Saturday, June 18, 2016

Togo, Mutisme de l’UMT face aux Bourreaux : Complicité. Indifférence. Ou Lâcheté ?

Lentement mais sûrement, la communauté musulmane du Togo avance vers la création d’une UMT, Union Musulmane du Togo bis. Nous n’inventons rien, le décor est planté depuis des lustres, c’est la mise en forme qui tarde à se préciser. Il existe actuellement des regroupements qui justifient leur existence par les carences de l’UMT. Entre-temps les Imams ont aussi voulu se faire entendre pour apporter plus de lisibilité dans la représentativité à la tête des musulmans du Togo.

Le « président » de l'Union Musulmane du Togo, le vieux serviteur RPTiste El Hadj Inoussa Bouraima dit le « savant »  continue d'instrumentaliser l'UMT au profit du vieux régime cinquantenaire du RPT-UNIR | Archives
Le « président » de l’Union Musulmane du Togo, le vieux serviteur RPTiste El Hadj Inoussa Bouraima dit le « savant » continue d’instrumentaliser l’UMT au profit du vieux régime cinquantenaire du RPT-UNIR | Archives
Tant les musulmans ont du mal à comprendre que les autres confessions ont tendance à les identifier au régime en place alors que les faits crèvent les yeux. Sokodé, Bafilo, Mango, Kpalimé, Atakpamé et Lomé la capitale, la plupart de ces villes, si elles ne sont pas majoritairement musulmanes, elles ont un fort taux de population musulmane. Toute proportion gardée, l’UMT chiffre sa population à plus de 43 % des Togolais. Comme par hasard, l’écrasante majorité de ces villes, précitées, sont des irréductibles bastions de l’opposition malgré le forcing et les montages plastiques pour faire croire le contraire à l’opinion.
Sokodé, Bafilo et Mango sont par exemple des villes opposantes par héritages. Au-delà des partisans de circonstance, même la plupart de ceux qui se font les avant-gardistes du système en place, pris en aparté, savent d’où ils viennent. Villes abandonnées par le régime en place, c’est par instinct de conservation que toute, sinon, la plupart de la population, de génération en génération se transmet un sentiment naturel d’opposition contre un régime qui n’a fait que démolir ces localités jusqu’à un passé récent. L’emblématique ville de Kpalimé, il suffit de se référer au martyre qu’il a souffert en 2005 en répression à son opposition à la monarchie naissante pour s’en convaincre.
Il ne nous appartient pas de démontrer quoi que ce soit par rapport à la capitale. Toutes ces localités, de fortes populations opposantes, comptent avec un très fort taux de musulmans de même conviction. Si nous omettons des localités par méconnaissance des réalités sociopolitiques, que ces populations ne nous tiennent pas rigueur. Nous voudrions juste considérer un échantillon.
Lorsque le vent de l’Est a soufflé, tous les Togolais, à quelques encablures près, ont salué la démocratie qui devait aussi se matérialiser par l’alternance face à un règne qui faisait déjà plus de 20 ans d’une dictature acceptée. Mais à force de confondre vitesse et précipitation, faute d’un combat citoyen désintéressé sur fond de querelles de personnes et pour avoir surtout sous-estimé les forces de l’adversaire, le pouvoir moribond a repris du poil de la bête. Eyadema est revenu de plus bel. Certes, les Togolais ne dansent plus l’animation publique importée du Zaïre, actuel RDC, qui l’avait hérité de l’Afrique du Sud, mais ils venaient de rater une occasion de vivre une ère nouvelle. N’empêche que de maigres espaces de liberté ont été conquises quoiqu’aux prix de vies humaines.
