Sur la base de témoignages et de documents exclusifs, la DB a remonté la chaîne d’approvisionnement de l’or «togolais», de la raffinerie tessinoise Valcambi aux mines artisanales du Burkina Faso, dans lesquelles adultes et enfants travaillent dans des conditions innommables.
A partir de douze ans, les enfants exécutent les mêmes tâches que les adultes, y compris les plus pénibles et dangereuses. Il s’agit de l’une des «pires formes de travail d’enfants» – c’est-à-dire des travaux «susceptibles de nuire à la santé, à la sécurité ou à la moralité de l’enfant», selon la définition de l’Organisation internationale du travail (OIT).
Dans les mines
Munis d’une simple corde en chanvre, les mineurs descendent dans des conduits peu sécurisés et très mal ventilés pouvant atteindre jusqu’à 170 mètres de profondeur.Les mineurs descendent dans les conduits sans casque, sans gant ni lunettes de protection. Ils prennent souvent des amphétamines pour lutter contre la faim et la peur pendant les longues heures qu’ils passeront sous terre.
De nombreuses familles vivent dans des campements de fortune, agglomérés autour des sites d’extraction
Le travail dans les mines se poursuit même à la saison des pluies, en dépit des risques d’effondrement.
Le concassage des pierres, une activité pénible. Les travailleurs, ici des adolescents, respirent en permanence de la poussière, s’exposant à de graves maladies pulmonaires et respiratoires.
Partout, la poussière. Même ici, à la saison des pluies. Les gens mangent, dorment et travaillent dans un paysage chaotique.
Les travailleurs doivent constamment porter des charges trop lourdes, ce qui conduit à des lésions osseuses et musculaires parfois irréversibles.
Séparer le minerai des résidus sans valeur, une tâche souvent confiée aux enfants. Chaque jour, les mineurs sont exposés au mercure, au cyanure et autres produits toxiques utilisés pour extraire l’or. La plupart des travailleurs ignorent les risques sanitaires liés à leur activité.
Douze heures de travail par jour, de jour comme de nuit. Les yeux rougis par la poussière.
Des enfants sont impliqués à toutes les étapes de la production. Les femmes et les jeunes filles ne descendent pas dans les mines, mais travaillent aussi sur les sites de production.
De nombreux enfants quittent leur village et leur famille pour devenir mineur, attirés par un revenu de quelques francs par semaine, dans un pays où la moitié de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté. Ils abandonnent l’école – et tout espoir de travailler un jour en dehors du secteur artisanal.
Dans les mines artisanales du Burkina Faso, entre 30 et 50% des travailleurs n’ont pas atteint l’âge adulte
La filière de l’or
Comment l’or «togolais» arrive-t-il en Suisse?
Chaque année, des milliers de tonnes d’or minier sont importés en Suisse. Très peu d’informations filtrent sur l’origine de ce métal précieux. Les raffineurs prétendent que leurs chaînes d’approvisionnement sont soumises à des contrôles très stricts. Pourtant, notre enquête révèle que l’or importé du Togo provient en réalité des mines artisanales du Burkina Faso. Le métal précieux y est extrait dans des conditions déplorables par une main d’œuvre composée de 30 à 50% d’enfants. Cet or est ensuite acheminé illégalement au Togo par des réseaux de contrebandes. Ce trafic prive le Burkina Faso de revenus essentiels pour son développement, alors que la moitié de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté.A Lomé, capitale du Togo, le métal précieux est acheté par une famille libanaise qui l’exporte, désormais en toute légalité, vers son antenne genevoise. Cet or illégitime est ensuite vendu à Valcambi, la plus importante raffinerie de Suisse. Alors qu’elle prétend appliquer les standards «les plus stricts» pour garantir le respect des droits humains sur l’ensemble de sa chaîne d’approvisionnement, Valcambi ne semble pas se soucier de la véritable origine de cet or. Comme souvent, les autorités suisses préfèrent «ne pas savoir», selon l’expression employée par une source au sein de la police fédérale.
Les mesures volontaires ne suffisent pas
L’origine problématique de l’or «togolais» raffiné en Suisse par Valcambi montre une fois encore l’insuffisance des mesures volontaires prises par les entreprises pour prévenir les violations des droits humains. Le Conseil fédéral reconnait les risques associés à ce secteur très lucratif et souligne l’importance de renforcer les standards en matière de transparence et de responsabilité. Pourtant, les efforts pour prévenir l’importation en Suisse d’or entaché par la corruption, les dégâts environnementaux ou les violations des droits humains restent largement insuffisants.Afin de remédier à cette situation scandaleuse, la DB et plus de soixante organisations suisses ont lancé, en avril 2015, une initiative populaire pour des multinationales responsables. Elle demande que les sociétés domiciliées en Suisse aient l’obligation légale de s’assurer que leurs activités ne conduisent pas, directement ou indirectement, à des violations des droits humains ou à des atteintes à l’environnement.
Lire / Télécharger le rapport complet : La véritable histoire de l’or « togolais » raffiné en Suisse
Lire / Télécharger le résumé : Un filon d’or
Campagne réalisée avec le soutien de la Fédération genevoise de coopération (FGC)
et de la Fédération vaudoise de coopération (Fedevaco).
Source : Déclaration de Berne and 27 avril
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