Plus d’un mois après avoir porté sur les fonts baptismaux sa formation politique, le Parti Social Démocrate du Togo (PSDT), Laurent Lawson, le président de ce parti donne sa position sur l’actualité politique et économique du pays.
Pour lui, il est bien que les acteurs politiques se mettent à discuter des problèmes togolais mais seulement, les questions à inscrire au débat doivent plutôt prendre en compte le vécu quotidien des Togolais.
« Ce qui préoccupe plus les partis politiques aujourd’hui n’est pas l’accès à une santé digne de ce nom mais plutôt la limitation de mandats présidentiels. Ce qui préoccupe plus les partis politiques au Togo n’est pas l’accès au logement pour les Togolais mais l’impunité pour certains dirigeants ou leaders dans le pays. On ne peut gouverner un pays sans prendre en compte les besoins fondamentaux de la population de ce pays », a-t-il déclaré dans une interview accordée à l’Agence de presse Afreepress.
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Afreepress.info : Un mois après la création du Parti Social Démocrate du Togo (PSDT), comment le parti a été accueilli par le peuple togolais ?
Laurent Lawson : En prélude à notre conférence de presse du 02 mai 2014 et à l’occasion des activités du 1er mai, nous étions avec certains militants à la plage de Lomé en face de l’hôtel de la paix. Nous avions rencontré des hommes et des femmes, jeunes garçons et jeunes filles, nous avions discuté avec eux, échangé avec eux et surtout expliqué la vision et les objectifs de notre parti. Je vous assure que nous avons intéressé pas mal de personnes qui ont signé leur adhésion. Déjà juste après la conférence de presse ce 02 mai, nous avions reçu pas mal de coups de fil téléphonique d’encouragement de certains amis et aussi de certaines personnes qui ont manifesté leur désir de devenir membres. Nous avions parlé avec des curieux qui voulaient savoir un peu plus sur le PSDT avant de décider sur une éventuelle adhésion. Nous avons aussi rencontré des jeunes qui nous ont posé beaucoup de questions et la plus part d’entre eux ont déjà adhéré au parti. Ils ont tenu leur réunion constitutive des jeunes le dimanche 04 mai 2014. Ils disposent déjà de leur bureau directeur.
Afreepress.info : Qu’est ce que le PSDT apportera de nouveau dans l’arène politique au Togo ?
Laurent Lawson : Nous voudrions avant toute chose influencer le climat politique au Togo. Pour la grande majorité de la population togolaise, la politique est synonyme de conflits, de division, de détournement de fonds publics, d’accusations de fraudes électorales, de pauvreté, pour ne citer que ceux-là. Nous avons beaucoup à apporter à l’arène politique au Togo. Nous voulons apporter au togolais le goût de la politique, un engagement accru pour l’avancement de ce pays. La politique n’est pas que l’affaire des autres, c’est l’affaire de nous tous. Il faut un changement profond de comportement, d’agir et de penser des hommes politiques togolais que nous sommes. Contribuer aux débats d’idée, discuter, critiquer et proposer. Soutenir les actions positives du gouvernement à l’intérieur comme à l’extérieur.
Nous voulons surtout au PSDT être l’auteur d’une plate-forme de consensus signé par tous les partis politiques au Togo, une plate forme basée sur le minima des droits fondamentaux de l’homme. Nous voudrons réduire les inégalités qui existent dans le pays entre riches et pauvres. L’école supérieure ne doit pas être réservée aux riches, la santé ne doit pas être l’affaire des riches, le droit au travail doit être un droit de tous les Togolais. Nous regrettons beaucoup l’absence d’un débat sur les droits fondamentaux de l’homme dans le pays. Ce qui préoccupe plus les partis politiques aujourd’hui n’est pas l’accès à une santé digne de ce nom mais plutôt la limitation de mandats présidentiels. Ce qui préoccupe plus les partis politiques au Togo n’est pas l’accès au logement pour les Togolais mais l’impunité pour certains dirigeants ou leaders dans le pays. On ne peut gouverner un pays sans prendre en compte les besoins fondamentaux de la population de ce pays. La politique pour nous c’est la justice sociale. Notre programme contient différents points prioritaires comme l’éducation, la santé, le travail et le développement du Togo.
Afreepress.info : Après 24 ans de l’avènement de la démocratie au Togo, quelle lecture faites-vous de la scène politique ?
