Prié
de quitter les travaux du dialogue inter togolais ouvert depuis
plusieurs sous la facilitation de Mgr Nicodème Barrigah alors qu’il s’y
était présenté au nom de l’ADDI (Alliance des Démocrates pour un
Développement Intégral), le Pr Komi Wolou, secrétaire général du PSR (
Parti Socialiste pour le Renouveau) a tenté hier de se justifier à
travers une longue démonstration juridique. Sans convaincre.
Comme
son compère Me Zeus Ajavon, également obligé de quitter les travaux du
dialogue inter togolais ouvert dans les locaux de Togo Télécom, le Pr
Komi Wolou, ne décolère pas. Il s’en prend au couple UNIR-UFC, à qui il
impute la décision de ne pas l’accepter dans les discussions comme
délégué d’ADDI. Il dit être obligé de publier une réaction après avoir
mesuré grâce à cet incident, « la profondeur du mal togolais. » Après
une longue démonstration juridique portant entre autres sur la finalité
de la règle de droit, les notions de personne morale et de personne
physique, celle du mandat, l’agrégé de droit résume la problématique de
cet incident essentiellement à une question : une personne morale (un
parti politique) peut-il donner mandat à une personne physique qui n’en
est pas membre pour agir en son nom et pour son compte ?
Malgré
une démonstration « académiquement » séduisante, le bras droit de Me
Abi Tchessa peine à convaincre, y compris les traditionnels soutiens à
l’opposition. En effet, ce qu’il ne relève pas suffisamment et semble
marginalisé, est que la matière ici est éminemment politique.
L’appréhender sous le seul prisme du droit, serait une belle erreur. La
tenue même de ce dialogue n’obéît à aucune logique juridique, puisqu’il
est curieux à priori que la question des réformes institutionnelles et
constitutionnelles ne soit pas connue par le Parlement, lieu par
excellence du débat républicain et incarnation la plus aboutie du
suffrage populaire, et donc de la légitimité populaire. C’est donc sur
la base d’une décision politique, assumée par ailleurs, que se tiennent
ces discussions dont le cadre et le fonctionnement, ne reposent là
également non pas sur des règles de droit, mais sur l’expression commune
de volonté des participants. Donc par essence purement subjectif et
exclusif, puisque bon nombre d’acteurs (partis extra parlementaires,
société civile et même gouvernement etc) en sont exclus.
De
fait, enfermer les conditions de ce dialogue dans du juridisme
académique serait emprunter une pente glissante, de vouloir une chose et
son contraire.
Dans
aucune discussion, aucun dialogue politique au monde, les parties
invitées ne mandatent un tiers pour les représenter, quelque puisse être
l’expertise de celui-ci. C’est parce qu’on estime que ce sont elles les
mieux concernées et donc d’elles dépendront la solution aux problèmes
qui se posent, que celles-ci sont conviées, à l’exclusion de toute
autre. Il ne viendrait à l’esprit des Palestiniens de l’OLP de mandater
un expert Guinéen pour débattre avec les Israéliens lors d’un round de
négociations ou que le FPI ( Front Populaire Ivoirien) de Laurent Gbagbo
donne pouvoir au Lider de Mamadou Koulibaly aux fins de parler en son
nom, dans le dialogue qui s’ouvre entre ce parti et les autorités
ivoiriennes. Certes, une compétence, un avis d’expert peuvent être
toujours utile pour chaque participant afin d’affiner sa position.
Mais ils doivent être requis en amont ou en aval. Le cadre de
discussion peut valablement aussi y faire recours. C’est ainsi par
exemple que lors des travaux du CPDC rénové, Me Zeus Ajavon et d’autres
avaient été sollicités pour apporter leur expertise à l’ensemble des
participants sur les différents types de régime par exempls. Au surplus,
dans l’histoire politique contemporaine togolaise qui compte déjà une
vingtaine de dialogue, ce cas de figure ne s’est jamais posé. Pour
beaucoup, les deux hommes de loi auraient dû simplement admettre leur
maladresse et s’en excuser, au lieu de verser dans l’invective et la
stigmatisation, s’en prenant à leurs adversaires qui continuent à
discuter avec leurs homologues, au risque de faire planer l’éventualité
d’une échec sur des travaux dont tout le monde attend beaucoup ; par
simple égoïsme.
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