« ..La diaspora qui constitue la défense
nationale de notre pays, sera un des acteurs incontournables de ces
projets de baux commerciaux »
Comme il l’a promis lors de son dernier entretien, notre compatriote M.
Koffi Sylvain Sasse, Secrétaire général de l’Agence pour le
développement d’Afrique centrale et francophone (ADAC
www.adac-europe.org) et ex -journaliste d’investigation fait le point
sur l’évolution des deux grands chantiers du Programme citoyen diaspora
2015-2020 en collaboration avec l’ADAC et l’union des petites et
moyennes entreprises et industries du Togo (U 35).
Notre invité qui est également Secrétaire général adjoint de
l’Association de la presse panafricaine (APPA) et coordinateur de la
ligue pontificale et du réseau d’information catholique d’Afrique et du
Proche Orient, apporte des explications complémentaires sur l’un des
volets de ce programme qui est la construction de deux centres
commerciaux à Aného et Sokodé.
Pourquoi une Agence de Développement de l’Afrique Centrale et de l’Afrique francophone ?
Koffi Sylvain Sasse : L’agence pour le développement de l’Afrique
centrale et francophone (ADAC) répond aux besoins de développement des
pays d’Afrique francophone. Car, il y a une très grande différence entre
le niveau de développement des pays d’Afrique francophone et celui des
pays anglophones. Un grand écart s’est creusé depuis l’accession de ces
pays à l’indépendance. Retards dus également aux échecs de plusieurs
projets de développement initiés dans les pays d’Afrique francophone.
L’ADAC veut rattraper ces retards qui sont aussi des défis en étant un
fédérateur de compétences aussi bien pour les entreprises africaines que
françaises afin que les projets de partenariats participent au mieux à
un réel développement de ces pays.
Quelles sont les grandes actions de l’Agence depuis sa création ?
Koffi Sylvain Sasse : Les actions de l’ADAC sont nombreuses dont
certaines sont en cours de réalisation. En Côte d’Ivoire, par exemple,
elle a mis en place avec le concours de ses partenaires, la construction
de la cité dénommée Cité Tulipe à Grand Bassam, avec la construction de
390 villas duplex de hauts tanding.
Ces villas sont destinées aux Ivoiriens et aux ressortissants ouest
africains pour combler partiellement la demande ivoirienne. Initiative
qui permettra aussi de drainer l’épargne extérieure en direction de la
Côte d’Ivoire et de l’Afrique occidentale, avec un accès à la propriété
foncière avec garantie. Au Bénin, ce sont des projets de construction de
logements sociaux de 500 unités, d’un Centre commercial à Cotonou (zone
de réaménagement Riverside) et d’un parking vertical à Cotonou (zone de
réaménagement Riverside), et d’une usine de production de matériaux de
construction (blocs en terre crue «PLINTER»). En Guinée Conakry, c’est
un projet de traitement d’ordures de la ville de Conakry et son
recyclage qui est en phase de montage. Au Congo Brazzaville, ce sont des
projets, entre autres, de sociétés coopératives agricoles à Dolisie, de
construction de Centre commercial à Pointe noire, d’installation d’une
usine de fabrication de matériaux de construction à partir de deux
carrières situées dans la ville de Pointe Noire et d’un programme de
formation. Au Sénégal, c’est le projet de construction d’un hôpital, qui
est en cours de montage pour ne pas être exhaustif. En un mot, il
s’agit de pouvoir mettre en chantier toute l’Afrique francophone. Par
ailleurs il faut relever utilement que l’ADAC qui est également un
centre de transfert de compétences et de formation dans les secteurs de
l’automobile, l’immobilier, la finance, de même que l’artisanat, table
dans le cadre de ses différents projets sur un objectif global réaliste
d’un million d’emplois diplômants et non diplômants d’ici 2020 en
Afrique francophone.
Parlez-nous de l’équipe dirigeante de l’Agence
Koffi Sylvain Sasse : Les membres de l’ADAC sont des entreprises
européennes et africaines, des organisations patronales, et des
associations d’entreprises. Son équipe dirigeante est composée
d’entrepreneurs, de dirigeants de PME/PMI/ETI et aussi bien des experts
en intelligentsia économique, en aménagement du territoire, en énergie,
en agroalimentaire, en artisanal, et en environnement notamment. Avant
de prétendre diriger une société d’Etat par exemple, il faut dans la
mesure du possible faire ses preuves en tant que capitaine d’entreprise
avant de s’activer à diriger l’administration d’une société de la
communauté nationale. Or c’est le contraire en Afrique francophone où
les pratiques consistent à placer des personnes de sa famille, sa tribu,
son village, sans expérience managériale à la tête des sociétés d’Etat,
qui sont en partie des causes des retards de développement des pays
d’Afrique francophone. Plus de cinq décennies d’indépendance, force est
de constater que beaucoup reste encore à faire en matière
d’infrastructures de développement dans les pays d’Afrique francophone.
