Le
moins que l’on puisse dire, c’est que le pouvoir de Faure Gnassingbé
est désormais passé maître dans le cynisme politique et les
faux-semblants qui au final, les ridiculisent aux yeux des esprits
avertis dans le pays.
Tout
le monde savait en effet que les pressions qui sont en train de fuser
de partout sur le pouvoir de Lomé afin qu’il opère les réformes
politiques avant la présidentielle de 2015, donnaient à Faure Gnassingbé
et à ses amis, de l’insomnie, du tournis et des troubles de l’esprit.
C’est
donc sous les feux de ces pressions nourries qui les mettent nus à la
face du monde qu’instruction a été donnée à Monsieur le Ministre de
l’administration territoriale, Gilbert Bawara d’amuser un peu la galerie
par une sortie pour le moins maladroite et même malhonnête.
Mardi
donc, le jeune Ministre originaire de Siou était d’abord face à
certains partis politiques de l’opposition à qui il a grossièrement
annoncé la mise sur pied d’un comité technique chargé d’élaborer une
feuille de route pour la décentralisation et les élections locales au
Togo. La trouvaille est géniale !!!!!
Dans
l’après-midi du même jour, Monsieur Bawara s’empresse de rencontrer la
presse pour leur annoncer l’exceptionnelle trouvaille du régime dont il
fait partie.
Le
comité technique en question va être incessamment mis sur pied et tous
les moyens de bord lui seront donnés pour élaborer cette feuille de
route. Il dit d’ailleurs que c’est avec « grand soulagement » que les
partis politiques avec lesquels il a partagé cette idée le matin ont
accueilli l’initiative.
Mais on est où là ? Ce pouvoir se moque vraiment de l’intelligence et du sens d’analyse des togolais…..
Alors
cette feuille de route sur la décentralisation et les élections locales
prendra corps quand ? Il dit six mois, donc après l’élection
présidentielle. Cette initiative viserait-elle à obtenir les élections
locales avant celle de la présidentielle de 2015 ?
Manifestement et aux dires mêmes de Gibert Bawara c’est bien NON, puisqu’il soutient que ces aspects seront abordés plus tard.
Mais
alors quel est l’intérêt pour le pouvoir et principalement pour le
ministre Bawara de rassembler la presse pour lui annoncer une initiative
naturelle qui relève de ses prérogatives ordinaires ?
Sans
doute pour amuser la galerie et donner la fallacieuse impression aux
togolais et à la communauté internationale que le pouvoir est en train
de s’activer sérieusement pour décentraliser le Togo et obtenir les
élections locales dans de bonnes conditions. Mais c’est malhonnête,
vraiment malhonnête et même cynique.
Tout
le monde sait que la préoccupation majeure de Faure Gnassingbé
aujourd’hui est d’aller à la va vite à l’élection présidentielle truquée
qui lui permettra de rempiler pour un troisième mandat sans réformes.
C’est clair comme l’eau de roche.
Alors
qu’un Bawara sorte de façon aussi gauche pour duper à nouveau le peuple
togolais sur un hypothétique frémissement dans le processus de
décentralisation et d’organisation des élections locales est un
épiphénomène, une blague qui sera bien loin de pouvoir distraire les
togolais.
Ceux-ci
ne peuvent guère tomber dans ces pièges de pis-aller du Prince et de
ses accaparateurs des biens du pays. S’ils n’ont pas de bonnes solutions
aux vrais défis qui se présentent à eux et au pays, qu’ils restent
alors dans leur mutisme congénital auquel ils ont habitué les togolais.
Depuis
juillet 2012 qu’il a été nommé à ce poste de ministre de
l’administration territoriale c’est plus de deux ans et demi après qu’il
découvre subitement les vertus et bienfaits de la décentralisation et
des élections locales pour qu’il en parle aujourd’hui ?
Mais il y a tout de même quelque chose de particulièrement révoltant.
Qu’un
Faure Gnassingbé, fils du feu général Eyadema, né avec une cuillère
dorée dans la bouche et qui n’a connu que la facilité, l’or et le miel
depuis sa naissance jusqu’à ses 48 ans actuels, s’affiche aux yeux des
togolais comme un intouchable au sens littéraire du terme, est un fait.
