LA LETTRE PASTORALE DANS L’OPINION
La lettre pastorale publiée par la Conférence des Évêques du Togo le 26 avril 2016 a suscité des réactions diverses dans les milieux politiques et associatifs du pays. Certains n’y ont vu qu’une interpellation du régime « sur ses manquements » ; d’autres, une critique à l’adresse de « l’opposition » ; d’autres sont allés jusqu’à accuser les hommes d’église « de ne rien faire » et leur ont même enjoint d’aller participer, eux aussi, aux manifestations publiques. Il est évidemment excessif de demander aux hommes d’église d’aller battre le pavé en soutane. Chacun à sa place dans la lutte en cours pour l’instauration de la démocratie dans le pays. Et chacun de ceux qui aspirent au changement démocratique, et qui doivent nécessairement s’y engager par conséquent, ne peut y faire que ce que ses conditions objectives d’existence lui permettent de faire.
L’affichage n’est pas le plus important. Le plus important tient dans quelques principes élémentaires : faire ensemble avec les autres ce qui est nécessaire et efficace pour avancer ensemble vers le but recherché et le faire avec conviction ; s’interdire de faire n’importe quoi ; et surtout, s’abstenir de faire passer ses intérêts privés pour l’intérêt général, ou avant l’intérêt général…
La reprise des marches par l’ANC et ses alliés apparait comme une réponse à la lettre pastorale. Une manière de montrer que « nous sommes là », et que le pays est loin d’être tombé en léthargie comme les Évêques veulent le faire croire
Mais battre le pavé et faire des meetings pour montrer qu’on est là, revendiquer en sachant bien que le rapport des forces n’oblige nullement le pouvoir à céder quoi que ce soit (sauf sur ce qui ne porte pas atteinte à ses intérêts vitaux), ne participent-t-ils pas aux fonctions d’un chef de fil institutionnel ? Il n’est pas dans les fonctions d’un chef de fil institutionnel de combattre le régime, qui l’a désigné ; le rôle dévolu au chef de fil institutionnel est d’amener, autant que possible, l’opposition tous les opposants à accepter d’accompagner le régime dans sa volonté de se pérenniser au pouvoir. Il n’est pas inintéressant à cet égard de relire (ou de lire) attentivement le nouveau le nouveau statut de l’opposition, que même les députés du CAR avaient refusé de voter en 2011.
Au demeurant, il n’appartient pas au régime, ni de désigner un chef de fil pour l’opposition, ni de lui en fourguer un à travers des institutions dont l’opposition n’a pas cessé de revendiquer la réécriture depuis des années. Il n’est pas superflu de rappeler à cet égard que les Évêques avaient déjà insisté sur le caractère inacceptable de ces institutions. L’unité d’action, et donc l’efficacité de la lutte d’opposition, requiert des partis d’opposition de se donner, par eux-mêmes, un porte-parole par des voies démocratiques, et dans l’observance stricte des principes de vérité, de transparence et d’honnêteté au regard des aspirations populaires au changement démocratique.
Mais, pour la CDPA-BT, la possibilité d’une unité d’action dans les circonstances présentes dépend d’au moins trois conditions :
1- Que les partis du courant majoritaire de l’opposition cessent de se combattre entre eux pour le pouvoir ou la première place au sein de l’opposition, ne serait-ce que pour un temps ;
2- Que les chefs de ces partis mettent une sourdine à leur volonté d’hégémonie dans la mouvance de l’opposition ;
3- Enfin, que les partis et organisation associatives de l’opposition acceptent, au-delà des leurs différences légitimes, de se donner, ne serait-ce que pour un temps, une stratégie politique sur la base d’un plus petit dénominateur commun susceptible de conférer à l’opposition toute entière le minimum de force et de cohésion indispensables à l’efficacité de l’action.
Dans tous les cas, il est souhaitable que les effets de la lettre pastorale ne s’arrêtent pas à ces types de marche d’affichage et à ces types de postures qui consistent à faire des revendications en sachant bien que l’état du rapport des forces n’oblige nullement le régime à les prendre en compte.
En tant qu’hommes d’Eglise, les Evêques du Togo ne peuvent pas se permettre de s’engager dans des actions dont la finalité et l’efficacité par rapport aux aspirations du peuple n’apparaissent pas clairement. On peut les comprendre.
