Le 06 février dernier, la Haute Autorité
de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) a pris la décision de
retirer les fréquences à LCF et à City FM au motif que ces organes n’ont
obtenu aucune autorisation régulière d’installation et d’exploitation
auprès de la Haute Autorité.
Pour ceux qui connaissent un tant soit peu le dossier, il est en effet
patent que les deux chaînes n’ont pas satisfait aux exigences encadrant
l’obtention de fréquences radiophoniques dans notre pays et n’ont dès
lors pas signé de conventions avec la HAAC précisant leurs cahiers de
charges. Il est aussi un secret de polichinelle que l’arrivée de ces
médias s’est faite dans des conditions encore floues, voire opaques,
dénoncées en son temps, par la presse. C’est d’ailleurs pour cela que
les différentes initiatives prises pour éviter la fermeture des deux
stations, l’ont été de façon discrète et les plaidoyers en faveur d’une
poursuite des activités, fondés non pas sur le droit mais sur la
nécessaire préservation de l’espace de liberté. C’est aussi pour cela
que les intervenants dans le dossier, ont suggéré pour la plupart, que
les concernés évitent des postures ou déclarations, susceptibles d’être
vues comme établissant un rapport de force ou créant les conditions d’un
affrontement par médias ou réseaux interposés, avec instrumentalisation
de la situation.
Cependant, en choisissant de procéder à la fermeture de LCF et de City
FM, alors même qu’à notre sens, les discussions multiformes ne sont pas
encore épuisées, la HAAC n’a laissé guère de chance à la possibilité
d’une solution qui préserve l’espace de libre expression ainsi que
l’emploi. Même sans avoir été régulière à sa naissance, LCF s’est
installée dans le paysage médiatique togolais depuis bientôt 10 ans,
constituant l’une des chaînes les plus regardées. Elle contribuait à la
diversité et au pluralisme médiatique et proposait certaines émissions
de qualité, qui avaient leurs publics. Au surplus, après avoir laissé
presqu’une décennie une situation de fait, exister sans aucun problème,
aucune urgence n’imposait que le couperet tombe aussi rapidement. La
mesure est d’autant plus amère qu’elle signifie pour plusieurs dizaines
de confrères et autres petites mains, la fin d’une belle aventure, pire,
l’inscription au chômage.
Elle est aussi annonciatrice d’une période de tensions entre la HAAC et
les professionnels de médias, à l’heure où justement plusieurs questions
cruciales se posent à la corporation qui nécessiteraient une synergie
d’actions et d’initiatives, mais dans un climat de sérénité. Le Togo,
dans ce contexte, va également devoir s’attendre à être épinglé sur le
plan international comme prédateur de la presse, fondée ou pas que fût
la décision sur le plan administratif ou juridique.
Le pays devra aussi se résoudre à perdre probablement des points dans le
classement annuel de Reporters sans Frontières, tout comme auprès des
différents mécanismes d’évaluation de la situation de la liberté de
presse dans le monde. Et sans doute dans le processus pourtant bien
engagé du Millenium Challenge Account. C’est dire donc que le coût du
retrait des fréquences sera cher payé pour des gains aléatoires. Il est
encore temps de récupérer la situation en permettant aux deux chaînes,
de régulariser leur dossier. C’est ce que les Sénégalais ont fait au
départ d’Abdoulaye WADE, dont le régime avait laissé s’installer des
médias en violation de la législation en vigueur. Ceux-ci ont été
invités tout simplement à régulariser leur situation, suite aux
interventions des organisations de presse.
Il y a une bonne leçon à tirer de cet évènement. Quel que soit notre
niveau de pouvoir et quelle que fut notre influence, ayons l’humilité et
le réflexe citoyen de respecter scrupuleusement les textes. Nul en
effet ne lit l’avenir.
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