La Ligue des consommateurs togolais
(LCT) appelle le Gouvernement togolais à interdire d’importation les
découpes de poulets congelés accusées non seulement de détruire
l’élevage avicole local mais surtout d’être impropres à la
consommation.
La LCT s’attaque au poulet importé du
Brésil, des Etats-Unis et de l’Union Européenne. La viande aviaire est
soupçonnée de parvenir aux consommateurs togolais avariée,
commercialisée par une industrie agro-alimentaire et des négociants peu
scrupuleux, soucieux surtout de se débarrasser d’un produit impropre
pour le consommateur européen mais excellent pour les pauvres Africains.
L’association togolaise s’appuie sur un
article publié par deux journalistes allemands, Michael Obert et
Matthias Ziegler, intitulé « Le poulet mondial », l’industrie de la
viande européenne décharge des milliers de tonnes de poulet,
difficilement vendable sur le marché européen dans les pays africains en
voie de développement.
Ainsi « … les ailes, le cou, les pieds,
les os, les abats, [représentant] pour de nombreux producteurs des
déchets » sont expédiés en Afrique.
«… l’industrie de la viande a trouvé un moyen d’économiser ces coûts : ce que l’Europe ne mange pas, est expédié en tant que viande congelée vers l’Afrique et vendu à des prix défiant toute concurrence sur les marchés », indique la LCT.
Les poreuses douanes togolaises
Comment ces produits impropres à la
consommation parviennent-ils aux Togolais ? La LCT relève la grande
responsabilité des autorités togolaises, surtout les douanes, peut-être
moins bien outillées, qui ferment les yeux sur le trafic. C’est « plus
de la moitié » du poulet importé qui est mis en cause.
« Les préoccupations idoines en matière
de conservation n’étant pas prises, les viandes qui arrivent à la douane
de Lomé sont pour la plupart souvent contaminées », selon la LCT.
« On y découvre pourritures, dégradations
et de grandes tâches noires avec de moisissures avec des contaminations
par des matières fécales animales ou autres », souligne encore le
président de la LCT.
En 2013, relève la LCT, 12.000 tonnes de
ces viandes ont été exportées au Togo des pays de l’Union européenne,
des États-Unis et du Brésil. Sur ces dix (10) dernières années, cela
représente une augmentation de 600%.
Appel à mettre fin à l’importation
Ces poulets sont en réalité des
pondeuses interdites à la vente en Europe. «… Ce que l’Europe ne mange
pas, est expédié en tant que viande congelée vers l’Afrique et vendu à
des prix défiant toute concurrence sur les marchés », s’indigne la LCT.
La LCT invite donc les consommateurs à ne
pas acheter ces produits aviaires et demande aux autorités togolaises
de les interdire.
Et si les importateurs sont tout
simplement des proches des autorités ? La législation togolaise
fourmille de mesures d’interdiction de certains produits carnés, y
compris les croupions de dindes. Mais depuis des années, les mêmes
produits se retrouvent sur le marché.
Au Bénin voisin, le richissime Sébastien
Ajavon, ancien candidat à la présidentielle en 2016, est considéré comme
le pape du poulet; des produits qu’il importe du Brésil.
Plus de 50% de la population togolaise
vit en dessous du seuil de pauvreté. Et ces produits carnés sont
accessibles non seulement aux plus démunis mais à une majorité à cause
de la cherté du poulet local, dont le prix moyen est situé entre 3.500
et 4.500 CFA contre 800 CFA pour le kilo des découpes avariées.
L’Afrique plumée et empoisonnée par le dumping de l’UE
Dans une campagne
contre la surproduction et la Politique agricole commune en 2004, une
campagne pour le droit à la protection des marchés agricoles, Terressolidaires.org accuse l’Union Européenne d’appauvrir et de tuer l’agriculture africaine par l’exportation des produits congelés.
L’Union européenne (UE) porte une triple responsabilité: elle est aujourd’hui le principal fournisseur des poulets congelés; elle joue un rôle important dans la définition des règles des échanges internationaux; elle soutient une Politique agricole commune (PAC) privilégiant l’agriculture intensive et les exportations agricoles vers des pays fragilisés. La “saga du poulet”recouvre des dimensions agricoles,environnementales,sociales et commerciales. Elle concerne dès lors autant l’avenir des paysans du Sud que celui des agriculteurs et des travailleurs du Nord, l’environnement de la Bretagne que celui du Nordeste brésilien, la sécurité et la souveraineté alimentaires des consommateurs et des citoyens, africains comme européens! s’indigne cette association altermondialiste.
La donne n’est pas prête de changer. Les
récents accords de partenariat UE-Afrique renforce cette situation d’une
Afrique quasi-poubelle de l’Europe, de la Chine et des Amériques.
Comme quoi les Afro-optimistes peuvent continuer à rêver : L’Afrique se meurt et n’est pas vraiment prête de se relever !
LE TEMPS
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