Saturday, August 31, 2013

TOGO:: Le pouvoir reprend ses manœuvres d’intimidation des populations

.Les ministres Gilbert Bawara et Yark Damehame à la manette altLes élections constituent souvent des occasions données à un pays de prendre un nouveau départ dans sa destinée. Mais nombre d’analystes avaient prédit bien avant les élections législatives, que le scrutin n’allait rien changer à la situation politique et que les quinze mois qui séparent le pays de la présidentielle de 2015 allaient être toujours mouvementés. De toute vraisemblance, le pouvoir s’en rend compte et entreprend déjà des manœuvres pour tenir en respect les populations et ainsi dissuader toute velléité contestataire. C’est ce que le commun des observateurs voit à travers un communiqué d’une inopportunité et d’une curiosité absolues des ministres de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales, et de la Sécurité et de la Protection civile en date du 21 août. Les termes du communiqué « Il nous a été donné de constater ces derniers temps que certains individus, à l’occasion des manifestations publiques à travers le territoire national, se livrent à la destruction et à la dégradation des infrastructures et édifices publics et s’attaquent aussi aux biens privés. Il en a été ainsi lors des manifestations publiques ponctuées de troubles à l’ordre public organisées à Lomé, Dapaong et Niamtougou. Ces manifestations ont occasionné d’importants dégâts matériels, des exactions ainsi que des dégradations d’infrastructures publiques, la destruction, le pillage et l’incendie de commissariats. Récemment à Kétao, les affrontements entre deux groupes religieux rivaux ont occasionné, entre autres, un nombre élevé de blessés, de destructions de maisons d’habitations, de boutiques ainsi que des motos et vélos. Les importants dégâts enregistrés sont la plupart du temps des faits d’individus mal intentionnés qui, n’ayant rien à voir avec lesdites manifestations, en profitent pour commettre des actes crapuleux. Au regard des incidents enregistrés et face aux conséquences néfastes qui en découlent, notamment les dégradations et destructions des édifices publics et privés, le recours systématique aux actes de vengeances et d’intolérance, les ministres en charge de l’Administration territoriale et de la Sécurité tiennent à rappeler à toute la population que le droit et la liberté de manifester ne sauraient en aucun cas être synonymes de casses et de destructions. Les individus qui, sous le couvert de manifestations publiques, ne visent qu’à assouvir leurs intentions délictueuses, doivent s’attendre à répondre de leurs actes devant la loi. Les instructions fermes ont été données aux forces de sécurité pour identifier et appréhender dorénavant les auteurs de ces actes répréhensibles. Les deux ministres invitent tout initiateur ou organisateur des manifestations publiques, à prendre toutes les dispositions pour préserver quelles que soient les circonstances, la paix sociale, la quiétude et la sécurité afin d’éviter toute sorte de destruction et de dégradation privée et toute atteinte à l’intégrité physique du citoyen ». Une sortie drôlement inopportune Des communiqués officiels lus au cours du journal sur la TVT (officiellement sur satellite s’il vous plaît, mais c’est toujours un grand « Bientôt disponible » qui vous accueille sur la bande réservée à TV Togo sur le décodeur), c’est un rituel. Mais il faut avouer que celui du mardi 21 août dernier signé de Gilbert Bawara et de Yark Damehame est bien curieux. La logique voudrait que la sortie soit suscitée par des faits récents. Mais le communiqué servi mardi aux Togolais souffre d’une inopportunité à crever les yeux. Les deux ministres pointent du doigt « des manifestations publiques ponctuées de troubles à l’ordre public organisées à Lomé, Dapaong et Niamtougou » qu’ils auraient constatés « ces derniers temps ». Alors même que ces événements relevés se sont produits il y a bien longtemps. A titre de rappel, les événements de Dapaong (ayant abouti à l’assassinat de deux élèves, Anselme Sinandare et Douti Sinanlengue) visés se sont déroulés en avril 2013, et ceux de Niamtougou en mai, à la suite de violences sur un professeur. Quant à Lomé, les dernières manifestations heurtées ont eu lieu à la fin de ce même mois. Le plus récent des événements soulignés par les deux ministres, ce sont les violences intercommunautaires qui ont lieu à Kétao le vendredi 9 août dernier au lendemain de la fête du Ramadan. Mais ici, il ne s’agit nullement de manifestations à connotation politique ou de revendication sociale ; elles sont nées de différends religieux. Et en plus, les protagonistes ne s’en sont nullement pris aux biens publics. En tout cas, on prend à témoin le communiqué officiel rendu public le 14 août, soit cinq jours après les événements, par le ministre de la Sécurité et de la Protection civile. Yark Damehame n’a parlé que d’« affrontements ayant opposé deux groupes rivaux de la communauté musulmane de la localité et qui ont entraîné des blessés et des destructions des biens privés ». Nulle part il n’a été fait état de dégradation de biens publics. Pourquoi ces événements peuvent-ils alors être cités dans ce communiqué ? Pourquoi avoir attendu si longtemps pour faire une pareille sortie ? Il faut le dire, elle est inopportune à plus d’un titre. Maintenir une chape de plomb et dissuader les contestations C’est visiblement le grand enjeu de cette sortie ou l’objectif visé par les deux officiels. Pour les observateurs avisés, il s’agit de faire passer un message de fermeté (« Les individus qui sous le couvert de manifestations publiques ne visent qu’à assouvir leurs intentions délictueuses, doivent s’attendre à répondre de leurs actes devant la loi. Les instructions fermes ont été données aux forces de sécurité pour identifier et appréhender dorénavant les auteurs de ces actes répréhensibles »), intimider et créer la peur permanente chez les populations, maintenir une sorte de chape de plomb. Toutes choses qui ont pour finalité de les dissuader de participer aux éventuelles manifestations de contestation du pouvoir. Il fallait coûte que coûte faire passer le message pour maintenir le plus longtemps possible le calme précaire qui règne après les élections législatives, malgré les fraudes et le vol à ciel ouvert du pouvoir pour s’octroyer la majorité à l’Assemblée nationale. Et aucune occasion appropriée ne se présentant, les gouvernants se sont vus obligés de se rabattre sur des faits qui se sont déroulés bien longtemps pour le faire passer. « Les Togolais peuvent facilement comprendre leur état mental qui consiste à dire que désormais, avec la prétendue victoire de l’Unir et la mise en place de la nouvelle Assemblée, ils n’ont plus peur de rien. Ils peuvent alors intimider les Togolais jusqu’à la veille de nouvelles élections où ils recommenceront à marcher sur les œufs avec eux. C’est tout simplement lâche et irresponsable », peste le confrère togoinfos.com, et d’ajouter : « Il est important de rappeler aux dirigeants du Togo qu’un pays se gère sur la base des principes et des lois prédéfinis. Lorsqu’un citoyen est réellement en infraction, il tombe sous le coup de la loi sans commune mesure et ce, à tout moment. Il est inconcevable que le pouvoir guette des occasions où il retrouve un peu de souffle pour faire son show et qu’il se recroqueville dans sa tour d’ivoire quand il se voit en situation de faiblesse, laissant le peuple à son triste sort où des policiers ou gendarmes peuvent ouvrir le feu sur de petits enfants sans que personne ne lève le petit doigt. Les Togolais demandent à avoir un pouvoir qui a de la constance et de la cohérence dans les actes qu’il pose au sommet de l’Etat ». Tino Kossi via liberte hebdo togo

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