Amina, la cinquantaine, est rayonnante.
Avec d’autres femmes de son village, elle attend de recevoir, soit un
moulin à concasser qui servira à broyer les graines de néré servant à la
fabrication du beurre de karité, soit du matériel destiné à
l’apiculture.
Amina fait partie d’un village riverain du complexe d’aires protégées de
l’Oti, Kéran et Mandouri (OKM), qui couvre 179 000 des 578 000 hectares
du système national d’aires protégées au Togo.
Suite aux bouleversements socio-politiques qui ont agité le pays dans
les années 90, une grande partie des infrastructures du pays ont connu
un sérieux déclin, en particulier le système de gestion des aires
protégées. Souvent, les communautés locales ont cultivé, fait paître du
bétail ou installé des villages dans les limites territoriales des parcs
nationaux.
L’OKM faisant partie des corridors traditionnels de migration des
éléphants et autres grands mammifères, cette situation menace la
biodiversité de l’écosystème régional, et est encore aggravée par la
pression supplémentaire qu’exercent les changements climatiques.
En aidant les communautés riveraines à participer à la gestion des
ressources naturelles et lancer de nouvelles activités génératrices de
revenus durables, le PNUD, le Fonds pour l’environnement mondial et
l’Union économique et monétaire ouest africaine aident le Togo à mieux
protéger ses écosystèmes naturels.
Un projet d’une durée de cinq ans vise à rétablir un système fonctionnel
de gestion d’aires protégées et à préserver les couloirs de migration
de la faune avec les pays voisins Avec un budget de plus de 4 millions
de dollars US, dont 2 millions de cofinancement de la part du
gouvernement, le projet a lancé différentes études (revue du système
national d’aires protégées, des cadres juridique et institutionnel, de
la biodiversité du pays, etc.), et mis en place un comité local de
gestion de l’OKM.
Pour obtenir une plus forte adhésion des communautés locales, plus de
six mille personnes installées autour de l’OKM, leaders d’opinions et
autres autorités administratives et traditionnelles ont été
sensibilisées sur la nécessité de préserver les aires protégées. La
population vivant dans les limites du complexe a été estimée à près de
35 O00 habitants sur la base des données d’un recensement général de la
population en 2010.
Depuis le lancement du projet en 2012, les efforts de définition et de
marquage consensuels des limites des aires protégées ont permis
d’implanter des bornes de délimitation autour de 25% du complexe.
Parallèlement à cette initiative, une série de formation a permis de
renforcer les capacités d’une centaine d’agents techniques.
L’accompagnement des populations riveraines et résidentes qui seront
éventuellement appelées à quitter les zones critiques de conservation de
la biodiversité représente un défi considérable pour ce premier projet
national de conservation de la biodiversité, indique le Ministre André
Johnson, en charge de l’Environnement et des Ressources forestières.
C’est pourquoi le projet propose aux populations résidentes ou
transhumantes de tester une série de moyens de subsistance durables,
afin de réduire les pressions exercées sur les ressources de l’OKM.
Ces moyens vont de l’agroforesterie à l’élevage de gibier, l’apiculture,
l’écotourisme, le développement des mécanismes d’accès à l’eau et aux
ressources fourragères alternatives.
“Avant la fin de l’année, des points d’eau seront réalisés dans cinq
villages riverains du complexe“, assure M. Johnson. En outre, les
groupements producteurs de beurre de karité bénéficieront chacun d’une
somme de 4 à 6 millions de francs CFA pour l’achat des graines de néré.
Pour Amina et les plus 2500 personnes directement bénéficiaires du
projet, de nouvelles perspectives s’ouvrent : gain de temps,
augmentation des revenus et amélioration des conditions de vie et de
travail. Grâce aux équipements modernes offerts, les méthodes
traditionnelles et ardues de fabrication de beurre de karité ou
d’extraction du miel ne seront bientôt plus qu’un lointain souvenir
Pnud Togo
No comments:
Post a Comment