L’ADAC pilote la création de deux centres commerciaux au Togo, notamment
à Aného et à Sokodé. Quels sont les critères qui ont concouru au choix
de ces deux villes ?
Koffi Sylvain Sasse : Les villes d’Aného et de Sokodé figurent au rang
des grandes villes les plus martyrisées du Togo, et interdites de
développement. Combien de notabilités de l’élite politique sont
originaires de ces deux villes mais n’ont rien fait pour leur
développement ? Le cas de la ville d’Aného est plus lamentable. Outre ce
constat, il y a d’autres critères tels que le positionnement
géographique, le pouvoir d’achat, l’urbanisation, la taille de la ville,
sa localisation, ses principaux flux, le parc automobile, les offres
commerciales existantes, voilà autant de critères qui ont concouru à
leur choix. A ces critères s’ajoutent les données sur la diaspora
togolaise. Par exemple plus de 50% des membres de la diaspora sont issus
de ces deux villes. La diaspora togolaise a un rôle important à jouer.
Quelle est l’opportunité de la création de centres commerciaux dans ces villes du Togo ?
Koffi Sylvain Sasse : Les constructions de ces centres commerciaux dans
ces villes offriront plusieurs opportunités que ce soit en termes
d’emplois locaux, d’infrastructures, de recettes municipales, et
d’animation de la ville. Le centre commercial qui sera bâti au quartier
de Komah non loin du lycée moderne de la ville de Sokodé, par exemple
créera 300 à 1000 emplois diplômants et non diplômants pour la
population.
Elle réduira aussi l’exode rural. A travers ces projets, les villes
d’Aného et de Sokodé deviendront des pôles fédérateurs de croissance au
Togo. Laissons de côté les statistiques économiques que donnent les
médias qui concentrent tout sur la capitale. La croissance économique
d’un pays est réelle quand elle a un impact direct sur le citoyen, dans
son décor quotidien (bien-être, pouvoir d’achat, alimentation, santé,
emploi, loisirs notamment) ; sans quoi il ne serait que vide de sens. Ce
terme de croissance économique que véhiculent les politiciens, les
médias, et certains auto-proclamés experts économistes togolais relèvent
davantage de la rhétorique que de la réalité quotidienne concrète des
populations. L’état actuel du Togo caractérisé par un manque
d’infrastructures de développement en est une preuve ! C’est pour cela
que la diaspora togolaise qui constitue la défense nationale de notre
pays avec ses membres aux compétences variées (d’experts,
d’entrepreneurs, gestionnaires de fonds d’investissements privés,
banquiers, épargnants, agents immobiliers, ingénieurs des ponts
chaussées, agronomes, diplomates, etc..), sera un des acteurs
incontournables de ces projets de baux commerciaux.
De quelle manière la diaspora sera-t-elle active dans ces projets ?
Koffi Sylvain Sasse : Un des acteurs financiers occidentaux (européens,
américains, canadien,) du projet, lancera un emprunt- obligation de
valeur nominale de 50, ou 100 euros sur 10 ans à un taux garanti, à
l’endroit des membres de la diaspora comme la Banque ouest africaine de
développement (BOAD) a l’ habitude de le faire. Cette opération sera un
acte patriotique et d’autres africains non togolais peuvent souscrire à
ces obligations.
Comment se déroulera-telle l’opération ?
Koffi Sylvain Sasse : Le projet se déroulera en trois phases. La phase
de l’emprise foncière disponible : localisation de surface du terrain,
importance et nature des droits à construire attachés, le plan
cadastral, la situation géographique du terrain. Cette phrase est
presque bouclée. Après la signature de l’accord de partenariat entre
l’ADAC et l’union des petites et moyennes entreprises et industries du
Togo (U 35) en août dernier, plusieurs réunions du Conseil municipal des
deux villes ont eu lieu permettant ainsi de terminer cette première
phase. C’est ainsi que le Président de la délégation spéciale de la
commune de Sokodé, Mr Tchakpedeou Biladegneme a pris un arrêté municipal
en date du 29 Septembre 2015 cédant le terrain de 12009 m2 non bâti
dans le quartier de Komah à l’ADAC -U35 pour la construction d’un centre
commercial. Son homologue de la ville d’Aného, Mr Ayayi Ayivi a proposé
dans le quartier de Nlensi, deux terrains séparés non bâtis d’une
superficie totale de 9000m2. Ce qui est très inférieur au projet. Nous
devons rediscuter avec le Conseil municipal pour trouver une superficie
adéquate minimum de 12000 m2 comme Sokodé, pour la réalisation du
projet. Le maire d’Aného, de son côté n’a pas encore pris un arrêté
municipal de cession étant donné que nous n’avons pas encore convenu du
choix et de la superficie des terrains proposés. Je crois que d’ici la
fin du premier trimestre 2016, nous trouverons un accord. La deuxième
phase est celle des études d’expertise et de validation qui débutera à
la fin du premier trimestre. Elle englobe les études économiques et
d’impacts (architecture locale, étude de terrain), puis viendra la phase
opérationnelle (montage, réalisation et gestion).
