Togo : Suite de l’affaire d’escroquerie par Olga Mensah : Le Procureur de la République Essolissam Poyodi change de veste et délivre un soit-transmis contre la victime
Doit-on rendre la justice en se fondant sur des
considérations personnelles, ou en se limitant aux faits ? Dans une
affaire d’escroquerie, d’abus de confiance, de faux et usage de faux
ayant révélé que dame Olga Mensah est tout sauf une femme digne de confiance, le Procureur de la République Essolizam Poyodi avait délivré un soit-transmis qui a vu cette femme conduite par devant lui. L’escroc Olga Mensah et son « protecteur » le procureur de la République Essolissam Poyodi | Infog : 27avril.com
Essolissam Poyodi demanderait à la victime d’accepter une marchandise incomplète, même si le compte n’y est pas.
Mais aux dernières nouvelles, nous apprenons que, non seulement le
délai promis par le Procureur pour permettre à la victime de rentrer en
possession de la cargaison de biscuits est passé sans résultat, mais en
plus un soit-transmis délivré par le même Procureur contre la victime a
donné pouvoir aux agents du SRI d’interpeller celle-ci. Motif invoqué, «
atteinte à l’honneur de l’escroc ». Aux dernières nouvelles, l’escroc
aurait déjà déversé une cargaison de biscuit sur le marché avant de
laisser à disposition de la victime le reste de la marchandise sous
évaluée. Pourquoi cette affaire ne va-t-elle pas en instruction et
pourquoi le ministre de la Justice qui a en charge la gestion du parquet
ne dit rien, tout comme le président du Conseil supérieur de la
magistrature? 26
septembre 2016. Dans notre parution N°2284, nous avions révélé sous le
titre : « Escroquerie, faux et usage de faux,…Olga Mensah arrêtée pour
escroquerie puis relaxée par un capitaine au SRI », la procédure par
laquelle cette femme a réussi à escroquer d’une dizaine de millions de
FCFA à une victime qui a eu le malheur de lui faire confiance. Dans
cette affaire, la Rédaction a pris langue avec le Procureur de la
République, Essolizam Poyodi pour en savoir davantage.
Dans les explications de celui-ci, il est ressorti que « le dossier est
en cours », mais l’assurance donnée par le représentant du parquet de
Lomé était que la cargaison de biscuits, objet de l’arnaque, devrait
arriver au port de Lomé le 10 octobre dernier. Malheureusement à ce
jour, aucune trace de cette fameuse cargaison. On en était là quand des
informations faisant état d’un autre soit-transmis de la part du même
Procureur de la République nous sont parvenues.
En effet, un agent de Service de Recherche et d’investigation (SRI)
nous a joint pour faire état de ce que le service a été enjoint
d’interroger la victime d’escroquerie au sujet d’une plainte pour
atteinte à l’honneur. Jointe au téléphone, celle-ci n’a pas souhaité se
prononcer, priant seulement que sa cargaison lui soit restituée,
conformément aux promesses du Procureur. Il serait reproché à la victime
le fait d’avoir ébruité l’escroquerie dont elle a été l’objet, puisque
le soit-transmis parle de dénonciation calomnieuse. Or, dame Olga Mensah
est loin d’être un enfant de chœur en matière d’escroquerie.
Nous avions écrit que la cargaison de biscuit devrait arriver au port
de Lomé mi-juillet, selon les assurances données. Le Procureur
Essolizam Poyodi avait répondu à un de nos collègues qui l’a joint au
téléphone que la commande arriverait le 10 octobre 2016. Mais sans que
la victime ne soit entrée en possession de sa marchandise évaluée à près
de 12 millions de FCFA, et sans qu’une instruction ne soit ouverte,
voilà que par une alchimie dont le Procureur seul aurait la recette, la
victime se retrouve dans la peau d’accusée pour atteinte à l’honneur.
Comme quoi, ici c’est Togo. A moins que le ministre de la Justice, Pius Agbetomey
ne sorte de sa torpeur et tape du poing sur la table, tout est fait
pour « protéger » dame Olga Mensah et « terroriser » la victime.
