Quel est l’origine du problème togolais
et que faire pour le résoudre ? Voilà le fil d’Ariane qui a mené le
président du parti « Le Togo Autrement » vers la dénonciation du face à
face instauré depuis les années d’indépendance par les héritiers des
nationalistes « Ablodè » et des progrès. Ce livre de 227 pages,
préconise pour sortir de cet affrontement, l’émergence d’un nouveau
courant politique.
En marge de cette présentation,
l’écrivain s’est adonné à un exercice de question-réponse avec le
reporter de l’Agence de presse Afreepress. Voici ce que ça donne.
Bonjour M. Fulbert ATISSO. Vous
venez de dédicacer un nouvel ouvrage qui parle du problème togolais.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Fulbert ATISSO : Le
livre que nous venons de dédicacer aujourd’hui à Brother Home est le
3eme d’une série de livres que j’ai écrit sur le Togo et qui consiste à
réfléchir pour savoir exactement ce qui se passe au Togo. Voilà un pays
qui plus de 50 ans n’a pas connu d’alternance. Voilà un pays où toutes
les tentatives qui ont été faites pour le remettre dans le bon sens,
pour faire la réconciliation, n’ont pas abouti et nous sommes parvenus à
la conclusion qu’il existe un mal. Ce mal ; nous le dissocions de la
formulation qui consiste à dire que : « le Togo va mal ». Le Togo va
mal, c’est plutôt l’échec des politiques publiques, c’est plutôt l’échec
de la gouvernance depuis quelques années.
Mais là, nous disons qu’il existe un mal
togolais. Et le mal togolais à notre avis, c’est le fait que la
politique togolaise soit restée enfermée dans un face à face entre les
nationalistes et les progrès depuis la période de la décolonisation
jusqu’à ce jour, il y a un enfermement de la politique dans les deux
doctrines. D’abord il y a le nationalisme qui était le courant qui à
l’époque coloniale, revendiquait l’indépendance immédiate et les progrès
qui voulaient que le Togo reste encore dans le giron de la France et
que l’indépendance advienne plus tard.
Donc après les indépendances en 1960, ce
face à face a continué. Après le 5 octobre où le peuple s’est soulevé
pour exiger un autre Togo, le face à face a continué jusqu’à ce jour.
Nous sommes parvenus à la conclusion dans le livre que nous avons sorti
que le mal togolais, c’est le fait que la vie politique togolaise soit
l’objet d’une dispute permanente entre les deux doctrines, la doctrine
des nationalistes et la doctrine des progressistes.
Quelles solutions préconisez-vous pour résoudre ce problème ?
La solution que nous préconisons c’est
d’extirper la vie politique de ce face à face entre les nationalistes et
les progressistes. C’est en cela que nous disons que d’autres courants
politiques doivent proposer un nouvel idéal. Une autre voie, une voie
qui sorte la politique de ce face à face entre les nationalistes et les
progrès et leurs héritiers. Il faut donc absolument sortir la politique
togolaise de ce face à face. Pour nous, du côté de l’opposition
togolaise, nous proposons l’émergence de nouveaux courants qui
s’affranchissent de ce vieux face à face et du côté du parti au
pouvoir, il faut également que des courants sortent de là pour refuser
l’idéal de la conservation du pouvoir. L’idéal de la peur qui est
nourrie dans ce camp et qui mène à ce que l’on dise que le pouvoir ne
bougera pas parce que si le pouvoir bouge, ce sont les héritiers des
nationalistes qui viendraient le prendre. Nous disons que c’est le
croisement de ces deux courants de pensée qui va former en réalité le
vrai courant politique qui va concourir à l’émergence d’une véritable
réconciliation.
Deuxième solution que nous avons
préconisée, c’est le fait que le Togo devrait tendre vers une seule et
même histoire parce que chaque courant doctrinaire a son histoire. Les
nationalistes ont leur histoire, une histoire idyllique et les progrès
ont leur histoire, une histoire falsifiée. Donc le Togo doit aller vers
une seule et même histoire où les héros seront communs à tout le monde,
où les hauts faits de l’histoire seront acceptés par tous, où les
grandes dates seront acceptées par tout le monde. Il faut un travail
pour faire accepter par tout le monde, une histoire commune au Togo.
Pensez-vous que ce nouveau
courant de pensée est la bienvenue au moment où la classe politique
parle de réformes institutionnelles et constitutionnelles ?
Les réformes politiques relèvent des
revendications immédiates. Mais nous nous sommes dans une réflexion à
long terme qui est axée sur l’éducation. Nous pensons qu’il faut changer
les mentalités des populations pour que le Togo puisse changer. Nous
pensons que le changement arrivera tout seul lorsque les mentalités des
populations auront changé. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle
notre parti politique qui s’appelle « Le Togo Autrement » veut incarner
cette troisième voie, c'est-à-dire ce nouvel idéal politique, ce nouveau
projet qui va consister à dire aux Togolais que la politique doit
sortir de cet engrenage entre les héritiers des nationalistes et des
progrès pour aller vers un idéal plutôt de réconciliation et de paix.
A quel public votre livre s’adresse-t-il ?
Le livre s’adresse d’abord aux hommes
politiques. A cette conférence de dédicace j’ai invité presque tout le
gratin, malheureusement beaucoup n’ont pas cru bon de devoir venir. Mais
nous sommes samedi et les gens ont des engagements. Le débat va
continuer.
Le livre s’adresse en seconde position
aux intellectuels et aux historiens qui doivent le dépouiller, le
fouiller pour le compléter parce que nous n’avons pas la prétention de
dire que nous avons mené une réflexion exhaustive, la réflexion n’est
pas finie, elle continue. Et en dernière position, le livre s’adresse
aux populations. Si elles ne peuvent pas l’acheter et le lire, nous
irons vers elles pour faire une vulgarisation de son contenu. Donc,
finalement le livre s’adresse à tout le public togolais, à tout le
monde.
Pendant la période de la lutte pour les
indépendances, les nationalistes étaient incarnés par le CUT (Le Comité
de l’Unité Togolaise) et les progrès par le PTP (le Parti togolais du
Progrès). Et après, les partis ont été interdits au Togo, mais les
nationalistes se sont toujours organisés pour revenir au pouvoir et donc
après, l’UFC a repris le flambeau du nationalisme et a incarné ce
courant jusqu’à l’accord RPT-UFC où le flambeau a été transmis à l’ANC.
Mais ce ne sont pas des sigles qui sont en question ici. C’est une
doctrine, c’est une façon de voir la politique togolaise qui est en
question. Ce sont des symboles qui sont en question, ce sont des
revendications qui sont en question.
Le livre préconise que nous nous séparions de ces deux doctrines qui ont infesté la vie politique togolaise jusqu’à présent.
Interview réalisée par A.G.
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