Qui peut participer à cette opération et quelles sont les conditions de participation?
Koffi Sylvain Sasse : Comme nous l’avons annoncé dans notre communiqué
du 3 décembre 2015, pour la partie réalisation il a été prévu de monter
un groupe d’entreprises couvrant tous les corps de métiers touchant au
BTP et à l’aménagement extérieur et intérieur, ainsi que les fournitures
nécessaires à la construction de l’ensemble des centres commerciaux.
Les entreprises seront sélectionnées en fonction des compétences
qu’elles pourront apporter et sur leur réactivité à répondre aux
demandes formulées par le Maître d’ouvrage et le Maître d’oeuvre. Toutes
les entreprises peuvent postuler sous les conditions suivantes :
– Avoir plus de deux ans d’existence – Avoir les qualifications requises au lot auquel elle souhaite répondre
– Etre structurée techniquement et financièrement (les groupements de
TPE ou d’artisans peuvent être retenus suivant leurs qualifications).
Pour la partie oeuvre, la priorité sera donnée aux entreprises nationales et tout
particulièrement aux entreprises de l’union des petites et moyennes
entreprises et industries du Togo (U 35). Elles seront sélectionnées par
la société CONVERGENCE et l’ADAC. Pour pouvoir postuler à ces deux
appels, la société, en plus de fournir les documents mentionnés
ci-dessus, devra s’acquitter d’un « ticket d’entrée » de 2000 euros non
remboursable si elle est retenue et qui lui sera remboursée à hauteur de
1500 euros si elle n’est pas retenue. Les candidatures sont acceptées
du 1er janvier 2016 au 30 avril 2016.
Pour les entreprises désireuses d’y participer, quel bénéfice pourront-elles en tirer?
Koffi Sylvain Sasse : Quel est l’objectif de toute entreprise ? Le jeu des intérêts et de la rentabilité me semble-t-il !
Quel sera concrètement leur cahier de charges ?
Koffi Sylvain Sasse : Les entreprises retenues auront le moment venu le
cahier de charges dont certains critères seront conformes aux
engagements de l’ADAC et U35, entre autres, le développement de l’emploi
local dans les villes d’Aného et de Sokodé.
Les problèmes fonciers sont légion au Togo. Rassurez-vous les Togolais
que ces terrains municipaux sur lesquels seront érigés ces centres
commerciaux ne seront nullement de terrains litigieux ?
Koffi Sylvain Sasse : Nous sommes conscients de ces litiges fonciers en
Afrique et plus particulièrement au Togo. Les terrains sur lesquels
seront construits les centres commerciaux seront cédés par les
municipalités des deux villes. Les Maires des deux villes ont joué
jusqu’à présent la transparence et le patriotisme.
Il y a des investigations indépendantes diligentées par l’ADAC qui se
font en amont et en aval pour ce qui est de l’emprise foncière dans les
deux villes. En tant que Togolais et en homme de devoir et d’engagement,
je rassure nos compatriotes qu’il n’y aura pas de terrains litigieux.
De toute façon, dans la réalisation de ce projet, il n’y aura pas
d’achat de terrains. Le Président de l’ADAC, Mr Didier Renaud, celui de
l’U35 du Togo, Mr Bilante Kondo et moi-même, avons opté pour un bail
emphytéotique de 50 ans en vue de protéger nos compatriotes togolais
contre toute spéculation foncière et immobilière dans le cadre de ce
projet. En cas de faits avérés selon nos investigations, nous les
règlerons avant tout début de travaux. Aussi faut-il attirer votre
attention sur le fait qu’au cours de cette interview j’ai donné le nom
des quartiers de Sokodé et d’Aného où devront être construits
probablement les centres commerciaux. Si d’aventure les compatriotes des
quartiers Komah à Sokodé et Nlensi à Aného venaient à avoir des
informations non concordantes avec celles issues de nos investigations
relativement aux sites retenus, prière contacter l’ADAC sur:
s.sasse@adac-europe.org ou d.renaud@adac-europe.org
Je vous remercie.
L’ALTERNATIVE
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