En décidant de reporter de près d’un mois
la rentrée scolaire de Pâques 2015, le gouvernement togolais a avancé
des raisons sécuritaires pour justifier une décision manifestement
impopulaire. Cependant, cette mesure cache mal une volonté de fermer
durablement la porte du dialogue direct avec la Centrale STT (Synergie
des travailleurs du Togo).
De toute vraisemblance, ce n’est pas pour demain que la STT et le
Gouvernement togolais vont de nouveau s’asseoir autour d’une même table
de discussions. La faute surtout à un exécutif qui ne conçoit pas
l’enclenchement de nouveaux rounds de discussion avec la STT en aparté,
loin des six autres Centrales syndicales existant au Togo. Et pourtant,
c’est à cette exigence que tient depuis un mois la STT, fermement
soutenue par une base grandissante, contre vents et marrées.
Reporter la rentrée des classes d’un mois est une occasion en or pour
les autorités togolaises de couper l’herbe sous le pied des
syndicalistes de la STT. Dans leur entendement, les mouvements de grève
que lancent régulièrement la STT (et récoltant de massives adhésions)
depuis le début de l’année 2015 prennent plus dans les hôpitaux et les
écoles que dans d’autres secteurs. De ce fait, museler les écoles
signifierait isoler la STT.
Une tactique qui ne devrait pas être payante
En faisant de la STT un ennemi presque juré, les hautes autorités de
l’exécutif togolais étalent sans ambages leur manque de volonté de ne
pas apprécier à sa juste valeur la réelle cause de la crise sociale qui
couve au Togo de façon exacerbée depuis 2012.
Avec un taux de pauvreté touchant encore 58% des populations togolaises
alors même que les signaux macroéconomiques de leur pays sont au vert et
que de nouvelles perspectives s’offrent à l’économie togolaise, on
imagine mal le Gouvernement museler la STT en optant pour la fermeture
des écoles. « Ventre affamé n’a point d’oreille », dit l’adage ; la
majorité des Togolais, témoins de l’opulence de plus en plus insolente
dans laquelle vivent certaines personnalités de premier plan de l’Etat,
de surcroît de simples fonctionnaires, ne devraient pas fléchir durant
les jours à venir dans leurs revendications légitimes et basiques.
En voulant contenir la colère des enseignants et de la STT en confinant
le monde scolaire à la maison, le Gouvernement risque de produire le
contraire de l’effet escompté.
Quel que soit le lieu où ils se trouvent, avec ou sans écoles ouvertes,
les fonctionnaires togolais, tant qu’ils ne bénéficieront pas d’un
quotidien amélioré, vont suivre allègrement les mots d’ordre de grève de
la STT. Avec au passage de incidences perceptibles dans toute
l’Administration togolaise.
Pour leur part, inoccupés, les élèves ne devraient pas se faire prier
pour rejoindre dans les rues tout mouvement social ou politique de
contestation, si jamais les négociations STT-Gouvernement au point mort
en ce moment, se radicalisent.
Sur le plan politique, la goutte d’eau qui pourrait faire déborder le
vase, ce sont les frictions opposition-parti au pouvoir autour du
fichier électoral. La non-opérationnalisation des réformes
constitutionnelles et institutionnelles (pré-élection) a suffisamment
chauffé au blanc les positions des uns et des autres.
Affaibli par près de 15 ans de rupture de coopération avec l’étranger,
et actuellement sur la bonne voie pour redécoller, l’économie togolaise
résisterait difficilement à toute nouvelle poussée de fièvre fait d’un
cocktail revendications sociales violentes/contestations du cadre
électoral ou contestation des résultats de la présidentielle.
Afreepress
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