Lomé, le 20 Avril 2016
Monsieur le Président
Assemblée nationale
LOME – TOGO
Objet : Lettre d’orientation
Monsieur le Président,
Nous vivons depuis 11 ans le naufrage de la raison, de la justice et de
la vérité. Le régime, qui régente le pays, a changé à la fois d’échelle
et de nature. Il a massacré des centaines de togolais en 2005 pour se
renouveler. Il se maintient dans l’ostracisme et par toutes sortes de
violence, d’arbitraire, de mensonge et de subterfuge. En complicité avec
des étrangers, il endette massivement le pays et pille nos ressources
nationales. Ce n’est plus un homme qui incarne ce régime despotique mais
un petit groupe d’individus sans morale et sans consistance.
La constitution en vigueur, grâce à laquelle vous exercez le pouvoir
législatif en vertu des dispositions de son Titre III, est joyeusement
et cyniquement foulée aux pieds. Le régime désincarné et déshumanisé
bafoue avec effronterie les articles 51 à 57 de cette constitution.
C’est tellement évident que cela devient vulgaire mais révoltant pour
ceux qui aiment notre pays et son peuple. Aucun membre de votre
Assemblée nationale n’a pensé présenter une proposition de loi pour la
mise en place du Sénat ou pour la révision de la constitution en vue de
sa suppression. Il en est de même pour le Conseil Economique et Social
prévu par le Titre X (Articles 132 à 136) de cette constitution. Quelle
forfaiture !
Monsieur le Président, toutes les lois que vous avez votées depuis 11
ans sont en conséquence illégales. Elles violent gravement les
dispositions de l’Article 81, alinéas 2 et 3 de la constitution en
vigueur. Un tel mépris de cette constitution est non seulement un dédain
pour vos propres actes mais également une haute trahison de notre
nation.
En plus de ces scandaleuses violations, le régime maintient dans le pays
et pour la masse du peuple une misère insupportable, une malheureuse
inégalité et des conditions d’immoralité, d’injustice et d’oppression.
Même le Chef de l’Etat a dû dénoncer cet abominable délit et ce
maraudage insupportable de nos ressources par cette minorité d’oisifs et
de délinquants économiques et sociaux.
Monsieur le Président, comment l’Assemblée nationale que vous présidez
a-t-elle osé supprimer l’allocation de départ à la retraite que nous
avions initiée pour soulager les nouveaux retraités et entretenir une
économie de marché dans notre pays ? Il y a là un aveuglement et un
caractère anti-social hautement détestable. Ce qui constitue la
République, c’est le respect de la constitution en vigueur et surtout la
bonté des mœurs. Ce n’est pas la délocalisation des séances de
l’Assemblée nationale et des conseils des ministres dans les
préfectures. La République ne doit pas devenir du folklore.
Epris de justice, de liberté et de progrès, le PRR vous lance un appel
pressant à vous ressaisir et sollicite le peuple à faire du Togo le
modèle des nations africaines, à remplir les vœux de la nature, à
accomplir les destins de l’humanité et à absoudre la providence du long
règne du crime et de la tyrannie.
Monsieur le Président, c’est fraternellement que je vous rappelle que
c’est la longue suite des injustices et des trahisons des élites qui
provoque les révolutions. Incapable d’initier elle-même les réformes
dont le pays a besoin pour évoluer, l’institution que vous présidez n’a
pas et plus le droit de rejeter ou de bloquer un quelconque projet de
réformes constitutionnelles et institutionnelles soumis à son adoption
par le gouvernement. Elle s’exposera alors à sa dissolution ou à
l’exercice de la souveraineté populaire.
Je vous prie de trouver ici, Monsieur le Président, l’assurance de mes sentiments patriotiques et dévoués.
Nicolas LAWSON
Président du PRR
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