A chaque cadence sa dense
Ainsi, le nouveau départ se fera avec le bâton et la carotte. Le régime n’a trouvé rien à démontrer pour s’attirer l’estime des populations, pour les taper dans l’œil, pour reprendre les « Ivoiriens ». La stratégie en vogue sera l’achat de conscience des uns et le terrorisme des plus audacieux leaders d’opinion. Ceux-ci commencent, soit à s’exiler, soit à tomber les uns après les autres par peur ou sous le charme du bon samaritain de Lomé II. La formule a marché sous le père et elle sera d’ailleurs reconduite sous le fils. Au-delà des admirateurs naturels, une frange de la population est obligée, souvent comme par procuration de tous les autres, de faire d’une mauvaise fortune, bon cœur en devenant marcheurs professionnels ou animateurs de meeting. Ceci pour refaire une image à celui qui a plié sans pour autant rompre. Le tout, sous la largesse sélective de Lomé II qui s’est fait désormais du sang neuf et une nouvelle philosophie de la gestion publique, se servir d’abord et mettre la construction amorcée en jachère.
Aucune réédition des comptes, tout part de Lomé II et revient à Lomé II, sous les éloges de ceux qui savaient faire l’âne pour du foin. D’une contestation à l’autre, de dialogue en dialogue, l’opposition, si elle tient encore à son engagement, finira par se tromper d’adversaire. Cela a valu à Eyadema au moins 18 autres années de règne sans partage sous les emblèmes d’une démocratie de façade. Comme si l’arrêt de la construction, sous le fallacieux prétexte des casses des biens publics de cette bande de terre jadis appelée « Suisse d’Afrique », ne suffisait pas, au moins six ans avant qu’il ne casse la pipe, Eyadema était rongé par une maladie qu’il cachait comme un secret de couvent. L’immobilisme dans les affaires publiques a alors atteint le comble. Le pays s’est arrêté, le développement avec, le Timonier gouvernait comme par procuration, tantôt lucide tantôt absent, l’homme a perdu la main. Peu importe si de nouvelles meurs s’installent, l’essentielle est de ne pas menacer la quiétude du pouvoir.
Au moins trois ans avant, celui qui finira par incarner « un père de la Nation » se savait mourant, mais le pouvoir, il en a fait une fixation, il s’y accroche jusqu’à ce que le mal qu’il trainait sous la veste eut raison de lui. « La catastrophe nationale », larmoyait le Premier Ministre d’alors au soir du 5 février 2005 à la télévision publique. Celui-ci croyait avoir trouvé la juste expression à la hauteur de la perte d’un homme d’Etat. Mais en réalité, qu’un règne de 38 ans finisse par une catastrophe nationale n’est que signe d’échec. Pire, cette expression ouvrait le banc à un autre épisode tout aussi triste que le premier. Un certain Faure Essozimna Gnassingbé est porté au pouvoir.
Notre hymne national stipule dans l’un de ses valeureux couplets que le Togo est « l’or de l’humanité ». Mais quand le jeune Faure se faisait déposé dans le fauteuil de son père, le Togo était plus un cancer à soigner qu’un lingot d’or. L’armée, fortement régionalisée, estimait que toute contestation devait être neutralisée pour que vive le changement dans la continuité. Ceci a accouché des centaines de morts en 2005. La démocratie déjà hémiparasite se monarchise. On pouvait se dire qu’« on ne change pas une équipe qui gagne ». Si le Togo était une terre où le talent est encouragé, une terre qui avait pu créer une classe intermédiaire susceptible de faire le pont entre le bas peuple et l’élite, si le Togo était déjà guérit du régionalisme, de l’impunité, de la gabegie, de la chasse aux sorcières, si le Togo était au moins une terre où l’on peut réussir sans avoir fait allégeance au régime, un territoire où les « promotions canapées » n’étaient pas déjà à la mode au détriment du mérite. Mais toutes ces tares teigneuses étaient déjà à l’affiche.
