Togo, Port Autonome de Lomé : Trafic en berne et Profonde désaffection. Malgré les « gros » investissements engagés pour son agrandissement.
La santé financière du Port autonome de Lomé
(PAL) est-elle au beau fixe ? Pas sûr, au regard de la Note de
Conjoncture du 1er trimestre 2016. Malgré les investissements engagés
pour son agrandissement, le PAL peine à attirer les opérateurs
économiques qui préfèrent accoster dans des ports voisins. Les mesures
anti-économiques y seraient pour beaucoup dans cette chute des recettes. Lome Contenainer Terminal, Port Autonome de Lomé | Infog : RT / 27avril.com
Dans la dernière note de conjoncture du 1er trimestre 2016, il est
établi que le trafic portuaire total s’établit à 3.137,4 milliers de
tonnes contre 3.680,9 milliers de tonnes au dernier trimestre 2015 et
3.866,1 milliers de tonnes un an plus tôt, soit une diminution
respectivement de 14,8% et 18,8%.
Du point de vue des marchandises débarquées au premier trimestre
2016, la quantité débarquée au PAL s’élève à 1.171,9 milliers de tonnes,
en régression de 24,4% et 40,0% respectivement par rapport au trimestre
précédent et à la même période de 2015. Et pour expliquer ces chutes,
la Direction de l’Economie estime que « la régression des marchandises
débarquées en variation trimestrielle est imputable à la baisse des
importations des produits alimentaires, des matériaux de construction et
des autres produits respectivement de 27,5%, 21,6% et 53,2%. La baisse
en glissement annuel s’explique essentiellement par le recul de
l’importation des produits pétroliers, des matériaux de construction et
du transit respectivement de 75,9%, 14,6% et 22,9% ». Marchandises débarquées Source : Liberté
S’agissant des marchandises embarquées au premier trimestre 2016,
elles ont augmenté de 51,8% par rapport au quatrième trimestre 2015 pour
s’établir à 271,8 milliers de tonnes. En glissement annuel, elles sont
en hausse de 0,5%. La quantité des produits agricoles exportés s’établit
à 101,2 milliers de tonnes, soit une progression de 138,7% et 10,2%
respectivement en variation trimestrielle et en glissement annuel. Tonnage moyen par navire Source : Liberté
Le transbordement et les navires accostés faisant partie intégrante
des activités du PAL, le transbordement de marchandises s’établit à
1.693,7 milliers de tonnes au premier trimestre 2016, en régression de
13,2% par rapport au trimestre précédent et en progression de 3,1% par
rapport à la même période de 2015. Le nombre de navires ayant accosté au
PAL au premier trimestre 2016 s’est chiffré à 335, en régression de
6,9% et 0,6% respectivement en variation trimestrielle et en glissement
annuel. Sur la même période, le tonnage moyen par navire est de 9,4
milliers de tonnes, en baisse de 8,4% et 18,4% respectivement en
variation trimestrielle et en glissement annuel.
Voilà en quoi se résument les activités au PAL au 1er trimestre 2016.
Et lorsqu’on se rappelle les investissements colossaux engagés pour son
agrandissement, et la mise en place des mesures de l’Office togolais des recettes (OTR) pour booster les activités, il y a lieu de se poser des questions sur la pertinence de ces mesures.
En analysant le graphe des marchandises débarquées depuis le 1er
trimestre 2011, c’est-à-dire bien avant l’avènement de l’OTR et des «
réformes », jamais le PAL n’a enregistré pareille baisse. Et quand on
réalise que c’est après la construction du 3ème Quai et de Lomé Container Terminal (LCT)
que ces résultats sont enregistrés, il est légitime de se demander les
études de rentabilité qui ont été menées avant la mise en chantier de
ces travaux. Caricature : Donisen Donald / Liberté
L’OTR était censé catalyser les recettes douanières et fiscales, mais
ses réformes brutales et sans adhésion de la part des opérateurs
économiques font que ceux-ci préfèrent débarquer leurs produits sous
d’autres cieux plus cléments. On n’en veut pour preuve que la
participation du Togo à l’essor de l’économie éburnéenne. En effet, un
article du Financial Afrik du 13 juillet 2016 fait ressortir que le Togo
figure parmi les premiers pays qui concourent à l’amélioration du
guichet unique ivoirien. « Les investissements enregistrés au CEPICI,
l’agence gouvernementale de promotion des investissements, au premier
semestre ont bondi de 25% à 219 milliards FCFA, par rapport aux six
premiers mois de 2015. L’information a été donnée ce mardi au cours de
la conférence animée par Emmanuel Essis, le directeur général de
l’agence. Le fait notable est que hormis le secteur privé local qui
représente 31% de ces investissements, le Togo devient le principal
investisseur étranger au guichet du CEPICI avec 18% des ressources,
détrônant le Maroc (qui recule à 15%) et la France (7%). Suivent ensuite
le Sénégal (6%), l’Ile Maurice (4%) et le Liban (3%). Globalement, 80%
des investissements enregistrés sur la période proviennent du continent,
relèvent les chiffres du CEPICI », lit-on.
Quand on se penche sur le tonnage moyen, il apparaît dans le tableau
que depuis le 1er trimestre 2015, les chiffres sont en augmentation et
sont en moyenne de 10 mille tonnes alors qu’ils tournaient en dessous de
8 mille tonnes auparavant. Dans des conditions normales de pressions et
de températures, ce tonnage moyen devrait rejaillir sur les quantités
de marchandises, mais les chiffres de ces marchandises indiquent que ce
n’est pas tant la moyenne des tonnages, ni la quantité de navires ayant
accosté que la régularité des navires et leur remplissage qui
importent. Puisqu’au 1er trimestre 2015, le nombre de navires était de
337 et de 335 à la même période un an plus tard ; et pourtant, la
quantité de marchandises est passé de 3.866,1 milliers de tonnes en 2015
à 3.137,4 milliers de tonnes au 1er trimestre de 2016. Soit une chute
de 18,84%.
L’OTR serait-il devenu l’épouvantail qui ferait fuir les opérateurs
économiques? Tenez, en janvier 2014, les importations de marchandises
étaient estimées à 347,40 milliers de tonnes pour 71,9 milliers de
marchandises exportées. Le pic a été atteint en mars de la même année
avec 394,8 milliers de tonnes pour 77,9 milliers de marchandises
exportées. Même après le plein déploiement des services de l’OTR, ce pic
n’est toujours pas dépassé. C’est à croire que cet office, au lieu de
dynamiser l’économie togolaise, la plombe plutôt. Si les informations en
notre possession s’avéraient, alors des services au sein de
l’administration togolaise seraient aussi en train de fuir le PAL pour
faire débarquer leurs marchandises dans d’autres ports voisins afin de
voir les frais y afférents réduits. A quand donc le plein régime promis
au lancement au forceps de l’OTR qui, après avoir mis sur le carreau des
centaines d’agents, peine à engranger les ressources et à élargir
l’assiette fiscale ? Si au moins les émoluments des agents, y compris le
Commissaire général, et les infrastructures de l’office étaient alignés
sur les performances à réaliser, on comprendrait. Malheureusement, le
salaire ne varie pas, que ce soit en temps de vache maigre ou de vache
grasse, laquelle tarde à se profiler à l’horizon. Et les infrastructures
fleurissent dans l’enceinte de l’OTR et dans toutes les localités au
point que certaines autorités ont mis leurs immeubles en location à
l’OTR. Et dire que le désormais ex-ministre avait fait croire qu’avec
cet outil, les finances du Togo retrouveraient les couleurs.
Source : Godson K., Liberté avec 27 avril
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