Mais
qu’un Gilbert Bawara, fils de prolétaire qui a connu la souffrance
comme la plupart des togolais que nous sommes, avant de parvenir par sa
bravoure et sa dextérité au rang actuel qu’il occupe, rentre aussi
maladroitement dans le jeu du Prince au point de narguer sans vergogne
les togolais comme il vient de le faire mardi, est révoltant et même
indigne de sa part.
Pourquoi
nos intellectuels choisissent-ils de s’abrutir aussi facilement pour
tomber dans le ridicule juste pour une question de privilèges ou de
simple ventre ?
Gilbert
Bawara a tout de même un profil intéressant et un background non
négligeable. A quoi cela lui sert-il de rentrer dans ce jeu de cynisme
politique pour aider un Prince branlant à se trouver de béquille de
résistance puérile alors même que tout le monde connaît bien le niveau
de ruse, de duperie et de faux-fuyant de celui-ci ?
Bawara ne peut pas trouver mieux ailleurs qu’en politique au Togo ?
De plus, il jouit évidemment d’une jeunesse et d’une fraîcheur qu’il peut bien faire valoir sous d’autres cieux.
Que
cherche-t-il vraiment avec ce pouvoir moribond au point de s’exposer
dangereusement et maladroitement comme le principal activiste du système
qui nargue et injurie au quotidien l’intelligence des togolais ? De
l’argent ? De la gloire ? Merde !!!
Tout
comme le ministre imposteur qui s’est littéralement mué en
« évangéliste angélique » qui use et abuse de la naïveté des pauvres
chrétiennes et chrétiens togolais par une forme lâche de prêche orientée
vers l’abrutissement et même l’achat de la dévotion de ceux-ci à
l’égard du Prince, Gilbert Bawara est lui aussi, en train de s’affirmer
aux yeux des togolais comme un garçon tout aussi malhonnête qui prend le
risque pernicieux de s’amuser avec le sens d’analyse et d’observation
de ceux-ci. Il faut bien qu’il prenne garde.
Où
était le pouvoir du Prince depuis 2007 où la loi sur la
décentralisation avait été votée ? Qu’a-t-on fait depuis 2004 où le Togo
avait pris l’engagement d’organiser les élections locales dans ce
pays ? Rien.
Il est clair que les élections locales et la décentralisation elle-même
vont enlever le pouvoir central de sa mainmise actuelle sur les
collectivités locales et les différentes villes où des pantins de
préfets aussi zélés que grincheux terrorisent et intoxiquent les
populations pour les réduire en de simples larbins qui ne doivent jurer
que par le nom du Prince.
Comment
dans un tel contexte que tout le monde connait, Gilbert Bawara a-t-il
pu s’imaginer aussi aisément qu’il pourrait distraire les togolais avec
cette formule de comité technique chargé d’élaborer la feuille de route
sur la décentralisation et les élections locales alors que tout le monde
sait ce qui préoccupe actuellement le Prince, son mentor ?
En
réalité, l’autre chose qui est davantage révoltante dans tout ce qui
précède, c’est bien le manque de flair des leaders de l’opposition.
Que
disent-ils par rapport à cette sortie qui, manifestement ne vise qu’à
faire une cours immorale à la communauté internationale et lui donner un
semblant de bonne foi du pouvoir de Lomé ?
Sont-ils prêts à accentuer la pression sur ce pouvoir rigide et lâche face aux principaux défis qui se présentent à ce pays ?
Que veulent-ils faire concrètement pour mettre ce pouvoir à bout de souffle hors d’état de nuire ?
Plutôt
que « d’accueillir avec soulagement » les fallacieuses annonces de
Gilbert Bawara, les leaders de l’opposition feraient bien mieux de se
montrer plus vigilants et plus visionnaires face aux sempiternels jeux
du pouvoir cinquantenaire des Ganssingbé au Togo.
Pour
montrer à Gilbert Bawara et à son mentor qu’ils ont opéré un coup
d’épée dans l’eau par cette annonce puérile, les partis politiques de
l’opposition, la société civile et les leaders d’opinion se doivent,
impérativement, de mener une action synergique rigoureuse à la taille de
la moquerie et de l’injure qui viennent de leur être faites par ce
pouvoir à quelques mois seulement de la présidentielle que Faure
Gnassingbé veut organiser avec empressement et sans méthode orthodoxe.
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