Pire, en lieu et place d’une armée républicaine, les habitudes de la maison ont enfanté d’une armée où le plus fort et le plus craint n’est pas seulement le plus gradé, mais aussi et surtout le plus proche de la quadrature du cercle. Nous étions encore à un temps jadis où certains considéraient encore le pouvoir comme un héritage qu’on ne pouvait leur arracher sans les marcher dessus. De la mort du père à l’avènement du fils, aucun vent ne soufflait alors pour une alternance apaisée. Des Togolais sont d’ailleurs tombés par centaines, le décompte était macabre. Chaque jour renforçait la conviction que le bout du tunnel est encore loin. Et pourtant, il faut bien vivre pour continuer le combat, si combat il y a. Du coup, la population, encore une fois, la mort dans l’âme, « supporte » le fils, comme pour faire d’une mauvaise fortune bon cœur, dans l’espoir que la main qui a fait le feu saura l’éteindre. Faure est assis dans son fauteuil, son héritage. Comme un gamin émerveillé par un oisillon qu’il étouffe entre ses mains, il tient son pouvoir : « papa nous a dit de ne jamais laisser échapper le pouvoir au risque de ne plus le récupérer » avait-il soutenu publiquement au palais des congrès de Lomé. Derrière ces tâtonnements d’un président de circonstance, l’on ventait un jeune diplômé des meilleures universités des Etats-Unis qui arrive avec le miracle.
Les mythes tombent
L’horizon s’alourdit et la vie continue, mais le miracle se fait toujours désirer. Le Togolais se sent de moins en moins bien. Les sociétés d’Etat qui ont commencé la descente aux enfers avec Papa continuent par tomber un à un avec le fils. Une nouvelle classe de riches arrogants nait. Les premiers dirigeants se muent en hommes d’affaires, aucune entreprise ne prospère s’ils n’ont pas un regard dans l’actionnariat, la concurrence déloyale peut prendre racine. Et mine de rien, les sorties illicites des devises du pays flèchent. L’injustice fortifie son territoire, les grands travaux de reconstruction servent de plus en plus de paravant pour s’enrichir. La corruption est le vice le mieux toléré, la population trime, la haute classe thésaurise. Aux dernières nouvelles, la masse monétaire du Togo est plus forte que celle de la côte d’Ivoire. Quand le Togo était vraiment une Suisse d’Afrique, cela s’expliquait par le fait que les voisins, pour des raisons de sécurité, avaient trouvé dans les banques togolaises un refuge sûr. Mais la situation actuelle ne s’explique que par le fait que les voleurs de la République ont thésaurisé ici et là de l’argent volé. La liquidité est forte au pays mais elle ne circule pas, le Togolais tire le diable par la queue.
Sur le plan politique, les lignes refusent de bouger
Les réformes promises s’éloignent. Au jour le jour, le ciel s’assombrit; les espoirs d’un soleil levant sont avalés par une éclipse qui alourdit le firmament. Les emblématiques fiefs du pouvoir en place sont devenus des foyers de tension par excellence pour des querelles intestines. Des inconditionnels défenseurs du prince se sont retrouvés en séjour carcérale. Le mécontentement le plus redouter ne vient pas du camp d’en face, mais de la fratrie qui gère. L’union sacrée a vécu. Feu Eyadema fut une forte autorité morale qui savait gérer les éventuelles divisions qu’il entretenait de sa propre diplomatie dans l’armée. Présentement, on se demande s’il existe une autorité morale capable d’imposer la paix des braves au cas où…
Inutile de rappeler qu’à chaque fois que les médias dénoncent des scandales financiers au sommet, les bruits de bottes se font entendre. Oui, personne ne supporte qu’une minorité liquide les biens du pays quand d’autres meurent, sous le drapeau la faim au ventre. Le militaire en quêtes des éloges et de deux pains de savon pour missions bien accomplies a fait place au militaire qui connait la belle vie, l’argent. Il faut vivre avant de défendre les couleurs nationales bien évidemment. La redoutable armée est devenue attentistes et des brigands et braqueurs armés leur passent souvent entre les doigts; de quoi se demander si c’est un sabotage, une complicité ou un relâchement de la sentinelle? Où est partie cette armée qui formait les autres armées de la sous-région? Chacun attend davantage de meilleures conditions de vie et de travail surtout que dans les missions internationales, les Togolais ont touché à la différence.