Laurent Lawson : La démocratie togolaise est en bonne voie, allant clopin clopant. Aucune démocratie n’est parfaite. C’est un système qu’il faut améliorer continuellement, jour après jour. Il reste quand même beaucoup à faire dans ce domaine. La politique togolaise est quand même en retard compte tenu de notre histoire politique passée. Par le passé, le Togolais se trouvait vraiment distancé de la politique où la politique était confisquée par une portion d’hommes qui finalement en ont abusée. Ils en ont fait leur affaire personnelle et le reste du peuple était dans les ténèbres regardant tous dans la même direction. Aujourd’hui, nous pouvons dire que les choses ont beaucoup changé mais pas tout à fait car il reste énormément à faire.
Nos difficultés ne viennent pas d’ailleurs, elles viennent de nous-mêmes et nous pouvons les résoudre si toutefois nous le voulons. Ce n’est pas la faute des autres si nous n’arrivons pas à donner la chance à tous nos enfants à aller à l’école ou apprendre une profession pour l’avenir. Ce n’est pas la faute des autres s’il nous manque de formations adéquates pour répondre au marché du travail qui est très compétitif aujourd’hui.
Afreepress.info : Pour sortir le Togo de son marasme politique, d’aucuns pensent qu’il y a nécessité de faire les réformes constitutionnelles et institutionnelles et pour d’autres, il faut une transition en 2015. Quel est votre avis sur ce sujet au niveau du PSDT ?
Laurent Lawson : Vous savez, les réformes sont importantes dans la vie d’une nation. On ne peut jamais avoir fait assez de réformes. Si vous lisez un peu ce qui se passe dans les autres pays, vous pouvez attester qu’il n’y a de pays, de pays même très avancés qui ne cherchent pas à faire de reformes. C’est la démocratie et on ne peut que s’en rejouir. Mais avant toute chose il faut régler le problème de l’honnêteté intellectuelle. Qui trompe qui ? Ou se trouve la volonté politique de faire aboutir ces reformes. La transition en soit ne règlerait jamais le problème. On en a eu dans ce pays.
Il y a vraiment nécessité de faire les réformes qu’elles soient constitutionnelles ou institutionnelles mais, il faut toujours le faire dans une Assemblée constitutionnelle où siègent les hommes et les femmes élus par le peuple. C’est ainsi que ces réformes peuvent avoir leur valeur d’être. Personnellement je ne vois pas le chef de l’Etat se meler de cela. Aujourd’hui certains veulent que ce soit lui parce que ça les arrange. Demain, ils criraient au voleur et mettraient les pauvres dans la rue quand ça les désavantagerait. C’est pourquoi moi je parle d’honnêteté intellectuelle. On dispose quand même de juristes et de grands constitutionnels dans ce pays qui pourraient être mis à contribution comme cela se fait ailleurs pour faire des propositions à l’Assemblée. Les élus pourraient alors débattre des différentes propositions faites et voter en leur âme et conscience. Ce qu’il ne faudrait pas oublier, c’est que l’on risque au Togo d’aller de coup d’Etat consitutionnel en coup d’Etat si on ne fait pas attention.
La transition oui mais pour aboutir à quoi. Nous sommes pour si, c’est dans un cadre bien défini avec des objectifs bien définis mais n’est-ce pas du déjà vu ? Est-ce la transition de forme « clopin clopan » où chaque dix jours certains démissionnent du gouvernement et trois jours après ils reviennent? Ou bien celle des années 90 où c’est des fusils qui iront détrôner certains membres du gouvernement parce que ces derniers ne répondent pas favorablement aux demandes de la majorité? C’est compliqué mais pas impossible.
Afreepress.info : Le 25è dialogue inter-togolais s’est achevé sous une note d’échec, dit-on. Selon vous, c’est l’opposition qui manque de stratégie ou bien c’est le parti au pouvoir qui ne manifeste pas le désir d’une franche collaboration ?
Laurent Lawson : Pour nous, nous ne voyons pas la chose de cette façon-là. Echec pour nous non. Ces hommes et femmes ne sont forcément pas appelés à tomber d’accord d’un seul coup. L’important d’abord c’est que pour une fois les Togolais ont initié eux-mêmes le dialogue. Ça commence à aller. Le fait d’accepter d’aller au dialogue est une chose à apprécier. Ils ne sont pas obligés de se mettre tous d’accord sur tous les points, puisqu’après tout, ils iront à débattre des sujets à l’Assemblée Nationale où les parlementaires vont enfin voter. Qui sait si après les dialogues et les points d’accord l’Assemblée ne voterait pour.
