Ils
sont plus de deux (2) millions de Togolais à vivre à l’étranger. Et si
tous ses citoyens apportent leur savoir-faire pour aider le pays dans
sa démarche vers l’émergence ? Pour ce faire, une initiative est née du
ministère des Affaires étrangères, de la coopération et de l’intégration
africaine, « Réussites Diaspora ».
Pour une première édition, sept (7) Togolais de l’extérieur ont retenu l’attention des membres du jury.
L’un d’eux est Prof Kodjo Agbossou, un
enseignant d’université au Québec. Dans un entretien accordé à l’Agence
de presse Afreepress, M. Agbossou qui a fait ses études primaires et
secondaires au Togo avant de s’envoler, parle plus de son parcours et
ce qu’il pense de l’initiative qui a levé le voile sur lui.
Lire plutôt interview
Afreepress : Bonjour Prof Kodjo Agbossou, présentez-vous à nos lecteurs ?
Prof Kodjo Agbossou : Bonjour
monsieur, je suis Prof Kodjo Agbossou, enseignant togolais à
l’université du Québec à Trois-Rivières ; je suis spécialisé dans
l’éducation.
Afreepress : Dites-nous Prof, depuis quand avez-vous immigré au Canada ?
Prof Kodjo Agbossou : J’ai
quitté le Togo en 2003 et j’ai immigré au Canada en 1993 donc j’ai fait
à peu près plus de dix (10) ans en France après avoir passé mes études
primaires dans une école publique et après, j’ai fait le collège
Protestant de Lomé et juste après, je suis parti en France.
Afreepress : Quel regard portez-vous sur cette initiative « Réussites Diaspora » ?
Prof Kodjo Agbossou : J’ai
été très content d’avoir été sélectionné pour cette distinction,
surtout que le pays pense aux compétences des gens de l’extérieur et de
reconnaître leur parcours donc je trouve que c’est une très bonne
initiative.
C’est une bonne initiative que le
gouvernement togolais a mis sur pied dans ce sens qu’elle crée un pont
entre les Togolais de la Diaspora et des Togolais restés au pays. Au
fait en court, on peut définir la diaspora de diverses manières, on peut
aussi dire qu’il faut attendre que toutes les conditions soient là pour
pouvoir participer à x ou y activité, moi je ne suis pas là
techniquement. Il faudrait mettre un pont entre la diaspora et les
Togolais du pays et également que, le pays aussi reconnaisse que les
Togolais de l’étranger, peu importe le lieu de résidence, peuvent
contribuer à la construction du pays.
Afreepress : Quel est le domaine dans lequel vous excellez le plus c’est-à-dire, votre domaine de prédilection ?
Prof Kodjo Agbossou : Je
suis dans l’éducation donc en fait, je suis le lauréat dans la
catégorie A. Et pour une histoire un peu courte, je suis Prof à
l’université du Québec à Trois Rivières (3351 boulevard des Forges) et
je dirige une école d’ingénierie dans cette université-là et cette école
comprend quatre (4) départements qui sont le génie électrique, le génie
informatique, le génie industriel, le génie mécanique et le génie
chimique donc œuvrant dans le domaine de l’éducation et mes parcours et
mes réalisations et surtout les échanges que j’ai avec le Togo, je
suppose que c’est ce qui a pesé dans la balance pour que je sois retenu.
Afreepress : Que pensez-vous que la diaspora peut apporter aujourd’hui au Togo au moment où on parle d’émergence ?
Prof Kodjo Agbossou : Je
pense que la diaspora peut contribuer à beaucoup de choses, c’est de
l’expertise qu’il y a à l’extérieur et ce sont des Togolais qui
commercent l’image et la réalité du pays et donc ils peuvent contribuer
et faciliter un certain nombre de choses pour que les choses se
réalisent facilement et partir de là, il faut être capable de créer les
conditions, les opportunités pour la réalisation de ces choses et
trouver les moyens de faire les choses en dehors d’un certain nombre de
cadres contraignants.