Quand leur chef supérieur dénonce une minorité qu’il refuse de démanteler, à défaut d’une carte d’adhésion, des officiers peuvent être tentés de se liguer en réseaux d’intérêts et c’est la sécurité qui prend un coup. Pour répondre aux besoins, la corruption peut, si elle ne l’est pas déjà, devenir un mode opératoire, c’est alors le poisson qui pourrit de la tête. Désabusée par des traitements en deçà des efforts, on peut aussi se demander si les corps habillés sont encore un bateau sur une mer placide. Dirigeant comme dirigés, civile comme militaire, tout le monde marchent dans une lumière noire. Les populations tâtonnent dans leur volonté de dégager l’éclipse, les dirigeants n’ont plus rien à démontrer si ce n’est le mélange du genre, la confusion entre le sexe et les affaires publiques au sommet, la morale a quitté la cité, la course au trésor, les alliances perverses, le pays va mal. Sur tous les indicateurs, la Nation recule, les populations avec. Signe des fins, diront les plus pessimistes.
La Conférence des Évêques du Togo ( CET ) cassent la baraque.  L’Union Musulmane du Togo ( UMT ) reste muette.
Devant cette situation, l’Église catholique sort, une fois de plus, de sa réserve et tire sur la sonnette d’alarme. L’UMT, Union Musulmane du Togo, elle, se démarque par un mutisme qui frise la complicité pour ne pas dire l’activisme aux côtés des dirigeants. La Conférence des Évêques du Togo ( CET )  parlant du Togo estiment, entre autre qu’« aujourd’hui, le contexte international des attaques terroristes et les enjeux sécuritaires semblent avoir éclipsé totalement les questions internes de justice, de réformes institutionnelles, de décentralisation, de consolidation de la démocratie, de gouvernance et de l’Etat de droit ». Qu’est-ce que l’UMT oppose à cette assertion ?
L’évêché doigte les tares du régime en ces termes, « le mensonge commence toujours par une déformation du sens des mots, tandis que le courage de la vérité réside dans la capacité de rendre aux mots leur sens véritable ». Que disent ceux qui se réclament du Saint Coran?  Les Évêques ne s’arrêtent pas là. Ils estiment aussi, en réponse à ceux qui avancent que le confessionnel et le politique ne font pas bon ménage que « Définir la politique comme l’art de gouverner les peuples, c’est oublier qu’avant qu’un peuple soit gouverné, il faut bien qu’il existe. Ainsi, le principe de l’alternance politique, avant d’être une valeur démocratique, est surtout une exigence de droit naturel. Précisément parce que les gouvernants sont à notre service, il est légitime de les remplacer quand nous estimons qu’ils ne remplissent plus leur mission ou qu’ils ont atteint une limite qui ne leur permet ou ne leur permettrait plus de bien remplir cette mission ». Est-ce que l’UMT estime que le maître d’orchestre de « la minorité qui s’accapare des richesses du pays » continue par remplir sa mission ?
Dans la gestion du pays, les adeptes du Christ trouvent du scandale et ne le cachent pas. « Le scandale n’est pas qu’il y ait des riches et des pauvres ; le scandale est dans le fait que les institutions qui doivent instaurer un minimum d’équilibre se murent dans l’indifférence ou choisissent un camp, celui des riches, paradoxalement et s’y cantonnent ». Monsieur Inoussa Bouraïma dit « Savant » a-t-il une objection ? L’islam croit fortement en Jésus qu’il appelle ISSA comme étant un des prophètes.