Fait à Lomé le 30.06.2016
La Rédaction
La lettre pastorale publiée par la Conférence des Évêques du Togo le 26 avril 2016 a suscité des réactions diverses dans les milieux politiques et associatifs du pays. Certains n’y ont vu qu’une interpellation du régime « sur ses manquements » ; d’autres, une critique à l’adresse de « l’opposition » ; d’autres sont allés jusqu’à accuser les hommes d’église « de ne rien faire » et leur ont même enjoint d’aller participer, eux aussi, aux manifestations publiques. Il est évidemment excessif de demander aux hommes d’église d’aller battre le pavé en soutane. Chacun à sa place dans la lutte en cours pour l’instauration de la démocratie dans le pays. Et chacun de ceux qui aspirent au changement démocratique, et qui doivent nécessairement s’y engager par conséquent, ne peut y faire que ce que ses conditions objectives d’existence lui permettent de faire.
L’affichage n’est pas le plus important. Le plus important tient dans quelques principes élémentaires : faire ensemble avec les autres ce qui est nécessaire et efficace pour avancer ensemble vers le but recherché et le faire avec conviction ; s’interdire de faire n’importe quoi ; et surtout, s’abstenir de faire passer ses intérêts privés pour l’intérêt général, ou avant l’intérêt général…
La reprise des marches par l’ANC et ses alliés apparait comme une réponse à la lettre pastorale. Une manière de montrer que « nous sommes là », et que le pays est loin d’être tombé en léthargie comme les Évêques veulent le faire croire
Mais battre le pavé et faire des meetings pour montrer qu’on est là, revendiquer en sachant bien que le rapport des forces n’oblige nullement le pouvoir à céder quoi que ce soit (sauf sur ce qui ne porte pas atteinte à ses intérêts vitaux), ne participent-t-ils pas aux fonctions d’un chef de fil institutionnel ? Il n’est pas dans les fonctions d’un chef de fil institutionnel de combattre le régime, qui l’a désigné ; le rôle dévolu au chef de fil institutionnel est d’amener, autant que possible, l’opposition tous les opposants à accepter d’accompagner le régime dans sa volonté de se pérenniser au pouvoir. Il n’est pas inintéressant à cet égard de relire (ou de lire) attentivement le nouveau le nouveau statut de l’opposition, que même les députés du CAR avaient refusé de voter en 2011.
Au demeurant, il n’appartient pas au régime, ni de désigner un chef de fil pour l’opposition, ni de lui en fourguer un à travers des institutions dont l’opposition n’a pas cessé de revendiquer la réécriture depuis des années. Il n’est pas superflu de rappeler à cet égard que les Évêques avaient déjà insisté sur le caractère inacceptable de ces institutions. L’unité d’action, et donc l’efficacité de la lutte d’opposition, requiert des partis d’opposition de se donner, par eux-mêmes, un porte-parole par des voies démocratiques, et dans l’observance stricte des principes de vérité, de transparence et d’honnêteté au regard des aspirations populaires au changement démocratique.
Mais, pour la CDPA-BT, la possibilité d’une unité d’action dans les circonstances présentes dépend d’au moins trois conditions :
1- Que les partis du courant majoritaire de l’opposition cessent de se combattre entre eux pour le pouvoir ou la première place au sein de l’opposition, ne serait-ce que pour un temps ;
2- Que les chefs de ces partis mettent une sourdine à leur volonté d’hégémonie dans la mouvance de l’opposition ;
3- Enfin, que les partis et organisation associatives de l’opposition acceptent, au-delà des leurs différences légitimes, de se donner, ne serait-ce que pour un temps, une stratégie politique sur la base d’un plus petit dénominateur commun susceptible de conférer à l’opposition toute entière le minimum de force et de cohésion indispensables à l’efficacité de l’action.
Dans tous les cas, il est souhaitable que les effets de la lettre pastorale ne s’arrêtent pas à ces types de marche d’affichage et à ces types de postures qui consistent à faire des revendications en sachant bien que l’état du rapport des forces n’oblige nullement le régime à les prendre en compte.
En tant qu’hommes d’Eglise, les Evêques du Togo ne peuvent pas se permettre de s’engager dans des actions dont la finalité et l’efficacité par rapport aux aspirations du peuple n’apparaissent pas clairement. On peut les comprendre.
Fait à Lomé le 30.06.2016
La Rédaction
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