Togo : La Zone Franche togolaise, orpheline des revendications sociales ?
Lorsque le Président de la République
reconnaissait dans son discours que c’est une « minorité qui
s’accapare » des richesses de l’Etat, les Togolais attendaient qu’il
prenne des mesures draconiennes à l’encontre de ces groupes qui
possèdent des intérêts importants dans les industries ou usines
extractives implantées par des expatriés tant sur le territoire douanier
que dans la zone franche. Caricature : Donisen Donald / Liberté
Ces sociétés sont si énormes qu’elles dominent certains des organes
constitutionnels du gouvernement. Leur puissance économique, pour le
bien ou pour le mal, est si grande qu’elles peuvent exercer une
pression ou même un véritable contrôle sur le Parlement à majorité
présidentielle et leur influence se fait sentir même devant les
juridictions du pays.
En effet, la rapidité du développement de l’industrie togolaise et la
puissance de ceux que l’on appelle les « barons du régime des
Gnassingbé » et qui en sont les maîtres, empêchent des mesures efficaces
d’être prises pour assurer la sécurité et le niveau de vie des
travailleurs d’usine. Il faut reconnaitre que la législation
industrielle togolaise est for en retard sur celle du Ghana et de la
Guinée, et les statistiques révèlent une proportion incroyable
d’accidents de travail dans certaines industries. Les cas les plus
récents sont les décès d’une ouvrière de la Société sud-coréenne de
production de mèches (NINA) et d’un responsable d’équipe de Togo Rail.
Dans un passé récent, plusieurs accidents ont été enregistrés à
l’usine de cimenterie indienne (WACEM) à Tabligbo et dans bien
d’industries installées dans la zone franche. Dans les cinq dernières
années, un ouvrier sur dix a été victime d’un accident quelconque, et
sur cent, quinze de ces accidents ont été mortels. Dans les industries
minières de phosphate de Hahotoé et de clinker de Tabligbo, de 2004 à
2014, on a enregistré chaque année cent cinquante accidents dont un sur
quatre cents, mortel. Dans les usines installées dans la zone
industrielle portuaire, les machines ne sont pas pourvues de dispositifs
de protection, pourtant prévus dans le code du travail togolais.
Tel est l’état de choses devant lequel les Centrales Syndicales
togolaises se trouvent depuis des lustres, sans pouvoir y trouver des
solutions. Tout porte à croire que la législation industrielle y est
encore plus élastique que dans les pays voisins de la sous-région. Il
est déplorable que certains secrétaires généraux de certaines Centrales
et des inspecteurs de travail soient résignés devant l’ampleur de la
situation exécrable que vivent les ouvriers et travailleurs dans ces
milieux industriels. Le comble, c’est que d’autres ouvriers sont exposés
à l’amiante ou aux substances toxiques utilisées dans la fabrication
des produits cosmétiques.
D’après nos investigations, les revendications de ces ouvriers
togolais sont souvent heurtées à la triste réalité du pays, celle d’une
complicité notoire de ces groupes mafieux politico-militaires du régime
des Gnassingbé avec ces patrons esclavagistes expatriés. On dit même que
les autorités proches du régime perçoivent des pots-de-vin auprès de
ces opérateurs qui s’arrogent le droit de narguer nos compatriotes lésés
dans leurs droits.
La question que l’on se pose est celle-ci : « Le régime de Faure
Gnassingbé se soucie-t-il vraiment des conditions de vie et du travail
des Togolais » ? Rien n’est moins sûr. D’ailleurs, les faits nous
donnent raison. Il suffit de voir la misère ambiante dans laquelle
baignent les travailleurs togolais dans l’indifférence totale des
dirigeants, pour qu’on se rende compte du drame social au Togo.
Les Syndicats qui doivent défendre les intérêts de leurs adhérents se
livrent à une guerre de leadership. Aujourd’hui, il faut se rendre à
l’évidence que la position prédominante qu’occupe la Synergie des
Travailleurs Togolais (STT) se manifeste au cours de cette grève en
faveur de la satisfaction totale des revendications contenues dans sa
plateforme. Le succès de ce mouvement doit être mis à l’actif de ce
regroupement de travailleurs nouvellement devenu centrale syndicale. Les
anciennes centrales en l’occurrence la CNTT, la CSTT, UGSL, la CGT,
l’UNSIT sont obligées d’emboîter le pas de la STT qui révolutionne le
monde syndical au Togo. De tout ce qui précède, il est important que les
conflits syndicaux s’éclipsent pour laisser la place à une unité
d’actions syndicales pour le bien être des travailleurs togolais.
Les ouvriers des secteurs industriels et miniers doivent attirer
l’attention des responsables syndicaux, car les patrons de ces
structures, non seulement, empoisonnent la vie des riverains mais
également imposent à leurs ouvriers l’exploitation de l’homme par
l’homme qui exclut d’emblée les droits élémentaires de ces ouvriers à
savoir la protection sociale et la sécurité sociale, pourtant garanties
par le code du travail et surtout la Constitution togolaise.
Source : Angelo G., Corps Diplomatc Togo avec 27 avril
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