Friday, January 15, 2016

TOGO :: Interview de Pr Kodjo Agbossou : « C’est de l’expertise qu’il y a à l’extérieur et ce sont des Togolais qui commercent l’image et la réalité du pays »

Interview de Pr Kodjo Agbossou : « C’est de l’expertise qu’il y a à l’extérieur et ce sont des Togolais qui commercent l’image et la réalité du pays »
 Ils sont plus de deux (2) millions de Togolais à vivre  à l’étranger. Et si tous ses citoyens  apportent leur savoir-faire pour aider le pays dans sa démarche vers l’émergence ? Pour ce faire, une initiative est née du ministère des Affaires étrangères, de la coopération et de l’intégration africaine, « Réussites Diaspora ».

Pour une première édition, sept (7) Togolais de l’extérieur  ont retenu l’attention des membres du jury.

L’un d’eux est Prof  Kodjo Agbossou, un enseignant d’université au Québec. Dans un entretien accordé à l’Agence de presse Afreepress, M. Agbossou qui a  fait ses études primaires et secondaires au Togo avant de s’envoler,  parle plus de son parcours et ce qu’il pense de l’initiative qui a levé le voile sur lui.

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Afreepress : Bonjour Prof Kodjo Agbossou, présentez-vous à nos lecteurs ?

Prof Kodjo Agbossou : Bonjour monsieur, je suis Prof Kodjo Agbossou, enseignant togolais à l’université du Québec à Trois-Rivières ; je suis spécialisé dans l’éducation.

Afreepress : Dites-nous Prof, depuis quand avez-vous immigré au Canada ?

Prof Kodjo Agbossou : J’ai quitté le Togo en 2003 et j’ai immigré au Canada en 1993 donc j’ai fait à peu près plus de dix (10) ans en France après avoir passé mes études primaires dans une école publique et après, j’ai fait le collège Protestant de Lomé et juste après, je suis parti en France.

Afreepress : Quel regard portez-vous sur cette initiative « Réussites Diaspora » ?

Prof Kodjo Agbossou : J’ai été très content d’avoir été sélectionné pour cette distinction, surtout que le pays pense aux compétences des gens de l’extérieur et de reconnaître leur parcours donc je trouve que c’est une très bonne initiative.

C’est une bonne initiative que le gouvernement togolais a mis sur pied dans ce sens qu’elle crée un pont entre les Togolais de la Diaspora et des Togolais restés au pays. Au fait en court, on peut définir la diaspora de diverses manières, on peut aussi dire qu’il faut attendre que toutes les conditions soient là pour pouvoir participer à x ou y activité, moi je ne suis pas là techniquement. Il faudrait mettre un pont entre la diaspora et les Togolais du pays et également que, le pays aussi reconnaisse que les Togolais de l’étranger, peu importe le lieu de résidence, peuvent contribuer à la  construction du pays.  

Afreepress : Quel est le domaine dans lequel vous excellez le plus c’est-à-dire, votre domaine de prédilection ?

Prof Kodjo Agbossou : Je suis dans l’éducation donc en fait, je suis le lauréat dans la catégorie A. Et pour une histoire un peu courte, je suis Prof à l’université du Québec  à Trois Rivières (3351 boulevard des Forges) et je dirige une école d’ingénierie dans cette université-là et cette école comprend quatre (4) départements qui sont le génie électrique, le génie informatique, le génie industriel, le génie mécanique et le génie chimique donc œuvrant dans le domaine de l’éducation et mes parcours et mes réalisations et surtout les échanges que j’ai avec le Togo, je suppose que c’est ce qui a pesé dans la balance pour que je sois retenu.

Afreepress : Que pensez-vous que la diaspora peut apporter aujourd’hui au Togo au moment où on parle d’émergence ?

Prof Kodjo Agbossou : Je pense que la diaspora peut contribuer à beaucoup de choses, c’est de l’expertise qu’il y a à l’extérieur et ce sont des Togolais qui commercent l’image et la réalité du pays et donc ils peuvent contribuer et faciliter un certain nombre de choses pour que les choses se réalisent facilement et partir de là, il faut être capable de créer les conditions, les opportunités pour la réalisation de ces choses et trouver les moyens de faire les choses en dehors d’un certain nombre de cadres contraignants.