Tout ce que nous pourrons dire ici c’est que nous aurions préféré que les points à l’ordre du jour soient plus relatifs au quotidien du Togolais. Et bien sûr que les stratégies de communiquation de part et d’autres doivent être améliorées en la matière.
Afreepress.info : D’ores et déjà, des partis appelent à une mobilisation dans la rue, et d’autres carrément à une reprise des concertations. Quelle est la solution idéale de sortir de crise selon vous ?
Laurent Lawson: Nous sommes en démocratie et chaque citoyen ou groupement de citoyen peut traduire les faits comme il le pense. Ceux qui appellent à une mobilisation dans la rue, ils ont leurs raisons, ils ont leurs stratégies et ils connaissent les résultats que cela donne. Toute action doit être quantifiée à un moment donné pour savoir si ce que nous menons comme action est payante ou non, si la stratégie est d’actualité ou non.
Reprise de concertation oui. Car les concertations sont toujours nécessaires peu importe le nombre de fois. Arriver à un consensus au cours d’une concertation n’est pas aussi si facile comme on le pense. C’est des discussions sur discussions et cela risque d’épuiser toutes les parties concernées. Dès fois cela passe facilement aussi. Toujours est-il que les lois arrangent certains et n’arrangent pas d’autres.
Afreepress.info : Etant un homme d’affaire entre la Suède et le Togo, comment appréciez-vous les efforts du gouvernment en ce qui concerne l’amélioration du climat des affaires au Togo ?
Laurent Lawson : Cette question est très importante en ce qui me concerne. Ces dernières années, il y a une avancée notoire dans le domaine du commerce et l’ouverture du Togo vers les investisseurs étrangers et qui aussi s’intéressent beaucoup au Togo. Vous savez bien que les statistiques ont bien prouvé que la croissance en Afrique est entamée, est vraiment en amélioration et que le Togo fait partie de ces pays dont le taux de croissance est positif. La Suède a les yeux grands ouverts sur le Nigéria et le Ghana, les deux pays anglophones de la sous-région compte tenu de leurs avancées économiques. Mais toutefois, elle n’a pas délaissé les pays francophones c’est-à-dire les huit pays de l’UEMOA dont fait partie le Togo et qui sont les pays visés par le Business Network Öresund-Kosmopolit de la Suède. Avec le Ministre du Commerce et de la promotion du secteur privé, Madame Bernadette Legzim-Balouki que je connais très bien et, avec qui nous entretenons de bons rapports et essayons de trouver des voix et moyens pour le rapprochement du commerce et des opérateurs économiques togolais et de ceux de la Suède. Ce qui ralentit un tout petit peu le programme que nous préconisons pour le Togo c'est-à-dire entre le Togo et Suède dans le rapport commercial et industriel, c’est l’accréditation de l’Ambassadeur de la Suède résident au Nigéria pour le Togo que nous attendons pour que les choses aillent un peu plus rapidement. Le Togo possède d’énormes potentialités pour réussir. Si nous énumérons seulement le port autonome de Lomé, sa modernisation et tous les atouts que cela comporte, la zone franche togolaise, l’aéroport de Lomé et aussi bien la modernisation des infrastructures qui est l’un des moteurs important du développement, font du Togo un pays d’espoir.
Afreepress.info : Un mot au peuple togolais.
Laurent Lawson : Nous venons de porter le PSDT sur les fonds batismaux au Togo. Notre conviction est que la politique se fait autrement et peut se faire autrement au Togo aussi. Les filles et fils de ce pays que nous sommes, tout en revandiquant nos droits fondamentaux, devont en même temps nous demander ce que nous pourrons apporter à ce pays. L’engagement dans la vie sociopolitique du pays est une condition sine qua non pour l’amélioration des choses dans le pays. Nous devons nous rassembler et nous unir pour rattraper le retard qu’on a accusé depuis les indépendances. Nos enfants ont le droit à une protection sociale, à une éducation digne de ce nom et à la santé. Nos jeunes ont le droit à une éducation, une formation et un travail décent. Je voudrais rassurer ici le peuple togolais que rien n’est impossible. Nous devons nous mettre au travail pour construire un futur meilleur pour ce pays.
Source : AfreePress
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