Chassez le naturel, il revient au galop. Le nouveau Premier
ministre nous a donné dimanche à la TVT, un avant goût de ce qui sera
son mandat à la primature. Rien que du zèle à mourir. C’est connu de la
part de nos ministres et cadres du régime, formuler une phrase sans
citer le nom de Faure Gnassingbé est assimilable à un crime de
lèse-majesté. Adeptes de griotisme, ils inscrivent Faure Gnassingbé au
cœur de leurs actions. Ils le considèrent comme leur Dieu. Tout part de
lui et tout revient à lui. On connait le slogan-maison, « sur
instructions personnelles du chef de l’Etat… » Comme si les jours où le
jeune Prince est indisposé ou est à court d’instructions à donner, ils
resteraient apathiques sans prendre sans aucune initiative.
Dimanche, à la télévision nationale, le tout nouveau Premier ministre
a usé et abusé du nom Faure Gnassingbé. Dans une seule phrase, il l’a
prononcé au moins trois fois. Il est dans l’ordre normal des choses que
Selom Klassou soit reconnaissant à l’égard de son bienfaiteur. Il en a
tellement fait au point de se passer aux yeux des téléspectateurs comme
un lèche-cul de Faure Gnassingbé. On parie que le jeune Timonier serait
mal à l’aise en écoutant les envolées lyriques du tout nouveau locataire
de la primature.
Le régime ayant toujours gardé les réflexes du parti unique- dès
qu’un cadre d’une région est nommé à un poste important, on se croit
obligé d’aller dire merci avec tout son village au grand chef pour cette
nomination-, on ne serait donc pas surpris si dans les jours qui
viennent Selom Klassou fasse organiser une marche de reconnaissance dans
son Notsé natal à l’endroit de Faure Gnassingbé pour l’avoir nommé à la
primature.
Le nouveau Premier ministre a été nommé au regard de ses compétences
ou à cause de son dévouement au sein du Rpt puis d’Unir ? Cette
question, beaucoup de Togolais se la posent après avoir suivi Sélom
Klassou se présenter comme un obligé de Faure Gnassingbé. Les Togolais
attendent de lui qu’il prenne des décisions hardies dans leurs intérêts
et non servir de robot à Faure Gnassingbé.
A défaut du PM, Don Gabriello va-t-il accepter d’être Dernier ministre ?
On le sait, le poste du Premier ministre que convoitait tant Agbéyomé
Kodjo lui est passé tout près du nez. La désillusion, on l’imagine,
doit être énorme. Contre mauvaise fortune bon cœur, le président d’Obuts
court-circuité par Faure Gnassingbé, a été obligé de louer les qualités
du nouveau Premier ministre Selom Klassou afin de cacher sa déception.
Mais son petit jeu ne trompe personne. Le très suffisant Agbéyomé Kodjo
qui se croit plus compétent et expérimenté que les six millions de
Togolais réunis, a estimé que Selom Klassou était l’homme de la
situation. Mieux que lui?
C’est un secret de « Zémidjan », l’homme de Tokpli n’a jamais caché
son ambition de rebondir par la primature après sa longue traversée du
désert. Il avait fait croire que Dieu lui aurait donné l’onction suprême
pour diriger le Togo. Sa femme l’aurait même vu dans un songe, en train
de prêter serment devant les gérontes de la Cour Constitutionnelle et
elle-même devenue First Lady du Togo. Sauf que c’est un rêve insensé, on
dirait même absurde.
Depuis, Don Gabriello l’a compris et a revu ses prétentions à la
baisse. La primature à laquelle il aspirait, lui a aussi échappé. Mais
n’étant pas homme à baisser les bras, Agbéyomé Kodjo est prêt à se
sacrifier pour un poste de Dernier ministre. C’est ce qu’il a laissé
entendre hier sur une radio. Il a estimé que ce serait trahir la
République si on sollicitait son parti et qu’il refusait de participer
au gouvernement. En tout état de cause, Agbey est prêt à servir le fils
après avoir été au service du père pendant de longues années. Comme
quoi la bouche qui a bu n’oublie pas la saveur du lait. Fini « Faurevi
be agban, agbodji !!! »
Certains lui ont même trouvé le poste idéal dans le gouvernement
Klassou. Ceux-ci pensent qu’il ferait un bon ministre des Sports avec
son ballon comme emblème. C’est la seule alternative pour l’ancien
Premier ministre de ne pas mourir politiquement, pensent-ils.
La ronde des vautours
Après la nomination du Premier ministre et dans l’attente de la
formation du nouveau gouvernement, une agitation inhabituelle semble
s’emparer de certains hommes politiques qui ont entamé la danse du
ventre comme le dirait l’autre. Les portefeuilles ministériels, il faut
le dire, aiguisent les appétits gloutons dans les rangs des formations
qui se réclament de l’opposition. Les mauvaises graines commencent à se
montrer dans le grenier.
Gilchrist Olympio et ses « agbassivi », Francis Ekon et son fameux
groupe d’opportunistes dénommé « Nouveau Regard », Gerry Taama, Agbéyomé
Kodjo, tous piaffent d’impatience que Faure Gnassingbé leur fasse appel
pour faire partie du nouveau gouvernement. Ils ont tous exprimé
publiquement leur ardent désir de servir le fils du père. « S’il y a une
ouverture franche qui assure l’autonomie de notre formation politique
et un gouvernement qui fait appel à la compétence de toutes les
formations politiques, le NET pourrait apporter son savoir faire (…) En
2013, nous avons été consulté mais nous avons dit non, parce que nous
n’avons pas d’expérience. Mais trois ans après nous avons des choses à
prouver», s’est laissé aller Gerry Taama. Oui, en deux ans, le président
du NET a gagné de l’expérience sur la Toile. Cela vaut un détour à la
mangeoire.
Le ton est également à l’enthousiasme chez Agbéyomé Kodjo. «Si le
nouveau premier ministre consulte OBUTS ou demande à OBUTS de fournir
des cadres pour l’accompagner dans sa mission, nous trahirons la
République si nous n’acceptons pas », a-t-il dit.
Quant au président de la CPP Francis Ekon et ses amis de la NDP et du
PDR des partis en voie de disparition, ils avaient appelé à voter pour
Faure Gnassingbé. Naturellement, ils attendent à être récompensés même
si les trois réunis n’ont pas la valeur d’un papier hygiénique.
Que dire de la momie de l’UFC, Gilchrist Olympio ? Il tient
désespérément à l’accord désuet qu’il avait signé avec le défunt parti
unique, le RPT. Il avait dépeint il y a quelques jours, un bilan hyper
élogieux de cet accord qui a été pourtant un échec patent sur toute la
ligne. L’objectif étant de se rappeler à la mémoire de Faure Gnassingbé
qu’il est toujours là même si certains pensent que sa place devrait être
dans un musée.
Un parti politique est créé pour conquérir le pouvoir mais ce n’est
pas le cas des opposants « recto-verso » qui semblent fonder leur parti
pour servir de béquille au régime Rpt/Unir à s’éterniser au pouvoir.
Liberte-Togo
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