Moi personnellement, je contribue déjà en participant à des projets avec des collègues ici à l’université de Lomé et je continuerai par le faire et plus il y a d’autres choses que je peux faire dans le cadre de l’éducation, mon domaine de spécialisation, je pense que, ce serait avec plaisir et je n’hésiterai pas. Je crois que l’université dans laquelle je travaille au Québec a un volet très important consacré à l’international où on pense qu’on peut diversifier nos sources de formation à l’extérieur et donc je pense déjà que ce lien avec le Togo sera une bonne chose pour le pays. La formation, on en parlait tantôt dans une tribune, que la formation n’est pas forcément emplésentielle car il y a beaucoup de choses qui peuvent être faites en ligne et donc il y a un certain nombre de formations aussi qu’on peut développer en ligne et qui peuvent contribuer à cela. Donc  entre l’université du Québec à Trois Rivières et l’université locale ici, on peut créer ces genres de structures. En fait, c’est de continuer et vouloir faire de petites choses qui ne révolutionnent pas le monde mais qui apportent quelque chose.

Afreepress : Comprenez-vous ces Togolais qui hésitent à mettre leurs compétences à contribution? Que leur direz-vous ?

Prof Kodjo Agbossou : Oui, je les comprends très bien et ça se comprend très facilement. Cela s’explique par différents contextes notamment, le contexte sociopolitique qui fait en sorte qu’il y a un certain nombre de réticences, un certain nombre de façons de voir les choses, on peut être pour ou contre mais moi je pense que mon action personnelle ne s’inscrit pas dans ce cadre car je me dis souvent que pour faire des choses, on n’a pas besoin d’attendre des conditions idéales ou optimales pour le faire. Il s’agit tout simplement de poser les actes qui permettent de manière à ce que si aujourd’hui je me pose la question, si mes enfants sont dans une condition ou une autre est-ce-que je pourrai les aider peu importe la situation dans laquelle ils sont, et est-ce-que ce serait utile ? C’est dans ce sens que les actions se définissent.

Afreepress : Sur ce point, que pensez-vous aujourd’hui que les dirigeants togolais peuvent faire en ce sens pour élargir le cercle des Togolais de la diaspora?

Prof Kodjo Agbossou : Je crois que ces initiatives sous d’autres cieux ont réussi et d’autres pays qui ont pu intégrer efficacement les compétences, parce qu’il s’agit des compétences, est-ce-que c’est nécessaire d’aller prendre des experts d’un autre pays alors qu’au pays il y a des experts qui pourront faire la même chose ? En fait, la question se pose en ces termes là où je pense que les autorités ont tout intérêt à créer ce pont mais pour y arriver, il faut arriver à créer un climat de confiance, un climat d’échange et de respect mutuel qui permet et favorise ce développement.

Afreepress : Avez-vous des projets qui contribueront à l’amélioration et au renforcement du système de l’éducation au Togo ?

Prof Kodjo Agbossou : Je crois qu’il a des choses qui peuvent être faites mais aujourd’hui loin de moi, la personne revenue de l’étranger et qui veut dire aux gens c’est comme ça que vous devez faire les choses,  je dis non. Je contribue à ma façon à un certain nombre de choses ici à l’université de Lomé et s’il y a d’autres opportunités pour aider à faire des choses, oui je me porte volontiers à le faire avec grand plaisir et surtout parce que je suis un individu de l’extérieur mais je travaille dans une université et donc il y a les contextes de mon université et les choses que mon université aurait aimer développer dans les autres pays en particulier au Togo, là je pense que c’est avec le bureau de l’international qu’on peut le faire.

Afreepress : Un message à l’endroit des autres togolais de la diaspora qui hésitent toujours à revenir au bercail pour aider le pays 

Prof Kodjo Agbossou : Je pense que ce serait mal venu de ma part de devenir un moralisateur ou un quelqu’un qui veut envoyer un message aux autres. La seule chose qui m’a animé dans cette opération-là, c’est de se dire que le pays peu importe les situations reconnaît qu’il y a des compatriotes qui participent au développement et qui font des choses intéressantes et qui veulent le souligner. C’est dans ce sens que j’ai adhéré. Je ne me ferai en aucun cas donneur de leçon.

Propos recueillis par Modeste K.
Afreepress

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