Les catholiques font ici appel à sa sagesse. Quelle réponse donne le coran ? Oh cette noble Ecriture qui ne laisse aucune ombre à l’injustice? Les évêques alors de stipuler : « C’est l’enseignement du Christ lui-même qui rapporte, entre autres, dans la parabole du Bon Samaritain (Luc 10) comment un homme en voyage tombant entre les mains de brigands, se fit rouer de coups et fut laissé moribond sur le bord du chemin. Un prêtre puis un lévite s’illustrèrent par leur indifférence. Un étranger, un Samaritain, passant par-là se sentit responsable de lui, lui porta secours, se dévoua pour lui faire prodiguer les soins nécessaires à son recouvrement. Voilà comment on est vrai et responsable et qu’on évite la trivialité du désinvolte qui répète à tout-va : cela ne me regarde pas ! Car cela nous regarde toujours ; et il faut choisir son camp.
Ou l’on est le bon Samaritain, pour faire du combat de l’homme notre combat à tous pour un Togo meilleur, plus prospère pour tous ses enfants ; ou l’on fait partie des mauvais samaritains qui, au lieu de chercher et soigner le blessé, se contentent de discourir à son sujet ; ou alors, on fait partie des brigands qui volent, pillent et laissent pour morts, ceux qui manquent déjà du nécessaire, qui écrasent les faibles pour rester les plus forts, qui trichent les plus pauvres pour demeurer les plus riches. Ou l’on fait partie des indifférents qui, parce qu’ils ont leur part bien servie, estiment qu’ils ne sont plus concernés par les combats des autres, passant leur chemin et oubliant qu’il faut ici et maintenant lutter de façon responsable tous aux côtés de tous pour un meilleur vivre-ensemble, pour l’amélioration des conditions de vie de tous ceux qui ont uni leur destin sur cette terre que nous habitons ».
Qui dit mieux ? Si l’UMT a une objection, qu’elle l’apporte. Sur le visage pourtant mâture de notre patrimoine commun, les évêques y diagnostiquent ce qu’ils ont désigné par les maladies d’enfance en ces termes : « les maladies infantiles » de l’Indépendance devaient se révéler des maladies durables si bien qu’on continue de voir encore aujourd’hui les traces de ces maladies d’enfant sur le visage d’un Togo pourtant adulte de plus de cinquante années d’Indépendance ».
Dans leur quête d’un Togo pour tout le monde, et en guise de remord, les Évêques s’interrogent « comment avons-nous pu céder à cette sorte d’idolâtrie du pouvoir et du culte de la personnalité qui ont prévalu pendant de nombreuses années dans notre Pays ? Comment avons-nous pu rester insensibles aux violations des droits humains que cette situation imposait à certains de nos concitoyens ? Comment avons-nous pu être distraits par « le pain et le cirque » qui, de l’animation populaire aux marches de soutien, enfonçaient toujours plus le Pays dans le marasme, la corruption, le gain facile, la mal-gouvernance, le « viol des consciences et à la mutilation des libertés » ? Nous fermons la longue mais pertinente parenthèse sur les responsables catholiques par cette autre citation : « Quand les justes se multiplient, le peuple est en liesse ; quand les méchants dominent, le peuple gémit ».
Fort donc de ce qui précède, l’évêché lance une invite : « nous invitons nos gouvernants à plus de justice. On ne peut pas, au nom d’un prétendu réalisme politique, mais en réalité au nom d’intérêts souvent mesquins, bannir de la politique le droit et la morale. Dans le domaine politique, on doit observer que la vérité dans les rapports entre gouvernés et gouvernants, la transparence dans l’administration publique, l’impartialité dans le service public, le respect des droits des adversaires politiques, la sauvegarde des droits des accusés face à des procès ou à des condamnations sommaires, l’usage juste et honnête des fonds publics, le refus de moyens équivoques ou illicites pour conquérir, conserver et accroître à tout prix son pouvoir… La relative tranquillité que connaît notre Pays ne doit pas servir de prétexte à un abandon pure et simple de ces questions qui, à notre avis, revêtent pour la vie de notre Nation, une importance capitale. Parmi ces dernières, nous mentionnons en particulier la controverse sur la limitation du mandat présidentiel qui, dans le contexte actuel de sa remise en cause dans nombre de pays africains, doit faire l’objet d’une diligente réflexion visant à régler de manière durable la lourde tension qu’entraîne ce sujet ».
