Wednesday, December 7, 2016

Togo : Suite de l’affaire d’escroquerie par Olga Mensah : Le Procureur de la République Essolissam Poyodi change de veste et délivre un soit-transmis contre la victime

Doit-on rendre la justice en se fondant sur des considérations personnelles, ou en se limitant aux faits ? Dans une affaire d’escroquerie, d’abus de confiance, de faux et usage de faux ayant révélé que dame Olga Mensah est tout sauf une femme digne de confiance, le Procureur de la République Essolizam Poyodi avait délivré un soit-transmis qui a vu cette femme conduite par devant lui.
L'escroc Olga Mensah et son « protecteur » le procureur de la République Essolissam Poyodi | Infog : 27avril.com
L’escroc Olga Mensah et son « protecteur » le procureur de la République Essolissam Poyodi | Infog : 27avril.com
Essolissam Poyodi demanderait à la victime d’accepter une marchandise incomplète, même si le compte n’y est pas.
Mais aux dernières nouvelles, nous apprenons que, non seulement le délai promis par le Procureur pour permettre à la victime de rentrer en possession de la cargaison de biscuits est passé sans résultat, mais en plus un soit-transmis délivré par le même Procureur contre la victime a donné pouvoir aux agents du SRI d’interpeller celle-ci. Motif invoqué, « atteinte à l’honneur de l’escroc ». Aux dernières nouvelles, l’escroc aurait déjà déversé une cargaison de biscuit sur le marché avant de laisser à disposition de la victime le reste de la marchandise sous évaluée. Pourquoi cette affaire ne va-t-elle pas en instruction et pourquoi le ministre de la Justice qui a en charge la gestion du parquet ne dit rien, tout comme le président du Conseil supérieur de la magistrature?
26 septembre 2016. Dans notre parution N°2284, nous avions révélé sous le titre : « Escroquerie, faux et usage de faux,…Olga Mensah arrêtée pour escroquerie puis relaxée par un capitaine au SRI », la procédure par laquelle cette femme a réussi à escroquer d’une dizaine de millions de FCFA à une victime qui a eu le malheur de lui faire confiance. Dans cette affaire, la Rédaction a pris langue avec le Procureur de la République, Essolizam Poyodi pour en savoir davantage. Dans les explications de celui-ci, il est ressorti que « le dossier est en cours », mais l’assurance donnée par le représentant du parquet de Lomé était que la cargaison de biscuits, objet de l’arnaque, devrait arriver au port de Lomé le 10 octobre dernier. Malheureusement à ce jour, aucune trace de cette fameuse cargaison. On en était là quand des informations faisant état d’un autre soit-transmis de la part du même Procureur de la République nous sont parvenues.
En effet, un agent de Service de Recherche et d’investigation (SRI) nous a joint pour faire état de ce que le service a été enjoint d’interroger la victime d’escroquerie au sujet d’une plainte pour atteinte à l’honneur. Jointe au téléphone, celle-ci n’a pas souhaité se prononcer, priant seulement que sa cargaison lui soit restituée, conformément aux promesses du Procureur. Il serait reproché à la victime le fait d’avoir ébruité l’escroquerie dont elle a été l’objet, puisque le soit-transmis parle de dénonciation calomnieuse. Or, dame Olga Mensah est loin d’être un enfant de chœur en matière d’escroquerie.
Nous avions écrit que la cargaison de biscuit devrait arriver au port de Lomé mi-juillet, selon les assurances données. Le Procureur Essolizam Poyodi avait répondu à un de nos collègues qui l’a joint au téléphone que la commande arriverait le 10 octobre 2016. Mais sans que la victime ne soit entrée en possession de sa marchandise évaluée à près de 12 millions de FCFA, et sans qu’une instruction ne soit ouverte, voilà que par une alchimie dont le Procureur seul aurait la recette, la victime se retrouve dans la peau d’accusée pour atteinte à l’honneur. Comme quoi, ici c’est Togo. A moins que le ministre de la Justice, Pius Agbetomey ne sorte de sa torpeur et tape du poing sur la table, tout est fait pour « protéger » dame Olga Mensah et « terroriser » la victime.
