Mea culpa mea maxima culpa. Ce sont les
premiers mots que toute la classe politique de l’opposition devrait
adresser au peuple togolais, quelle que soit la position des uns et des
autres lors de l’échéance présidentielle du 25 avril 2015.
Même si les responsabilités individuelles sont très différentes et liées
aux choix et positions de chacun lors de cette élection , nous sommes
tous dans l’opposition collectivement responsables d’avoir laissé passer
l’une des meilleures occasions d’obtention de l’alternance politique au
Togo, au grand désarroi d’une très large majorité du peuple. Toutefois,
laissons le scalpel de l’histoire disséquer les rôles et les
responsabilités individuelles pour regarder ensemble les nouvelles
perspectives à bâtir.
Neuf longues années après la signature de l’Accord Politique Global
(APG) et trois années après la remise des rapports de la Commission
Vérité Justice et Réconciliation (CVJR), les réformes constitutionnelles
et institutionnelles ne sont pas faites et les recommandations ne sont
pas mises en œuvre. La question qui se pose est de savoir à qui
principalement profite le statu quo? En dehors de l’avancée que
procurera au peuple togolais l’exécution de ces textes, elle réduira
considérablement l’avantage politique concurrentiel du parti au pouvoir.
C’est indéniable.
Peut-on donc raisonnablement compter sur la simple bonne volonté de ce
parti pour voir ces textes de reconstruction du tissu social et de
relance de la démocratie mis en œuvre? Après une cinquantaine d’années
sans discontinuer d’exercice du pouvoir d’Etat pourquoi ce parti
affaiblirait-il ses chances de s’y maintenir encore et encore?
L’expérience de cette dernière décennie commande à l’opposition
togolaise de ne compter que sur ces propres moyens pour obtenir
l’exécution des dispositions de l’APG, des recommandations de la CVJR et
la décentralisation. Comment pourrait- on s’y prendre? Il y a
certainement d’autres voies possibles, mais explorons celle-ci.
La fin de la douloureuse période électorale d’Avril 2015 offre une
nouvelle opportunité à l’opposition togolaise qui voit disparaitre pour
cinq ans l’objet de toutes les cristallisations des divergences, la
candidature à l’élection présidentielle. Exit les préoccupations de
candidature unique. Exit les ambitions personnelles. Exit les conflits
d’égo. L’opposition a une nouvelle fenêtre de tir, plus précise car
nourrie de 25 années de lutte ainsi que de la fraiche et amère
expérience de la dernière élection présidentielle. A partir de nos
acquis, nous pouvons revenir à nos principaux points de convergence que
sont l’APG, la CVJR et la décentralisation, ainsi que les préoccupations
sociétales.
Départis de la pression d’une perspective d’élection imminente, nous
pouvons réunir nos forces et bâtir en toute équanimité une nouvelle
démarche conceptuelle de la lutte, avec un mode opératoire plus
efficient en ayant pour seul objectif, la mise en œuvre de l’APG, des
recommandations de la CVJR, la décentralisation et l’amélioration des
conditions de vie des togolais. L’opposition constitue un acteur central
dans toute démocratie et le Togo n’échappe pas à la règle. En prenant
conscience de ce rôle majeur que confère à l’opposition le choix
politique d’orientation démocratique effectué par le Togo en 1990, nous
pouvons devenir un vecteur d’initiatives avec une réelle capacité
d’influer sur les choix et les décisions politiques qui engagent
l’avenir de la Nation. Nous en avons les ressources, nous en avons les
capacités. Il ne nous reste plus qu’à en affirmer la volonté, non pas
dans des déclarations de bonnes intentions, mais dans l’exercice. La
tâche n’est pas aisée, mais il faut s’y atteler sans réserve.
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