Friday, June 19, 2015

Togo : Sélom Klassou, un griot à la primature ?

Chassez le naturel, il revient au galop. Le nouveau Premier ministre nous a donné dimanche à la TVT, un avant goût de ce qui sera son mandat à la primature. Rien que du zèle à mourir. C’est connu de la part de nos ministres et cadres du régime, formuler une phrase sans citer le nom de Faure Gnassingbé est assimilable à un crime de lèse-majesté. Adeptes de  griotisme, ils inscrivent Faure Gnassingbé au cœur de leurs actions. Ils le considèrent comme leur Dieu. Tout part de lui et tout revient à lui. On connait le slogan-maison, « sur instructions personnelles du chef de l’Etat… » Comme si les jours où le jeune Prince est indisposé ou est à court d’instructions à donner, ils resteraient apathiques sans  prendre sans aucune initiative.
Dimanche, à la télévision nationale, le tout nouveau Premier ministre a usé et abusé du nom Faure Gnassingbé. Dans une seule phrase, il l’a prononcé au moins trois fois. Il est dans l’ordre normal des choses que Selom Klassou soit reconnaissant à l’égard de son bienfaiteur. Il en a tellement fait au point de se passer aux yeux des téléspectateurs comme un lèche-cul de Faure Gnassingbé. On parie que le jeune Timonier serait mal à l’aise en écoutant les envolées lyriques du tout nouveau locataire de la primature.
Le régime ayant toujours gardé les réflexes du parti unique- dès qu’un cadre d’une région est nommé à un poste important, on se croit obligé d’aller dire merci avec tout son village au grand chef pour cette nomination-, on ne serait donc pas surpris si dans les jours qui viennent Selom Klassou fasse organiser une marche de reconnaissance dans son Notsé natal à l’endroit de Faure Gnassingbé pour l’avoir nommé à la primature.
Le nouveau Premier ministre a été nommé au regard de ses compétences ou à cause de son dévouement au sein du Rpt puis d’Unir ? Cette question, beaucoup de Togolais se la posent après avoir suivi Sélom Klassou se présenter comme un obligé de Faure Gnassingbé. Les Togolais attendent de lui qu’il prenne des décisions hardies dans leurs intérêts et non servir de robot à Faure Gnassingbé.
A défaut du PM, Don Gabriello va-t-il accepter d’être Dernier ministre ?
On le sait, le poste du Premier ministre que convoitait tant Agbéyomé Kodjo lui est passé tout près du nez. La désillusion, on l’imagine, doit être énorme. Contre mauvaise fortune bon cœur, le président d’Obuts court-circuité par Faure Gnassingbé, a été obligé de louer les qualités du nouveau Premier ministre Selom Klassou afin de cacher sa déception. Mais son petit jeu ne trompe personne. Le très suffisant Agbéyomé Kodjo qui se croit plus compétent et expérimenté que les six millions de Togolais réunis, a estimé que Selom Klassou était l’homme de la situation. Mieux que lui?
C’est un secret de « Zémidjan », l’homme de Tokpli n’a jamais caché son ambition de rebondir par la primature après sa longue traversée du désert. Il avait fait croire que Dieu lui aurait donné l’onction suprême pour diriger le Togo. Sa femme l’aurait même vu dans un songe, en train de prêter serment devant les gérontes de la Cour Constitutionnelle et elle-même devenue First Lady du Togo. Sauf que c’est un rêve insensé, on dirait même absurde.
Depuis, Don Gabriello l’a compris et a revu ses prétentions à la baisse. La primature à laquelle il aspirait, lui a aussi échappé. Mais n’étant pas homme à baisser les bras, Agbéyomé Kodjo est prêt à se sacrifier pour un poste de Dernier ministre. C’est ce qu’il a laissé entendre hier sur une radio. Il a estimé que ce serait trahir la République si on sollicitait son parti et qu’il refusait de participer au gouvernement. En tout état de cause, Agbey  est prêt à servir le fils après avoir été au service du père pendant de longues années. Comme quoi la bouche qui a bu n’oublie pas la saveur du lait. Fini « Faurevi be agban, agbodji !!! »
Certains lui ont même trouvé le poste idéal dans le gouvernement Klassou. Ceux-ci pensent qu’il ferait un bon ministre des Sports avec son ballon comme emblème. C’est la seule alternative pour l’ancien Premier ministre de ne pas mourir politiquement, pensent-ils.
La ronde des vautours
Après la nomination du Premier ministre et dans l’attente de la formation du nouveau gouvernement, une agitation inhabituelle semble s’emparer de certains hommes politiques qui ont entamé la danse du ventre comme le dirait l’autre. Les portefeuilles ministériels, il faut le dire, aiguisent les appétits gloutons dans les rangs des formations qui se réclament de l’opposition. Les mauvaises graines commencent à se montrer dans le grenier.
Gilchrist Olympio et ses « agbassivi », Francis Ekon et son fameux groupe d’opportunistes dénommé « Nouveau Regard », Gerry Taama, Agbéyomé Kodjo, tous piaffent d’impatience que Faure Gnassingbé leur fasse appel pour faire partie du nouveau gouvernement. Ils ont tous exprimé publiquement leur ardent désir de servir le fils du père. « S’il y a une ouverture franche qui assure l’autonomie de notre formation politique et un gouvernement qui fait appel à la compétence de toutes les formations politiques, le NET pourrait apporter son savoir faire (…) En 2013, nous avons été consulté mais nous avons dit non, parce que nous n’avons pas d’expérience. Mais trois ans après nous avons des choses à prouver», s’est laissé aller Gerry Taama. Oui, en deux ans, le président du NET a gagné de l’expérience sur la Toile. Cela vaut un détour à la mangeoire.
Le ton est également à l’enthousiasme chez Agbéyomé Kodjo. «Si le nouveau premier ministre consulte OBUTS ou demande à OBUTS de fournir des cadres pour l’accompagner dans sa mission, nous trahirons la République si nous n’acceptons pas », a-t-il dit.
Quant au président de la CPP Francis Ekon et ses amis de la NDP et du PDR des partis en voie de disparition, ils avaient appelé à voter pour Faure Gnassingbé. Naturellement, ils attendent à être récompensés même si les trois réunis n’ont pas la valeur d’un papier hygiénique.
Que dire de la momie de l’UFC, Gilchrist Olympio ? Il tient désespérément à l’accord désuet qu’il avait signé avec le défunt parti unique, le RPT. Il avait dépeint il y a quelques jours, un bilan hyper élogieux de cet accord qui a été pourtant un échec patent sur toute la ligne. L’objectif étant de se rappeler à la mémoire de Faure Gnassingbé qu’il est toujours là même si certains pensent que sa place devrait être dans un musée.
Un parti politique est créé pour conquérir le pouvoir mais ce n’est pas le cas des opposants « recto-verso » qui semblent fonder leur parti pour servir de béquille au régime Rpt/Unir à s’éterniser au pouvoir.
Liberte-Togo

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