons pas là où nous sommes aujourd’hui avec le retour de la démocratie.
Nous avons vu la situation en République centrafricaine. Heureusement que, hormis les forces de la CEAC présentes avec l’appui de l’opération SANGARIS toujours avec la France, la situation est entrain de s’améliorer. Mais, nous pensons que, pour assurer la sécurité sur le continent africain, il nous faut une véritable vision sur une Afrique de la défense. Donc la CARIC, comme la force rapide que nous essayons de mettre en place, doit rapidement s’installer. Malheureusement, l’Union Africaine se heurte toujours à ce problème financier. Mais, j’espère que nous y arriverons.
Pour chercher les moyens, est-ce que vous avez eu à étudier ces propositions qui étaient sur la table et qui sont sortis des travaux d’une commission que l’Union a aussi mise en place, et dirigée par l’ancien président Obasanjo ?
Nous avons étudié les résultats de ces travaux, mais je vous avoue que nous n’avons pas adopté les résolutions de ces travaux encore. Nous avons une rencontre demain, j’espère que nous allons l’adopter, mais il ne suffit pas seulement de l’adopter, il faudrait dans les faits trouver des moyens financiers importants, pour permettre, non seulement les résultats de ces travaux, mais à toutes les décisions prises, de se mettre en œuvre.
Monsieur le Ministre, est-ce qu’à l’intérieur vous avez plutôt pensé à une stratégie préventive, que de chercher à régler les crises lorsqu’elles surviennent déjà ?
Je crois que c’est pourquoi au sein de l’Union Africaine, il y a le conseil de paix et de sécurité. Ce conseil, le CPS, a pour rôle d’ailleurs, de veiller par un système d’alerte précoce à la paix, à la sécurité, à la stabilité dans chacun des pays du continent africain. Et ce Conseil fait son travail, mais je vous avoue que devant certaines difficultés on voit des échecs, mais je crois qu’il ne faut pas désespérer. Nous avons des conflits aujourd’hui en Afrique, mais ce ne sont pas tous les pays africains. Donc ça veut dire qu’il y a des pays qui sont épargnés par la guerre. Le CPS essaie de contribuer à la stabilité dans chacun des pays. Mais il y a toujours une inquiétude que ces crises se généralisent dans d’autres pays.
Qu’est-ce que concrètement vous ferez demain au Sud Soudan, en Centrafrique ou dans les cinq pays les plus en conflit en ce moment. Qu’est-ce que vous avez décidé de faire dans les jours et mois à venir ?
Mais, d’abord au Sud Soudan, il y a un premier accord de paix qui avait été signé ici à Adis-Abeba. Souhaitons que l’accord soit respecté par chacun des camps.
En République Centrafricaine, l’Union Africaine est entrain d’aider pour le renforcement des forces sur place, voir en nombre, mais essentiellement qu’il y ait la paix, et que les milices proches de la SELEKA et les milices Antibalaka cessent de s’affronter pour permettre aux populations de vaquer à leurs occupations et laisser le pays se développer.
Donc, le but de l’Union Africaine n’est pas seulement d’arriver comme pompier pour éteindre le feu, mais c’est d’abord comme vous l’aviez dit vous-même, essayé d’empêcher qu’il y ait la guerre. S’il y a la guerre, s’il y a des conflits, s’il y a des crises politiques, elle s’impose à l’Union Africaine et elle ne peut qu’aider à résoudre les problèmes essentiellement par la voie pacifique.
A défaut d’empêcher la guerre, on peut imposer la paix. Est-ce que l’Union Africaine peut être dans cette logique ?
Mais, je pense que l’Union Africaine l’a déjà fait. Nous avons le cas de la Somalie. Il y a des troupes de l’Union Africaine. Le problème que nous avons en Somalie aujourd’hui, c’est un problème de financement. L’Union Africaine va aider par exemple en Centrafrique, de contribuer à soutenir les forces de la CEAC présentes et les forces SANGARIS sur le terrain. Donc l’Union Africaine contribue aussi à imposer la paix si cela est indispensable.
Monsieur le Ministre, on est en début d’un nouveau cinquantenaire. Mais à chaque question on revient sur la problématique du défaut de financement ou de l’indépendance financière de l’Union. Est-ce que vous pensez qu’on est bien parti pour un nouveau cinquantenaire réussi, surtout avec l’agenda 2063 que vous avez contribué à améliorer ?
Je ne vais pas être pessimiste sur l’avenir de l’Union Africaine. Je pense qu’il est aujourd’hui de notre devoir et pour notre génération de contribuer à ce que, cinquante ans après, le jugement que feront les populations africaines de l’Union Africaine, soit un jugement positif. Donc si nous sommes là et chacun de nos collègues ici, ça peut contribuer à doter l’Afrique d’un véritable agenda, l’Union Africaine soit une institution forte au service des populations africaines pour garantir la paix et la sécurité sur le continent. Donc, je vous prie également d’être optimiste.
Cinquante ans, c’est encore long, mais il faudrait commencer à travailler aujourd’hui et c’est ce travail qui incombe, pas seulement aux politiques, aux ministres des affaires étrangères, voire aux Chefs d’Etat, mais à vous journalistes aussi.
Ici à Adis-Abéba, nous avons appris que tous ces pays qui ne sont pas en règle avec l’Union Africaine, ne prendrons pas la parole. Est-ce que le Togo est en règle avec l’Union Africaine ?
Mais, le Togo est en règle. Pour preuve je suis là et j’ai participé aux débats. Donc au-delà de ça, sachez que la vision du président de la République aujourd’hui, est que le Togo puisse se positionner et jouer un rôle important au sein de l’Union Africaine. Donc aujourd’hui nous sommes entrain de développer au sein de l’Union Africaine une thématique importante qui tient à coeur au président de la république Faure Gnassingbé, qui est celle de la sécurité maritime.
Le Togo se positionne aujourd’hui sur le plan sous-régional, donc de la CEDEAO et de l’Union Africaine sur la question de la sécurité maritime. Donc la piraterie dans le Golfe de Guinée. Et j’ai eu à débattre avec mes collègues sur cette question, et je pense que la contribution du Togo, elle est importante, elle a été soutenue par certains pays tout à l’heure, mais c’est une discussion qui vient de commencer, et j’espère que le Togo sera écouté par les autres pays et contribuera à sa manière à doter l’Union Africaine plus tard, d’une institution qui va s’appuyer sur les réflexions, afin de sécuriser toutes les côtes africaines, et nous y arriverons.
Monsieur Robert Dussey, merci !
Je vous en prie, merci !
pa lunion
No comments:
Post a Comment