You have the floor
rères et sœurs, vous qui régentez la noble union musulmane, le bon sens voudrait que vous ayez honte d’être incapables, pour des motifs politiques, de vous trouver d’abord un président titulaire depuis que l’intérim est ouvert il y a Sept ans. Ensuite, vous êtes dans le mois béni de ramadan, le mois de la vérité, de la justice, le mois qui combat toute complicité contre les valeurs humaines. La Bible, a parlé, le coran, encore plus éloquent, a sa part de vérité contraire à ce que vous venez de lire ?
De grâce, de grâce, de grâce, il vaut mieux tard que jamais, vous répondriez peut-être que votre contribution est de prier pour la paix au pays. Oui, les autres aussi font la même chose. Mieux, le fait que vous priez pour la paix nationale ne vous empêche pas, à la moindre sortie, de prononcer des déclarations à donner le vertige à vos fidèles soit pour sensibiliser vos troupes ou invectiver les fou de Dieu, les terroristes alors que le vrai terrorisme vous dirige au pays ! C’est aussi vous qui incitez les Imams à plus de responsabilité et de doigté dans leurs sermons et prêches. Ces sermons sont des avis du Saint Coran et de la Sunna du prophète.
Toutes les prières importantes en Islam sont précédées de messages. Nous sommes d’accord que vous priez pour la paix, soyez en rétribués. Mais quel est votre message, votre sermon, face à la déconfiture nationale qui crève les yeux ? Ou alors vous êtes de « mauvais samaritains » satisfaits des clichés qui rongent votre pays ? Dans ce cas, ne soyez pas surpris qu’un de ces jours, une Union musulmane bis voient le jour pour combler vos manquements et combattre vos complicités incestueuses. Tous les musulmans ne se retrouvent pas dans votre posture de béquille à un système qui n’a plus rien à vendre à son peuple.
Dans votre silence accompagnateur d’un régime cinquantenaire, on aurait pu vous laisser tranquille si vous étiez constitué en entreprise privée, mais ici vous osez parler au nom de plus de 49 % d’une population togolaise dont la majorité se perd dans vos discours. Qu’avez-vous gagné de plus que les autres confessions ? Bien au contraire. Pensez-vous que toutes les populations de Sokodé, de Bafilo, de Mango, de Kpalimé, de Lomé, de Tchamba et que sais-je encore, sont derrière votre lâcheté teintée de la défense de quelques prébendes ? Si vous en étiez sûr, vous auriez pu déjà organiser un congrès électif pour mettre fin à l’intérim. C’est Allah qui fait et défait les rois, mais nous n’avons rien à vous apprendre sur l’avis du même Allah par rapport aux dirigeants injustes, aux dirigeants qui pillent, qui se servent de l’impunité comme bouclier, qui donnent le mauvais exemple au point de renverser les valeurs sociales les plus élémentaires.
Aidez-nous, S’il vous plait, à croire en votre bonne foi. Autrement, nous nous ferons le devoir de susciter, par nos modestes colonnes, la création d’une UMT concurrente. Aucune loi ne l’interdit et nous en sommes capables, vous le savez. Allah n’aime pas les complicités dans le mal, il déteste les lâches et l’indifférence face à l’oppression, car « choisir le silence en situation d’injustice, c’est prendre le camp de l’oppresseur » comme l’a dit Martin Luther King Jr. Face à ce régime, Dieu et ce mois de Ramadan sont témoins que votre avis n’est pas celui de tous les musulmans, moins encore du Saint Coran. Mais il vous est encore possible de sauver les meubles. A vous la parole.
Abi-Alfa
Source : Le Rendez-Vous N° 282 du 16 juin 2016 et 27 AVRIL

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