Moi personnellement, je contribue déjà
en participant à des projets avec des collègues ici à l’université de
Lomé et je continuerai par le faire et plus il y a d’autres choses que
je peux faire dans le cadre de l’éducation, mon domaine de
spécialisation, je pense que, ce serait avec plaisir et je n’hésiterai
pas. Je crois que l’université dans laquelle je travaille au Québec a un
volet très important consacré à l’international où on pense qu’on peut
diversifier nos sources de formation à l’extérieur et donc je pense déjà
que ce lien avec le Togo sera une bonne chose pour le pays. La
formation, on en parlait tantôt dans une tribune, que la formation n’est
pas forcément emplésentielle car il y a beaucoup de choses qui peuvent
être faites en ligne et donc il y a un certain nombre de formations
aussi qu’on peut développer en ligne et qui peuvent contribuer à cela.
Donc entre l’université du Québec à Trois Rivières et l’université
locale ici, on peut créer ces genres de structures. En fait, c’est de
continuer et vouloir faire de petites choses qui ne révolutionnent pas
le monde mais qui apportent quelque chose.
Afreepress : Comprenez-vous ces Togolais qui hésitent à mettre leurs compétences à contribution? Que leur direz-vous ?
Prof Kodjo Agbossou : Oui,
je les comprends très bien et ça se comprend très facilement. Cela
s’explique par différents contextes notamment, le contexte
sociopolitique qui fait en sorte qu’il y a un certain nombre de
réticences, un certain nombre de façons de voir les choses, on peut être
pour ou contre mais moi je pense que mon action personnelle ne
s’inscrit pas dans ce cadre car je me dis souvent que pour faire des
choses, on n’a pas besoin d’attendre des conditions idéales ou optimales
pour le faire. Il s’agit tout simplement de poser les actes qui
permettent de manière à ce que si aujourd’hui je me pose la question, si
mes enfants sont dans une condition ou une autre est-ce-que je pourrai
les aider peu importe la situation dans laquelle ils sont, et est-ce-que
ce serait utile ? C’est dans ce sens que les actions se définissent.
Afreepress : Sur ce point, que
pensez-vous aujourd’hui que les dirigeants togolais peuvent faire en ce
sens pour élargir le cercle des Togolais de la diaspora?
Prof Kodjo Agbossou : Je
crois que ces initiatives sous d’autres cieux ont réussi et d’autres
pays qui ont pu intégrer efficacement les compétences, parce qu’il
s’agit des compétences, est-ce-que c’est nécessaire d’aller prendre des
experts d’un autre pays alors qu’au pays il y a des experts qui pourront
faire la même chose ? En fait, la question se pose en ces termes là où
je pense que les autorités ont tout intérêt à créer ce pont mais pour y
arriver, il faut arriver à créer un climat de confiance, un climat
d’échange et de respect mutuel qui permet et favorise ce développement.
Afreepress : Avez-vous des projets qui contribueront à l’amélioration et au renforcement du système de l’éducation au Togo ?
Prof Kodjo Agbossou : Je
crois qu’il a des choses qui peuvent être faites mais aujourd’hui loin
de moi, la personne revenue de l’étranger et qui veut dire aux gens
c’est comme ça que vous devez faire les choses, je dis non. Je
contribue à ma façon à un certain nombre de choses ici à l’université de
Lomé et s’il y a d’autres opportunités pour aider à faire des choses,
oui je me porte volontiers à le faire avec grand plaisir et surtout
parce que je suis un individu de l’extérieur mais je travaille dans une
université et donc il y a les contextes de mon université et les choses
que mon université aurait aimer développer dans les autres pays en
particulier au Togo, là je pense que c’est avec le bureau de
l’international qu’on peut le faire.
Afreepress : Un message à
l’endroit des autres togolais de la diaspora qui hésitent toujours à
revenir au bercail pour aider le pays
Prof Kodjo Agbossou : Je
pense que ce serait mal venu de ma part de devenir un moralisateur ou
un quelqu’un qui veut envoyer un message aux autres. La seule chose qui
m’a animé dans cette opération-là, c’est de se dire que le pays peu
importe les situations reconnaît qu’il y a des compatriotes qui
participent au développement et qui font des choses intéressantes et qui
veulent le souligner. C’est dans ce sens que j’ai adhéré. Je ne me
ferai en aucun cas donneur de leçon.
Propos recueillis par Modeste K.
Afreepress