Aux dernières nouvelles, la victime aurait été contrainte par le Procureur d’accepter le reste de la cargaison, même si le compte n’y est pas. Vous vous demandez si le Procureur prend la défense de la dame ? Bonne interrogation, puisque celui-ci aurait assuré à celle-là que la cargaison était sous bonne garde de la Gendarmerie nationale. Mais des sources nous ont informé que c’est au domicile de l’escroc présumé que le reste de la marchandise se serait trouvée. Pire, son avocat, Me Lazare Soussoukpè aurait demandé 150.000 FCFA à la victime avant l’enlèvement du reste de la marchandise au motif que cette somme représenterait les frais d’entreposage. Comment alors peut-on vérifier la conformité de la commande avec le montant ? Et c’est surtout le silence de l’avocat de la victime qui intrigue. Soit dit en passant, l’avocat de l’escroc aurait menacé de porter plainte contre le journal, du fait de l’ébruitement de cette affaire dans notre parution N° 2284. On attend toujours cette plainte.
Mais tout porte à croire que la cargaison dont sa cliente aurait déjà vendu une bonne partie, ne serait pas la propriété de la victime. Selon une correspondance dont nous avons eu copie, un autre « associé » à dame Olga aurait remis de l’argent pour une autre commande de biscuits et celui-ci, las d’espérer l’arrivée de sa marchandise, se déciderait à porter plainte contre elle. La preuve en est que c’est depuis juillet que la cargaison de la victime devrait arriver, ce qui n’a pas été le cas. En plus, un avis d’opération de virement indique effectivement que dame a reçu courant août 2016 une somme de 4000 euros pour une commande de biscuits. Si elle a décidé de vendre une grande partie de la cargaison alors qu’un contrat en bonne et due forme signé entre elle et sa victime stipule que la marchandise devrait être entreposée dans un lieu de commun accord, elle n’a qu’à tout vendre et régler sa victime puisque la marchandise n’étant plus sous bonne garde de la Gendarmerie, comme l’a affirmé le Procureur de la République.
Il est constant que les magistrats du parquet relèvent du ministère de tutelle. Il est tout aussi vrai que l’une des raisons pour lesquelles certains juges rechignent à quitter les tribunaux de première instance tient au fait qu’étant en contact direct avec les justiciables, ils peuvent biaiser les décisions de justice selon leur humeur ou en raison de leur accointance avec une des parties en conflit. Nous sommes dans ce cas où dame Olga Mensah, convaincue d’escroquerie, un délit que, selon un agent ayant assisté à son interrogation dans les locaux du SRI, elle a reconnu, a réussi à retourner le parquet de Lomé en sa faveur. Ne nous demandez surtout pas comment !
L’un des reflets de la démocratie est sans doute l’état de la justice dans un pays. Mais si des quidams peuvent se permettre, de par leur position, de tordre le cou au droit au nez et à la barbe des premiers responsables, sans que ceux-ci n’osent lever le petit doigt, alors il y a problème. A moins que l’actuel ministre, qui plus est, un homme du corps, ne se décide à arrêter l’unilatéralisme de certains magistrats qui tiennent mordicus à s’incruster à leur poste afin de mieux tisser leur toile. Il serait temps qu’ils aillent voir ailleurs ! Et cela vaut également pour le président du Conseil supérieur de la magistrature qui est plus prompt à sauter sur des dossiers vides qu’à sanctionner de vrais magistrats indélicats. Dans ce dossier, il se dessine une situation de conflit d’intérêt au Procureur de la République. Et si le droit tarde à être dit, obligation nous sera faite d’appeler un chat un chat. Parce que dame Olga Mensah ne serait pas à son coup d’essai. Affaire à suivre de près.
Source : Abbé Faria, Liberté N°2334 du Mardi 06 Décembre 2016

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