Aux dernières nouvelles, la victime aurait été contrainte par le
Procureur d’accepter le reste de la cargaison, même si le compte n’y est
pas. Vous vous demandez si le Procureur prend la défense de la dame ?
Bonne interrogation, puisque celui-ci aurait assuré à celle-là que la
cargaison était sous bonne garde de la Gendarmerie nationale. Mais des
sources nous ont informé que c’est au domicile de l’escroc présumé que
le reste de la marchandise se serait trouvée. Pire, son avocat, Me Lazare Soussoukpè
aurait demandé 150.000 FCFA à la victime avant l’enlèvement du reste de
la marchandise au motif que cette somme représenterait les frais
d’entreposage. Comment alors peut-on vérifier la conformité de la
commande avec le montant ? Et c’est surtout le silence de l’avocat de la
victime qui intrigue. Soit dit en passant, l’avocat de l’escroc aurait
menacé de porter plainte contre le journal, du fait de l’ébruitement de
cette affaire dans notre parution N° 2284. On attend toujours cette
plainte.
Mais tout porte à croire que la cargaison dont sa cliente aurait déjà
vendu une bonne partie, ne serait pas la propriété de la victime. Selon
une correspondance dont nous avons eu copie, un autre « associé » à
dame Olga aurait remis de l’argent pour une autre commande de biscuits
et celui-ci, las d’espérer l’arrivée de sa marchandise, se déciderait à
porter plainte contre elle. La preuve en est que c’est depuis juillet
que la cargaison de la victime devrait arriver, ce qui n’a pas été le
cas. En plus, un avis d’opération de virement indique effectivement que
dame a reçu courant août 2016 une somme de 4000 euros pour une commande
de biscuits. Si elle a décidé de vendre une grande partie de la
cargaison alors qu’un contrat en bonne et due forme signé entre elle et
sa victime stipule que la marchandise devrait être entreposée dans un
lieu de commun accord, elle n’a qu’à tout vendre et régler sa victime
puisque la marchandise n’étant plus sous bonne garde de la Gendarmerie,
comme l’a affirmé le Procureur de la République.
Il est constant que les magistrats du parquet relèvent du ministère
de tutelle. Il est tout aussi vrai que l’une des raisons pour lesquelles
certains juges rechignent à quitter les tribunaux de première instance
tient au fait qu’étant en contact direct avec les justiciables, ils
peuvent biaiser les décisions de justice selon leur humeur ou en raison
de leur accointance avec une des parties en conflit. Nous sommes dans ce
cas où dame Olga Mensah, convaincue d’escroquerie, un
délit que, selon un agent ayant assisté à son interrogation dans les
locaux du SRI, elle a reconnu, a réussi à retourner le parquet de Lomé
en sa faveur. Ne nous demandez surtout pas comment !
L’un des reflets de la démocratie est sans doute l’état de la justice
dans un pays. Mais si des quidams peuvent se permettre, de par leur
position, de tordre le cou au droit au nez et à la barbe des premiers
responsables, sans que ceux-ci n’osent lever le petit doigt, alors il y a
problème. A moins que l’actuel ministre, qui plus est, un homme du
corps, ne se décide à arrêter l’unilatéralisme de certains magistrats
qui tiennent mordicus à s’incruster à leur poste afin de mieux tisser
leur toile. Il serait temps qu’ils aillent voir ailleurs ! Et cela vaut
également pour le président du Conseil supérieur de la magistrature qui
est plus prompt à sauter sur des dossiers vides qu’à sanctionner de
vrais magistrats indélicats. Dans ce dossier, il se dessine une
situation de conflit d’intérêt au Procureur de la République. Et si le
droit tarde à être dit, obligation nous sera faite d’appeler un chat un
chat. Parce que dame Olga Mensah ne serait pas à son coup d’essai.
Affaire à suivre de près.
Source : Abbé Faria, Liberté N°2334 du Mardi 06 Décembre 2016
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